Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
LEMONDE.FR | 11.11.11 | 15h34 • Mis à jour le 11.11.11 | 16h43
Le PDG d'EDF Henri Proglio et le ministre de l'industrie, Eric Besson, en mars en Afrique du Sud.AFP/ERIC PIERMONT
Le même jour pourtant, le Réseau de transport d'électricité, filiale du groupe EDF, publiait une étude qui concluait à un "risque modéré de rupture d'approvisionnement [d'électricité] pour l'ensemble de l'hiver 2011-2012". Et ce, même en cas de grands froids qui verraient les températures chuter de 6 à 8 degrés en dessous des normales saisonnières. Le gestionnaire de transport d'électricité estime qu'alors "les niveaux d'importation nécessaires pourraient atteindre 7 000 mégawatts mais resteraient compatibles avec les limites techniques" d'importation.
Le même ton rassurant est de mise chez EDF. "On se prépare, sans alarmisme aucun, au passage de l'hiver. En cas de pointe de consommation, on dispose de moyens supplémentaires en plus du nucléaire qui peuvent être mobilisés très rapidement", assure Marie Casanova, porte-parole d'EDF. Les experts de l'électricien se montrent confiants dans les capacités de l'entreprise à produire une électricité de substitution par la production hydraulique et thermique et l'achat de volumes additionnels de courant.
"L'ARRÊT DES RÉACTEURS ALLEMANDS RÉDUIT LA SÉCURITÉ ÉLECTRIQUE FRANÇAISE"
En 2010, déjà le risque de rupture avait été jugé "modéré" mais l'épisode de grand froid du 15 décembre avait vu les niveaux de consommation d'électricité atteindre des records, dépassant les 94 200 mégawatts. Les autorités avaient alors invité les Français à modérer leur consommation. Des inquiétudes par rapport à l'an passé sont nées de l'arrêt, au printemps, de huit réacteurs nucléaires allemands après la catastrophe de Fukushima. En cas de pics, la France importe parfois à ses voisins, dont l'Allemagne, de l'électricité, ces derniers n'ayant pas le mêmes besoins en hiver, leur chauffage étant moins dépendant de l'électricité.
Eric Besson a donc souligné mercredi que "l'arrêt des réacteurs allemands réduit très clairement la sécurité électrique française en cas d'hiver rigoureux des deux côtés du Rhin". Le ministre a insisté en expliquant que les "risques de congestion du réseau allemand [sont] suceptibles de s'étendre au réseau français". "On est attentif à ce problème qui pourrait limiter les moyens d'échange aux frontières", répond RTE sans alarmisme.
"INSTRUMENTALISATION D'UNE CATASTROPHE PAS ANNONCÉE"
"La déclaration de M. Besson est une instrumentalisation par avance d'une catastrophe pas anoncée", raille Pierre Radanne, ancien président de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). "S'il y a un blackout et des images télé montrant des familles privées de chauffage, on pourra toujours dire qu'on ne peut pas arrêter les réacteurs nucléaires français". Selon lui, Eric Besson ferait de l'"intox": "On ne peut prévoir une vague de froid ni son ampleur".
Pour ce conseiller en énergie, la dépendance du pays à l'électricité est réelle surtour l'hiver à cause de la généralisation du chauffage électrique dans les logements. "La moitié des pics de la consommation européenne sont détenus par la France à cause du système de chauffage", insiste-t-il. A ses yeux, le ministre ne se poserait pas la bonne question. "Il vaudrait mieux réfléchir aux moyens de changer de système de chauffage et à une meilleure isolation des logements", souligne-t-il.
Sylvia Zappi