Recette :
Peuple en ruine à la sauce Troïka
Prenez un pays plutôt rural, sans réserves minières si possible. Vérifiez bien qu’il ait une ferme solidarité familiale et villageoise, des services publics proches du peuple (c’est un signe de fraîcheur).
Organisez des élections, mettez à sa tête une, voire deux familles de politiciens héréditaires. Une c’est plus simple mais deux permet d’alterner opportunément, une présentation attrayante c’est aussi le secret d’un bon plat. Choisissez les bien véreux.
Placez ce pays dans une union douanière et politique assez vague au départ, mélangez légèrement les comptes, on y arrive sans peine surtout si l’on peut se procurer des mixers financiers de bonne qualité (On en trouve de très bons chez Goldman et Sachs, rue du Mur à New-York).
Garnissez le plat abondamment, mettez-y tout ce que vous pouvez. Ce n’est pas toujours aisé, puisqu’il faut un peuple plutôt frugal au départ mais c’est bien là l’art de la cuisine. De grands jeux sportifs, des ventes d’armes sophistiquées ou de systèmes informatiques compliqués et inefficients, sont d’excellentes idées mais il y en a d’autres, faites preuve de créativité. Veillez soigneusement à assurer l’impunité des vendeurs par des lois adéquates.
Laissez mijoter quelques temps tout en faisant évoluer lentement les règles de l’union douanière et politique. Brouillez le tout soigneusement au fur et à mesure.
Quand la sauce prend modifiez rapidement les règles de l’union douanière et politique. Elle doit se figer en zone monétaire à règles strictes et contraignantes. Normalement l’agriculture est déjà ruinée, les habitants désolidarisés, les familles dispersées aux quatre vents.
Pendant la cuisson veillez à bien arroser en permanence et généreusement de larges rasades d’emprunts à gros taux. Ne mégottez pas, c’est la sauce qui fait le plat.
Emincez soigneusement les salaires, saupoudrez généreusement de taxes.
Il reste à retirer les services publics, mais pas trop vite ni trop tôt pour éviter un goût de lacrymogène trop prononcé.
Quand la dette déborde, c’est prêt, il ne reste plus qu’à se servir à la louche et finir de déguster à la petite cuillère.
Accompagnez d’un bon rézina bien frais.
Bon appétit
Mon truc : il faut au départ un peuple pas trop gras, élevé au soleil et au grand air. Stressé pendant l’élevage il devient trop coriace. S’il a une jeunesse bien diplômée inutilisée ce sera encore plus goûteux ! Avant de servir, dressez soigneusement la police, si vous avez bien mitonné les taux de chômage vous trouverez sans peine dans le plat des gens prêts à faire n’importe quoi.
Tasers et Flash-ball égailleront agréablement les convives, pensez-y !
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