Source : www.marianne.net
C’était en janvier 2010. Il y a presque cinq ans, jour pour jour, la Grèce demandait une assistance technique au Fonds monétaire international (FMI), quelques mois après que Georges Papandréou, Premier ministre de l’époque, révèle les vrais chiffres du déficit hellène : 12,7 % du PIB, au lieu des jusqu’ici « officiels » 6 %.
Dès lors, un parfum d'austérité parcourait lentement, mais sûrement, les travées du pouvoir. En Septembre 2011, le vice-Premier ministre et ministre des Finances grec, Evangelos Venizélos, déclarait ainsi que les défaillances du pays « ne sont pas un problème d'intentions mais de capacité, d'habitudes, de structures (...). Heureusement que nous sommes sous contrôle, car cela nous permet d'avoir du "self-control", et nous sauve. »
Du « self control », la Grèce en avait effectivement besoin, puisque celle-ci a appliqué scrupuleusement les six plans formulés par la fameuse Troïka (FMI, Commission européenne, Banque centrale européenne), en échange des 240 milliards d’euros versés par cette dernière, en seulement quatre ans. Au menu : des réformes structurelles d'ampleur, dont notamment la suppression de 150 000 emplois dans le secteur de la fonction publique.
On pourrait sans aucun doute faire de l’idéologie, en soulignant que l’austérité est un passage obligé pour la Grèce, surtout que « ça a marché » en Allemagne. Regardons donc, tranquillement mais objectivement, les résultats de l’austérité appliquée en Grèce, cinq ans après les pare-feux de la Troïka. Ce qui permettra très vite de s’apercevoir que le sauvetage est plutôt digne du Titanic…
Premier détour par les chiffres du chômage : 7,5 % en 2009, contre 28 % en 2014, soit près de 2 grecs sur 3, et une augmentation de 373,5 %... D’autant que ce taux atteint 49,8 % chez les moins de 25 ans, en 2014 !
Les statistiques de la croissance ne sont pas rayonnantes, non plus... 3,5 % en 2007, suivie d’une récession abyssale de 22 % sur cinq ans, dont 7,1 points en 2011 et 7 points en 2012.
Quand à la dette publique grecque, elle devrait culminer à 177 % du PIB en 2014, dont une augmentation de 17,9 points entre 2011 et 2012. On est bien loin des 76,9 % de l’Allemagne, et encore plus des 60 % exigés par le Traité de Maastricht…
Les salaires, pour leur part, avaient diminué de 22 % en seulement trois ans, passant de 751,39 euros en 2009 à 586,08 euros en 2012… auxquels s’ajoutaient - en plus - des versements de salaires incomplets ! Le Monde rappelait ainsi que le plan d’austérité mis en œuvre en 2011 aboutissait à verser seulement 60 % du salaire de 30 000 fonctionnaires, agrémenté d’une obligation pour ces derniers de trouver un nouveau boulot dans les douze mois, au risque de perdre définitivement leur emploi.
Vous en voulez encore ? Près de 30 sociétés ont été privatisées … Pour ne citer qu’un exemple, 74 % du port du Pirée à Athènes a été cédé par l’Etat. Sans compter qu’environ 240 000 PME sur un total de 780 000 ont fermées depuis six ans.
Ne nous étonnons pas, dans ces conditions, que l'adversaire de la finance et leader de la coalition de gauche radicale, Alexis Tsipras, devienne le favori des élections législatives anticipées, le 25 janvier. Car le candidat à la présidence désigné par le gouvernement, Stavros Dimas, a subi un cuisant échec lors des élections des 17, 23 et le 29 décembre, entraînant une dissolution de l'Assemblée nationale. Il faut dire que le poulain du Premier ministre conservateur Samaras était un ancien commissaire européen...
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