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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 16:28

 

marianne.net

Qatar : des « esclaves modernes » morts sur les chantiers de la Coupe du monde
Vendredi 27 Septembre 2013 à 16:35

 

Arthur Berdah

 

 

VIGUIER SERVANE/SIPA
VIGUIER SERVANE/SIPA

Selon des documents révélés par le quotidien britannique The Guardian, plusieurs dizaines d’ouvriers népalais seraient morts cet été sur des chantiers affectés à l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Les faits seraient survenus entre le 4 juin et le 8 août dernier. Et ce sont au moins 44 ouvriers népalais qui seraient effectivement décédés. Employés dans des conditions d’exploitation qui relèvent de l’esclavage moderne, la plupart d’entre eux étaient extrêmement précaires. Précaires, et très jeunes. Assez, d’ailleurs, pour se « tuer au travail », comme le veut la formule. Beaucoup trop, en revanche, pour en mourir réellement.

Et pourtant. La plupart de ces ouvriers, étrangers selon le Guardian, ont subi des violations multiples de normes internationales en matière de droit des travailleurs. Ils ont notamment été les cibles d’un travail forcé, parfois par 50°C, et se sont heurtés à un refus d'accès à l'eau potable, qui y est pourtant gratuite. Enfin, au terme de journées aussi longues qu’insoutenables, les ouvriers affrontent des nuits presque aussi terribles, à douze dans une seule et même chambre d’hôtel, la plupart du temps insalubre. 
 
Au Qatar,si de telles conditions peuvent être imposées aux travailleurs, c’est que les immigrés –et donc le travail à bas prix, source d’une concurrence malsaine- constituent plus de 90% de la main-d'œuvre. Le taux le plus élevé du monde. « 1,5 million d'ouvriers supplémentaires doivent être recrutés pour construire les stades, les routes, les ports et les hôtels nécessaires au bon déroulement du tournoi » rapporte par ailleurs le quotidien d’outre-Manche. 

Ce sont les Népalais qui constituent la main-d'œuvre principalement employée pour l'organisation du Mondial. Ils comptent pour 40 % des étrangers employés dans l’Émirat, et plus de 100 000 se sont encore rendus au Qatar l'an passé. Obligés de s'endetter pour s’y rendre, ces travailleurs font face à des taux d'intérêt, pour rembourser leurs emprunts, surréalistes : 36%, selon le journal. D’autant que leurs salaires sont bien souvent retenus, et payés avec plusieurs mois de retard. Un moyen de les forcer à rester sur place.
 
Ainsi, la Confédération internationale des syndicats a assuré dans les colonnes du Guardian ce jeudi que si le rythme actuel des décès venait à se poursuivre, ce sont 4000 ouvriers qui pourraient perdre la vie au travail dans l'Émirat, et ce avant même le coup d'envoi du Mondial 2022. Une situation aussi alarmante qu’inacceptable, pour la Confédération qui a aussitôt appelé à une réaction du Comité suprême Qatar 2022. « Profondément préoccupée par ces allégations visant certains prestataires et sous-traitants du site de construction de Lusail City, la structure chargée de préparer la Coupe du monde a assuré qu’elle considère la question avec le plus grand sérieux ».

Une sortie qui en a de fait entraîné d’autres, dont celle du Comité organisateur de la compétition, pour qui « la santé, la sécurité et le bien-être de tous ceux qui travaillent à la préparation de la Coupe du monde 2022 sont de la plus haute importance ». Des paroles qui, on l’espère, seront suivies d’actes.
 
Ainsi le Qatar, cette destination de rêve pour les joueurs de football en fin de carrière, où ils côtoient relaxation et opulence pendant quelques mois, s’est-elle dans le même temps transformée en une destination cauchemardesque pour ces jeunes ouvriers. De quoi se demander comment sont répartis les 200 Mds de dollars investis par la péninsule pour l’organisation du Mondial…

Vendredi 27 Septembre 2013 à 16:35

 

Arthur Berdah

 

 

VIGUIER SERVANE/SIPA
VIGUIER SERVANE/SIPA

Selon des documents révélés par le quotidien britannique The Guardian, plusieurs dizaines d’ouvriers népalais seraient morts cet été sur des chantiers affectés à l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Les faits seraient survenus entre le 4 juin et le 8 août dernier. Et ce sont au moins 44 ouvriers népalais qui seraient effectivement décédés. Employés dans des conditions d’exploitation qui relèvent de l’esclavage moderne, la plupart d’entre eux étaient extrêmement précaires. Précaires, et très jeunes. Assez, d’ailleurs, pour se « tuer au travail », comme le veut la formule. Beaucoup trop, en revanche, pour en mourir réellement.

Et pourtant. La plupart de ces ouvriers, étrangers selon le Guardian, ont subi des violations multiples de normes internationales en matière de droit des travailleurs. Ils ont notamment été les cibles d’un travail forcé, parfois par 50°C, et se sont heurtés à un refus d'accès à l'eau potable, qui y est pourtant gratuite. Enfin, au terme de journées aussi longues qu’insoutenables, les ouvriers affrontent des nuits presque aussi terribles, à douze dans une seule et même chambre d’hôtel, la plupart du temps insalubre. 
 
Au Qatar,si de telles conditions peuvent être imposées aux travailleurs, c’est que les immigrés –et donc le travail à bas prix, source d’une concurrence malsaine- constituent plus de 90% de la main-d'œuvre. Le taux le plus élevé du monde. « 1,5 million d'ouvriers supplémentaires doivent être recrutés pour construire les stades, les routes, les ports et les hôtels nécessaires au bon déroulement du tournoi » rapporte par ailleurs le quotidien d’outre-Manche. 

Ce sont les Népalais qui constituent la main-d'œuvre principalement employée pour l'organisation du Mondial. Ils comptent pour 40 % des étrangers employés dans l’Émirat, et plus de 100 000 se sont encore rendus au Qatar l'an passé. Obligés de s'endetter pour s’y rendre, ces travailleurs font face à des taux d'intérêt, pour rembourser leurs emprunts, surréalistes : 36%, selon le journal. D’autant que leurs salaires sont bien souvent retenus, et payés avec plusieurs mois de retard. Un moyen de les forcer à rester sur place.
 
Ainsi, la Confédération internationale des syndicats a assuré dans les colonnes du Guardian ce jeudi que si le rythme actuel des décès venait à se poursuivre, ce sont 4000 ouvriers qui pourraient perdre la vie au travail dans l'Émirat, et ce avant même le coup d'envoi du Mondial 2022. Une situation aussi alarmante qu’inacceptable, pour la Confédération qui a aussitôt appelé à une réaction du Comité suprême Qatar 2022. « Profondément préoccupée par ces allégations visant certains prestataires et sous-traitants du site de construction de Lusail City, la structure chargée de préparer la Coupe du monde a assuré qu’elle considère la question avec le plus grand sérieux ».

Une sortie qui en a de fait entraîné d’autres, dont celle du Comité organisateur de la compétition, pour qui « la santé, la sécurité et le bien-être de tous ceux qui travaillent à la préparation de la Coupe du monde 2022 sont de la plus haute importance ». Des paroles qui, on l’espère, seront suivies d’actes.
 
Ainsi le Qatar, cette destination de rêve pour les joueurs de football en fin de carrière, où ils côtoient relaxation et opulence pendant quelques mois, s’est-elle dans le même temps transformée en une destination cauchemardesque pour ces jeunes ouvriers. De quoi se demander comment sont répartis les 200 Mds de dollars investis par la péninsule pour l’organisation du Mondial…

 

 

 

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