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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 16:18

Le Monde - 11 novembre 2011

Inma Barea (au premier plan) et Reme Barrera, employées de Limasa, n'ont toujours pas perçu leur salaire d'octobre (M.G./Le Monde.fr)

 

Jeudi 10 novembre. Inma Barea, Carmen Sanchez, Paqui Pacheco, Patrocinio Pozo sont très inquiètes : avec les 202 autres salariés de Limasa, l'entreprise de nettoyage qui les emploie à Jerez de la frontera (Andalousie), ces femmes n'ont toujours pas touché leur paye d'octobre. En attendant, il faut faire face aux dépenses, et les factures s'accumulent. Le salaire de septembre ne leur a été versé que le 31 octobre pour certaines, le 3 novembre pour d'autres, après 72 heures de grève et d'occupation nuit et jour des locaux de l'entreprise. "On ne veut surtout pas repasser un mois à blanc", explique Inma Barea. L'explication donnée par Limasa à ses salariées : la mairie de Jerez, avec laquelle l'entreprise a signé un contrat pour réaliser l'entretien des collèges et bâtiments publics de la ville (bibliothèques, mairie, équipements sportifs), a plusieurs mois de retard pour le paiement du service et Limasa ne peut plus faire face au besoin de liquidité.

 

Les deux visages de Jerez, l'un touristique, l'autre conflictuel. (M.G./Le Monde.fr)

 

Jerez de la frontera a deux visages : l'un, bien connu des touristes, est celui de ses bodegas aux effluves de sherry, son académie équestre, ses rues pavées et maisons blanchies à la chaux, qui donnent un air très seigneurial à cette ville. L'autre, est celui d'une municipalité affichant une dette de 1 milliard d'euros, qui a coupé l'électricité et le chauffage dans de nombreux équipements publics, qui paie les sociétés concessionnaires avec un, deux, voire trois mois de retard et connaît depuis plusieurs semaines des manifestations quotidiennes, occupations de la voie publique et grèves.

La liste des conflits sociaux qui agitent la ville est longue et devient explosive dans un contexte de chômage accru (31 000 chômeurs en octobre, plus de 30 % de la population active) :

  • Onda Jerez, la télévision publique locale, où une cinquantaine d'emplois sur 85 est menacée, et pour laquelle un administrateur judiciaire doit être nommé.
  • Ajemsa, chargée service d'eau potable dans la ville, et Emensa, qui gère un parc naturel dans les environs de Jerez, menacées de privatisation.
  • les 2 300 employés municipaux et 2 000 employés de sociétés concessionnaires (services de transport, d’aide à domicile, entretien) à qui les salaires sont versés au compte-gouttes et qui, dans leur grande majorité, n'ont pas touché le mois d'octobre.

A Limasa, les problèmes ont commencé en 2009, quand l'endettement de la mairie, alors aux mains du Parti socialiste, s'est fait lourdement sentir. "On nous payait le salaire le 15 du mois suivant ou le 20, raconte Inma. On avait pris l'habitude de ces retards." Exténués par la gestion calamiteuse de la maire sortante, Pilar Sanchez, les Jerezanos ont massivement voté en faveur du Partido popular (PP, droite), lors des municipales en mai dernier. Mais la nouvelle "alcaldesa" n'a guère amélioré les comptes et tous les employés directs ou indirects de la mairie s'accordent pour dire que la situation empire. "Passer un mois à blanc, comme en septembre, sans toucher un seul centime, ça ne nous était jamais arrivé", déplore Inma.

D'autant que les conditions de travail se sont détériorées ces derniers mois, pour un salaire mensuel plafonnant à 850 euros au mieux. Il y a quelques mois, les employées de Limasa avaient obtenu de passer de 40 heures hebdomadaires à une semaine de 35 heures, avec des embauches à la clé. Mais depuis, sur la douzaine de contrats signés pour combler ces 5 heures hebdomadaires, aucun n'a été renouvelé, et les salariées en CDI se retrouvent à faire des heures supplémentaires non payées. "Ces heures supplémentaires, on les doit pourtant à la sueur de notre corps", note Carmen.

"Exténuées"

A la fatigue physique s'ajoute un sentiment d'impuissance face à une entreprise qui ne les écoute pas. "On ne nous donne aucune explication, ni du côté de la mairie, ni du côté de l'entreprise. Pourtant Limasa est implantée sur tout le territoire et ne dépend pas que de Jerez. Elle a sûrement d'autres moyens pour faire face aux impayés", s'étonne Paqui Pacheco.

"On est exténuées." Reme Barrera évoque le cas de couples dont les deux membres dépendent financièrement de la municipalité et éprouvent de plus en plus de difficultés à faire face aux finances. Toutes disent : "On survit grâce au soutien de nos familles, mais celles dont les familles sont déjà très fragiles ne s’en sortent pas." Des collectes de nourriture ont été organisées pour aider les plus vulnérables, mais aucune ne veut mendier son salaire. "Nos revendications n'ont rien de fantaisistes, martèle Carmen Sanchez. Nous voulons simplement être payées pour un travail effectué. Cet argent nous appartient."

Pour faire face aux dépenses, Reme Barrera recourt au système D. (M.G./Le Monde.fr)

En attendant, les femmes de Limasa recourent au système D. Quand elle fait ses courses, Reme Barrera calcule chaque centime : "Je vois les barquettes de cuisses de poulet me faire de l'œil, mais je sais que ce n'est pas pour moi, raconte-t-elle en riant. Si j'achète du poulet, c'est un poulet entier, qui doit me faire au moins quatre repas. Des ailes jusqu'aux pattes, chaque morceau sera utilisé, y compris les os pour faire un bouillon. Et un jour sur deux, on mange des lentilles !"

Lundi 14 novembre, tous les salariés de Limasa à Jerez se réuniront pour décider de la mobilisation à venir. L'option d'une grève et d'une occupation, comme en octobre, sera discutée, même si beaucoup espèrent ne pas en arriver là. Et parce qu'elles ne perdent pas le sens de la convialité, Inma, Carmen, Paqui et les autres prévoient d'organiser un grand barbecue ce week-end dans les environs de Jerez, pour fêter le versement, avec plus d'un mois de retard, de leur salaire de septembre ! "Il faut bien qu’on se motive", rigolent-elles.

Mathilde Gérard

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