Printemps arabes, indignés de l'ancien et du nouveau monde : quel est le dénominateur commun tabou ?
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28/10/2011 à 13h06 - mis à jour le 28/10/2011 à 16h25
Pas de chance. L'autre jour, en me rasant et en écoutant la radio, je me rends compte que François Fillon me chipe la reconnaissance du faux pas, de la bourde étonnante de François Hollande dont ce dernier nous gratifia au soir du deuxième tour des primaires socialistes. Ayant semé Martine Aubry dans la dernière ligne droite, il annonce devant les micros qu'il veut «réenchanter le rêve français». De quoi s'agit-il et que faut-il attendre d'une formule aussi creuse que magique ? Tentons de décrypter.
Pour tous les individus qui peuplent la planète au premier rang de laquelle, évidemment, il faut bien mettre nos pâturages de moins en moins verts, purs ou impurs chauvins de l'Hexagone que nous sommes, entendrions-nous bien de nos escourdes françoises qu'un certain M. Hollande resterait malgré toute sa bonne volonté serf ambitieux du capitalisme, un baron servile à l'égard des puissants sous des allures de mou de la gauche molle ? Lorsque j'emploie le terme de puissants, vous excuserez ma simple et ridicule franchise : une marionnette peut bien montrer sa puissance, mais tant que les fils qui décidaient du lieu de sa représentation ne sont pas coupés par le marionnettiste. Ni plus ni moins. Le supérieur hiérarchique peut être considéré par son subordonné comme inférieur à lui : l'important, dans le cadre de la marmite sociale où nous mijotons ensemble, c'est de ne pas lui dire.
Non, pour revenir à Hollande, je bondis et je sors de mes gonds. Cette formule employée par l'ancien secrétaire du Parti socialiste est le saccage de toute dignité sociale conférée à un particulier, qu'il soit ouvrier zingueur, étudiant en médecine ou philosophe libertin et libertaire aux antipodes de notre BHL national. Je pense même que cette dignité à recouvrer en ce monde imparfait ne peut s'interdire les parages de nos petits ou grands bonheurs, si rares, obscurément ténus dans l'existence ! De réenchantement du rêve, je crois que nous n'avons nullement besoin, sauf à nous faire les propagandistes éhontés du maintien du statut impérial et totalitaire du grand Capitalisme (ni Martin Heidegger ni Franz Neumann ne me démentiraient, je pense).
Ce n'est point le rêve qui a besoin d'être réenchanté, mais la réalité et le monde du travail. Réenchanter le rêve, quelle injure, quel coup de peinture sophistiqué sur les lambris d'une jeunesse qui étouffe et qui voit davantage que M. Hollande où sont les vraies valeurs. Mériteraient-elles d'être hissées tout en haut de l'affiche? La réponse est oui. Mais il est certain qu'elles terniraient ou nettoieraient définitivement les idéaux passés, ringards des générations précédentes. Un mauvais feu idéologique s'estompe. La patience de Prométhée avait des limites et nous éprouvons justement l'espace humain de ces limites ! Pour ma part, j'attends ce moment avec une dévotion étrangement acquise aux générations qui viendront après moi. Je bous d'une impatience tellurique pour vivre ce moment de voir le basculement définitif des idéaux moribonds qui happèrent notre humanité et leurs transformations en quelque chose de plus affectueux pour l'humanisme que beaucoup préconisaient mais n'avaient pas la force de remorquer jusqu'aux ambages d'une vie sociale commune améliorée. Certes, jamais véritables révolutions ne se sont faites pacifiquement. C'est bien dommage. Cela rappelle, s'il en était besoin, que l'homme a des faiblesses immenses dans ses façons d'agir et qu'il ne peut jeter la pierre, si l'on peut dire, à l'animal. Après tout, ne dit-on pas à hue et à dia que l'homme est un loup pour l'homme ?
Ne nous y trompons pas. Ne tentons pas d'être faussement naïfs, comme ces politiques auxquels nous remettons délégations et force mandats pour nous représenter selon les régimes et les institutions perfectibles du moment. Ce qui est parvenu jusqu'à nous sous ce beau nom de printemps arabe, le mouvement européen qui continue d'ébranler sa cohorte sous cette appellation d'indignés, son équivalence américaine qui campe à côté de Wall Street, génère un ras-le-bol immodéré des conditions sociales qui ont prévalu jusque-là pour la jouvence florissante des modéles économiques en vigueur. La Grande dépression outre-atlantique avait sonné un premier glas. L'on attendait le tsunami ! Le voilà. Les jeunesses en ont marre de répondre aux schémas traditionnels du marché et de voir leurs compétences, égrénées en années d'étude, mises à mal, avilies, saccagées par des secteurs économiques entiers aux dépens du veau d'or monétaire et de la concurrence idiote et toujours plus frénétique. Ne serait-elle pas en train, cette jeunesse multiple, de fabriquer une révolte aussi intense et bénéfique que celle qui s'empara de la jeunesse américaine, sur le campus des universités, contre la guerre du Viêtnam ?
L'envisme contre le capitalisme. Ce néologisme, je l'invente exprès pour ma démonstration. Socialement, cette jeunesse n'est-elle pas, dans son ensemble, avide de collaborer à une hygiène sociale efficace, intercontinentale puisque les échanges sont aujourd'hui mondialisés à une vitesse extrême (le fameux progrès), incluant la nécessité, contre l'usage économique en cours, de travailler uniquement si l'on en a envie (parfois), si l'on se sent à la fois utile à soi et aux autres, prenant conscience de ne plus être une simple monnaie d'échange pour des trusts et des compagnies d'un pays étranger soucieux de faire grossir le portefeuille de leurs actionnaires ? Les jeunesses sont en train, grâce aux réseaux sociaux, de donner un autre visage, une autre jeunesse à la formule de Karl Marx : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ». Ce monde qu'ils inventent n'est déjà plus le nôtre. Faut-il alors, par une impure capture de ressentiments, les en priver, leur faire valoir des modèles économiques dont les signaux sont au rouge incandescent ?
Le capitalisme du président de la République française, M. Nicolas Sarkozy, est mort. Le capitalisme des prédécesseurs du président actuel des États-Unis d'Amérique, M. Barack Hussein Obama est maintenant en état de mort clinique et cérébral. Et que dire de la Chine, n'ayant pas su, pas pu ou pas voulu inventer autre chose et qui rentra dans le rang, comme un chien au logis de son maître, d'une économie de marché assassine pour l'avancée de l'humanité en son véritable progrès ?
Le système capitaliste est mort. Vive le pouvoir que la jeunesse brandit partout pour s'en défaire !
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