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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Pourquoi brûler des déchets nucléaires à faible activité ?

Restaurateur, Xavier Denamur*, est un « citoyen concerné par la défense de l'intérêt général ». Il a découvert avec effroi, à l'occasion de l'accident de Marcoule, ce qui advenait des déchets faiblement radioactifs. Dans cette lettre, il interpelle le président de la République.

Monsieur le Président,

L'explosion le 12 septembre 2011 d'un four servant à brûler des déchets à faible et très faible activité, dans une usine appartenant à la société Socodei, filiale des groupes EDF, sur la commune de Codolet (Gard) m'a interpelé.

Combien de personnes savaient que l'on brûlait des déchets radioactifs en France ? Je pensais comme la majorité de mes concitoyens que ces déchets de faible et très faible activités étaient enfûtés et stockés dans un centre de stockage de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (l'Andra).

Comme vous aviez montré aux Français pendant la campagne présidentielle de 2007 que vous ne maîtrisiez pas vraiment ce dossier, je me permets à nouveau de vous prodiguer quelques conseils de bon sens.

Dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, si on ne peut que déplorer un décès et quatre blessés, dont un grave, parmi les salariés de l'entreprise et chercher à comprendre les causes de l'accident principalement pour la sécurité du personnel, on devrait surtout se demander pourquoi on brûle des déchets radioactifs et quelle conséquence cela a-t-il en terme de santé public ?

Des émissions chroniques inquiétantes

Je m'interroge sur une telle stratégie industrielle :

  • Peut-être les opérateurs de la filière nucléaire ont t-ils voulu faire quelques économies ou l'Andra a t-elle des problèmes de place pour stocker les déchets faiblement ou très faiblement actifs ?
  • Est-ce également pour des raisons économiques que la ministre de l'Environnement de l'époque a signé l'autorisation d'incinérer des déchets radioactifs étrangers ? Je comprends pourquoi dans sa tribune, Corinne Lepage ne s'interroge que sur le dépassement « des limites » en se référant l'autorisation en date du 7 mai 1998 sans remettre en cause cette activité.
  • Même si une enquête a été ouverte pour déterminer les cause de l'accident du 12 septembre, une autre enquête indépendante approfondie sur la stratégie du traitement des déchets nucléaires ne devrait-elle pas être envisagée rapidement ?
  • En effet, quelle est cette manie de vouloir brûler des déchets pour s'en débarrasser ou tout du moins pour en réduire le volume, de surcroît des déchets radioactifs ? En effet, c'est plus sur les émissions chroniques, à savoir notamment les fumées rejetées quotidiennement, que sur une situation accidentelle qui présente un risque ponctuel principalement pour les salariés d'une telle activité industrielle, que mes interrogations se portent contrairement à ce que l'ensemble des médias rapportent sur cette histoire.

Vous ne pouvez ignorer monsieur le Président que la radioactivité n'est pas éliminée par l'incinération mais est au contraire disséminée dans l'atmosphère pour partie, et concentrée pour le restant dans les cendres, les mâchefers, les filtres et les installations elles-mêmes.

En outre, le nombre de déchets est augmenté par la contamination de ces installations, fours et accessoires, alors que les déchets incontournables pour faire fonctionner les centrales nucléaires ont déjà du mal à être traités, et le mot est faible.

Des effets sur la santé encore mal connus

Les effets du cumul de faibles doses radioactives reçues par les êtres vivants ne sont pas encore appréhendés. Vous pourrez même lire sur Wikipédia dans une fiche particulièrement bien documentée que « Globalement, l'effet exact de ces faibles doses d'irradiations, ainsi que la relation dose-effet associée, sont encore des questions ouvertes. »

Alors pourquoi autoriser même de faibles rejets dans l'air qui contribuent à un risque sanitaire non quantifiable à ce jour, puisqu'il peut être fait autrement avec un enfouissement au sein d'un confinement localisé ? Déjà pour les incinérateurs de déchets ménagers, nous avons pu voir le seuil réglementaire de rejet en dioxines diminuer au fil de la compréhension de leur impact sanitaire.

Sans être expert en la matière mais simplement en cherchant sur internet, on peut découvrir en quoi consiste le Centre nucléaire de traitement et de conditionnement de Codolet, et les autorisations auxquels il est soumis. Une enquête publique et un avis du Conseil départemental de l'environnement, des risques sanitaires et Technologiques (CODERST) ont bien entendu validé ces autorisations. Mais nous, citoyens, avons-nous perçu le moindre débat chez nos politiques sur une telle stratégie d'élimination de déchets radioactifs ? Avez-vous monsieur le Président déjà pris face aux Français la parole sur ce sujet ? Je n'en ai pas souvenir.

Ce sujet mérite un vrai débat, monsieur le Président

Monsieur le Président, la première question n'est plus de savoir si ce type de traitement est un gain pour l'environnement mais d'arrêter cette activité mal maîtrisée. La seconde question à laquelle vous ou les candidats à la présidentielle devraient répondre sans attendre n'est plus de savoir si l'on sort ou pas du nucléaire mais à quelle échéance on en sera sorti.

Puisque le CEA s'appelle désormais Commissariat à l'énergie atomique aux énergies alternatives (sic), ses grosses têtes du pourraient être recyclées pour nous trouver des moyens de stocker l'électricité produite par les énergies renouvelables. Des progrès formidables ont été réalisées pour les batteries de nos téléphones en quelques années, alors pourquoi pas à plus grande échelle ?

Maintenant que vous êtes informé, je saurais gré monsieur le Président de prendre toutes les dispositions afin que les industriels de la filière nucléaire cessent de brûler certains de leurs déchets et que vous initiez un véritable débat sans a priori idéologique sur l'avenir de la filière nucléaire en France

Je vous prie, monsieur le président de croire en l'expression de mes salutations distinguées.

*Xavier Denamur est actionnaire minoritaire de Rue89

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