Le groupe PSA Peugeot Citroën «ne supprimera pas d'emplois», annonçait il y a un an Eric Besson, le ministre de l'Industrie. Un an après, le groupe vient d’annoncer l’arrêt de son usine d’Aulnay-sous-Bois en 2014 et la suppression de 8 000 emplois en France. Cette annonce couperet met fin à un feuilleton d’un an, ponctué d’annonces gouvernementales dont aucune n'aura pu changer le destin des ouvriers d'Aulnay. Retour sur un an de déclarations politiques sur le dossier PSA.
La polémique éclate, Fillon et Besson tentent d'éteindre l'incendie
Scandale parmi les employés de PSA. La CGT déclare s’être procurée un document de travail interne du groupe automobile qui évoque la fermeture des usines d’Aulnay (Seine-Saint-Denis) et de Sevelnord (Nord) courant 2014. Les deux sites employaient à eux deux 6 200 personnes. Dans la foulée, le ministre de l’Industrie de l’époque, Eric Besson, reçoit Philippe Varin, président de PSA; pour éclaircir les choses. «Il m’a rassuré», déclare Eric Besson après leur entrevue. «Philippe Varin ne me l’a pas confirmé, il m’a clairement indiqué l’inverse», assure alors le ministre évoquant la fermeture des deux sites.
«Lorsqu'hier matin, j’ai découvert ce document de travail dans la presse, je me suis dit qu’en toute hypothèse, il aurait été inacceptable pour les pouvoirs publics», insiste le ministre, avant d’ajouter : «Nous ne pouvons pas imaginer qu’après avoir aidé de façon très importante l’industrie automobile […] ils envisagent une délocalisation.»
Interrogé sur le sujet, François Fillon se veut lui vindicatif : «Je lui redirai [P. Varin] que, compte tenu des aides très importantes que le gouvernement français a apportées à l’industrie automobile française, il n’accepterait pas et ne comprendrait pas» que ces entreprises «ne soient pas redevables à la nation qui les a aidées.»
Automne 2011
«PSA ne prévoit aucun licenciement», Besson circonscrit l’incident
27 octobre, nouveau fracas du côté de chez PSA. Le groupe vient de rendre public un plan d’économies prévoyant notamment une réduction de ses effectifs européens. Interrogé à plusieurs reprises sur le sujet lors des questions au gouvernement, Eric Besson confirme l’information, mais se veut une nouvelle fois rassurant. «Philippe Varin m’a confirmé qu’aucun plan de licenciement ou de départs volontaires n'était envisagé à ce jour, avance le ministre. La présence industrielle de PSA, en France, et notamment à Aulnay et Sevelnord, n’est pas remise en cause.» Eric Besson remet le couvert le 16 novembre, affirmant : «Il n’y a pas de plan social. PSA ne prévoit aucun licenciement ni aucun plan de départ volontaire.»
Le président Nicolas Sarkozy monte lui aussi au créneau sur le dossier PSA et appuie son ministre sur le fait qu’il «n'y aura pas de plan social chez PSA».
Printemps 2012
Sarkozy veut «sauver le site d’Aulnay»
Le géant américain de l’automobile General Motors et PSA Peugeot Citroën annoncent un accord économique à la fin février. Eric Besson saisit alors l’opportunité pour rassurer sur le maintien d’emplois dans les usines de PSA. «Je me suis assuré auprès de Philippe Varin, président du directoire de PSA, que ce partenariat sera favorable à l’emploi et à la présence en France de PSA». Un message qui se veut rassurant, mais aucune mention spécifique pour les usines d’Aulnay ou Sevelnord.
C’est en avril que Nicolas Sarkozy, président-candidat, évoque à nouveau le dossier, affichant la ferme intention de défendre le maintien de l’usine d’Aulnay. «Je me suis engagé à voir le président de PSA et à tout faire pour qu’on puisse sauver le site d’Aulnay », lance-t-il lors d’un déplacement. Il n’a jamais à nouveau évoqué le dossier de façon sérieuse par la suite.
Hollande hérite d’un dossier empoisonné
Au lendemain de l’élection de François Hollande à la présidence de la République, une étude commandée par Eric Besson quand il était encore ministre sur l’avenir de la filière automobile en France précise le sort de l’usine PSA d’Aulnay. Le message est clair : «Pour ce qui concerne le site de PSA à Aulnay, l’engagement pris par le groupe PSA est de construire la C3 jusqu’en 2014. En revanche, aucun nouveau modèle n’est programmée sur le site d’Aulnay après cette date.» Autrement dit, rien n'assure que le site ne fonctionnera après 2014.
François Hollande, qui avait lui aussi promis qu’il s’occuperait de cette affaire une fois élu, hérite donc d’un dossier empoisonné.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé jeudi 12 juillet que le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg présentera un plan de soutien automobile le 25 juillet prochain.
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