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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 16:34
Rue89 - Tribune 14/04/2012 à 09h46
 

Philippe Poutou et Olivier Besancenot en meeting à Paris, le 12 avril 2012 (Gonzalo Fuentes/Reuters)

 

Sitôt passée l’émission de France 2 « Des paroles et des actes », on a vu fleurir tweets et articles présentant Philippe Poutou comme un ovni. C’est vraiment manquer de culture politique. Si Poutou est un objet volant – ou du moins un peu planant –, il est tout à fait identifié. Sa galaxie d’origine, c’est la galaxie Krivine et ses innombrables (et souvent brillants) satellites.

S’il est une qualité qu’on prêtera volontiers à la LCR (on me pardonnera de continuer à employer l’appellation historique du NPA, je suis sans doute trop vieux pour changer), c’est de ne manquer ni de créativité ni de suite dans les idées.

Poutou sera-t-il aussi culte que Besancenot ?

Avec une admirable constance, la LCR vient encore de mettre sur orbite une belle trouvaille, sans doute appelée à devenir aussi culte que l’ont été le facteur Besancenot ou les pique-niques sauvages chez Leclerc.

Le produit de l’année – qui n’en finit pas de nous rejouer, émission après émission, un remake réussi de « Monsieur Smith au Sénat » – s’appelle Philippe Poutou. Un joli coup qui répond à deux obsessions anciennes de la mouvance trotskiste : la constante mise à jour de son image et la quête d’une « authentique » identité ouvrière.

« C’est quoi l’idée ? », avait coutume de demander le fameux publicitaire Philippe Michel, lui-même ancien compagnon de route des situationnistes. L’idée, c’est créer régulièrement de nouvelles passerelles entre un corpus marxiste par définition un peu figé et la mentalité – mouvante – de l’époque. Remarquable travail d’adaptation au temps qui passe qui suppose de capter, comme peu savent le faire, les aspirations, les goûts, les modes, le vocabulaire des nouvelles générations.

La LCR, c’est le Gainsbourg de la politique

Ce que Pujadas releva assez finement quand il fit observer au candidat du NPA que son parti ne s’en prenait jamais à la société de consommation – « justement, on aimerait bien consommer ! » répondit Poutou.

On aurait pourtant tort de croire que le matérialisme historique serait devenu un matérialisme tout court. Il a simplement besoin, pour rester vivant (sinon vivace), de faire corps avec son époque et de paraître toujours à l’aise dans ses baskets.

La LCR, c’est un peu le Serge Gainsbourg de la politique.

A chaque fois qu’on croit qu’elle appartient définitivement au passé, elle ressuscite avec une nouvelle figure et à peine le temps de dire « ouf », c’est déjà nous (nous les commentateurs, les journalistes, les politiciens mainstream...) qui apparaissons ringards.

Une dialectique sophistiquée et ingénue

« Les trotskistes », expliquait il y a quelques années Basile Karkinski à Christophe Nick, « ont une prétention ridicule : être l’état-major d’une révolution sans troupes. » Tous les efforts de Poutou et de ses « copains » visent à faire mentir l’allégation.

Pour cela, il leur faut sans cesse agréger de nouvelles bonnes volontés, fraîches, combatives, disposées à animer les luttes présentes et futures dont émergera – peut-être – une société enfin affranchie du joug des rapports de production. C’est cela, l’idée de la candidature Poutou.

Le bilan de ses décennies d’activisme révolutionnaire apparaît bien incertain. Mais dans l’intervalle – et la prestation télévisée du réparateur de chez Ford en est un très beau témoignage –, la LCR aura formé des générations de cadres à manier avec dextérité une dialectique d’autant plus sophistiquée qu’elle prend les atours de la plus ingénue naïveté.

Sauf, d’ailleurs, quand on commence à parler boutique (typiquement : « faut-il s’allier avec le Front de Gauche ? ») : dans ces moments-là, curieusement, les presque trente ans d’expérience militante de Philippe Poutou semblent revenir au galop.

La propriété n’est pas absolue, même chez Hume

Le plus étonnant avec le candidat du NPA, c’est qu’il en fait tellement pour apparaître léger et spontané que plus personne ne semble plus en mesure de soupeser le poids du bagage (historique, philosophique, politique...) qu’il porte.

Témoin, cet échange avec l’inénarrable Nathalie Saint-Cricq, qui fait mine de s’effaroucher de ses projets de réquisitions. Incroyable, un trotskiste qui nous parle de réquisitions ! Encore une qui n’a pas lu les points 7, 8 et 9 du programme de transition.

Qu’est-ce que j’aurais aimé que Poutou lui réponde que la propriété privée, eh bien ce n’était pas forcément quelque chose d’absolu, même d’ailleurs pour certains grands précurseurs du libéralisme économique (pour un David Hume, une simple « fiction utile »)...

Mais c’eût été mettre en œuvre une culture devenue indésirable et risquer d’instaurer avec les téléspectateurs une distance que le candidat n’a de cesse de vouloir abolir.

 

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