Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Lakshmi Mittal est réputé auprès des ouvriers de son groupe Arcellor-Mittal pour ne pas tenir ses engagements. Cela ne veut pas dire qu’il ment toujours et sur tout. Ainsi lorsqu’il assure au Figaro du 13 décembre : « Je n’ai pas eu l’impression quand j’étais avec le président de la République qu’il était très partant pour nationaliser Florange », il confirme, hélas, les mensonges que nous dénonçons dans Marianne (Lire notre édition du 8 décembre et celle à paraître le 15) .
>> Lire : La nationalisation comme arme de dissuasion massive
« L’impression » de Lakshmi Mittal nous dit en un mot ce que nous écrivons : ni François Hollande, qui avait pourtant prononcé le mot juste avant de recevoir le patron de l’acier à l’Elysée, ni Jean-Marc Ayrault qui a même oublié comment on l’écrit, ne voulaient du projet de « nationalisation temporaire » d’Arnaud Montebourg, et Matignon avait manœuvré pour l’empêcher.
Une capitulation d’autant plus dommageable que les preuves de la faisabilité de l’opération s’accumulent : une note du service juridique de Bercy estimant que c’est « la meilleure solution » pour Florange; une autre du Fonds stratégique de d’investissement chiffrant la charge à 450 millions d’euros pour l’Etat au lieu du « milliard » claironné par Jean-Marc Ayrault (et 650 millions selon le cabinet du Premier ministre qui avait mal lu ses notes…), la présence d’une troisième investisseur potentiel auprès de Bernard Serin et Serverstal; enfin une note interne du sidérurgiste, révélée par la CFDT prouvant que les hauts fourneaux lorrains, promis à la casse dans l’accord entre le gouvernement et Arcelor-Mittal, sont parmi les plus compétitifs d’Europe.
Même si elle est compliquée et comporte une part de risque (mais quelle OPA ne l’est pas ?) la nationalisation temporaire a une rationalité économique, celle de substituer à une grand groupe mondialisé et financiarisé qui gère ses établissements en fonction du rendement le plus élevé possible des capitaux engagés (la fameuse norme des 15% de retour sur investissement), un autre industriel qui peux se contenter d’un taux de profit moindre, celui nécessaire néanmoins à l’investissement…
Remettre de la concurrence là où il y a monopole privé de l’acier. Ce que fait l’Allemagne qui face à Mittal soutient le groupe Thyssen-Krupp ! Contrairement à l’idée reçue, la « nationalisation temporaire » n’est donc pas un retour aux « vieilles lunes » de la gauche étatiste, mais l’ébauche d’un capitalisme tempéré par les nécessités de la production.
Le Front de gauche l’analyse comme une mesure de droite et promeut la nationalisation définitive de Florange. Hélas, nous n’aurons l’occasion de tester ni l’une ni l’autre pour trancher ce débat… Le gâchis -industriel et politique- c’est maintenant.