Source : entreprise.lexpress.fr
Frédéric Boissière, patron de l'entreprise Boissière et Fils est un patron modèle, qui veille à la qualité de vie de ses salariés.
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Semaine de quatre jours, mutuelle, paniers repas, chèques vacances, plan d'épargne salariale... Les employés de Boissière et Fils bénéficient de dispositions qui font dire à l'un d'eux, Florian Graffoulière, recruté en 2010 par cette PME de menuiserie et de construction en ossature bois: "Je n'irais pas chercher ailleurs".
Pour leur patron Frédéric Boissière, 33 ans, faire du social, en dehors de correspondre à l'esprit familial, "ça rapporte plus que ça ne coûte".
L'entreprise créée par son père en 1982 à Saint-Beauzély, à une quinzaine de kilomètres de Millau, ne faisait travailler que quatre personnes (y compris son père et lui) en 2005 quand elle a vendu sa première maison, à un maçon qui n'en pouvait plus du béton. Ils sont une vingtaine aujourd'hui. Le chiffre d'affaires augmente de 20 à 30% chaque année.
M. Boissière a été désigné artisan de l'année 2012 par la revue professionnelle Artisans mag'. Il a reçu mercredi 4 décembre 2013, un prix national des Chambres de métiers, lui qui n'est certainement "pas né chef d'entreprise", qui a gravi les échelons par l'apprentissage et qui se fait fort à son tour de former ses futurs collaborateurs. Les Chambres de métiers décrivent en lui un "modèle" de gestion des ressources humaines.
M. Boissière se sent à contre-courant quand il défend que "c'est l'entreprise qui est au service des salariés, et non le contraire", et que des salariés "concernés" sont des salariés productifs. "C'est vrai que les chantiers avancent plus vite", atteste Loran Nicolardot, un de ses hommes.
M. Boissière dirige l'entreprise à l'affectif et à la confiance. Son père, son frère, sa femme, son cousin y travaillent. Ses collègues ont été ses copains de sport. C'est l'amour du matériau et non pas le sens du commerce qui l'a conduit à se lancer dans la maison en bois, dans une région où l'on aime la pierre. Lui qui court le marathon en moins de trois heures parle volontiers de "l'empreinte carbone" que laisse son activité professionnelle sur l'environnement.
Ses partis pris sont autant de raison que de coeur. Bannir les bois exotiques et faire certifier que ses produits sont recyclables à 95% sont aussi des arguments de vente. Répartir les 35 heures sur quatre jours au lieu de cinq épargne à l'entreprise des frais de déplacement. Le patron y gagne son vendredi pour démarcher les clients, même s'il déplore ne plus mettre la main au marteau et à la fausse équerre.
En cas de surcharge de travail, il demande aux "gars" de travailler le vendredi et les paie en heures supplémentaires. Il met un point d'honneur à les payer convenablement. "Chez moi, il n'y a personne au SMIC", s'enorgueillit-il. Il y va aussi de la reconnaissance du métier, dit-il.
Les salariés sont preneurs. Le personnel a 30 ans de moyenne d'âge. Beaucoup s'installent. Leur réactivité est un atout face à la crise, avec des carnets de commandes de quelques mois, la concurrence des grands groupes ou des auto-entrepreneurs, les exigences des banques et une clientèle qui "consomme désormais de la maison individuelle comme un produit de consommation courante".
M. Boissière s'émeut des charges pesant sur les heures supplémentaires, de toutes les formes de concurrence déloyale et de recours à une main d'oeuvre "low cost".
Militant actif de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), il manifestait fin octobre avec des centaines de collègues sur le viaduc de Millau pour réclamer une TVA à 5,5% sur tous les travaux de rénovation des logements.
Lui et quelques autres ont passé la nuit au poste après avoir été pris en train de peindre les ronds-points de Millau du slogan "Attention un jour ça va péter".
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