Par Challenges.fr
Hostile à l'instauration d'un salaire minimum imposé à l'ensemble des entreprises allemandes, la chancelière justifie son refus en pointant du doigt les dégâts du SMIC dans les autres pays.
Plus de 8 Allemands sur 10 estiment qu'Angela Merkel fait plutôt bien son travail. François Hollande ne satisfait qu'un quart des Français. (PEDERSEN/ALL OVER PRESS NORWAY/SIPA)
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Pour Angela Merkel, le salaire minimum n'a de sens que négocié branche par branche. La chancelière allemande a donc redit ce jeudi 18 avril son opposition ferme à un salaire plancher généralisé, dans un entretien au quotidien populaire Bild Zeitung.
Et pour justifier son refus, elle n'a pas hésité à tacler les pays qui, comme la France, ont instauré un Smic. C'est, selon Angela Merkel, la "raison" qui explique que "de nombreux pays en Europe ont un taux de chômage bien plus élevé que chez nous, du fait que les salaires et le rendement ne sont pas en rapport".
Un argument qui peut faire mouche auprès de l'électorat alors qu'avec un taux de 6,9%, l'Allemagne connaît actuellement un chômage proche de son niveau le plus bas depuis la Réunification en 1990. Dans son interview, la chancelière insiste d'ailleurs sur le fait qu'en Allemagne, "l'inégalité des revenus a décru ces dernières années parce que jamais depuis 20 ans, le nombre de personnes bénéficiant d'un travail n'a été aussi élevé".
Flexibilité par région
Le nein définitif d'Angela Merkel à "un salaire minimum généralisé imposé par les politiques" intervient en pleine campagne électorale. Début mars, grâce à un changement de majorité, le Bundesrat, qui représente les seize Etats régionaux, a approuvé une proposition de loi du SPD visant à instaurer un salaire minimum horaire de 8,50 euros, applicable dans tout le pays.
Le Bundestag, chambre basse du parlement allemand, où les partis de la coalition gouvernementale conservatrice et libérale ont la majorité, doit se encore pencher sur ce projet de loi qui, selon toute vraisemblance, sera rejeté.
En Allemagne, il n'existe pas de salaire minimum applicable à tous les salariés, mais les partenaires sociaux ont la possibilité d'en fixer, région par région et secteur par secteur: c'est déjà le cas pour le BTP, le personnel d'entretien ou encore les peintres en bâtiment.
Pour pallier les éventuelles dérapages dans certains métiers, les conservateurs (CDU et branche bavaroise CSU) de Angela Merkel veulent introduire un salaire minimum obligatoire dans les secteurs qui en sont encore dépourvus.
(Avec AFP)