LEMONDE.FR avec Reuters | 17.02.12 | 08h44
Les autorités chinoises ont arrêté plusieurs centaines de Tibétains qui revenaient d'Inde, où ils avaient assisté à des séances d'enseignement dirigées par le dalaï lama, et les oblige à suivre une rééducation politique, a annoncé vendredi 17 février Human Rights Watch. Selon l'ONG, il s'agirait de la première fois depuis la fin des années 1970 que les autorités chinoises arrêtent un aussi grand nombre de laïcs tibétains. Cette action survient au moment où la Chine est particulièrement inquiète des troubles au Tibet et dans les autres provinces à population tibétaine.
Pékin avait initialement autorisé sept mille Tibétains à assister aux séances dirigées par leur chef spirituel en exil, à Bihar en Inde, entre le 31 décembre et le 10 janvier. Human Rights Watch y avait initialement vu un signe de détente vis-à-vis de cette ethnie. "Toutefois, la situation a changé, sur fond de troubles dans les régions tibétaines orientales et de craintes qu'ils ne s'étendent à Lhassa", la capitale provinciale du Tibet, indique l'ONG dans un communiqué envoyé par courriel.
Depuis mars 2011, au moins quinze Tibétains ont trouvé la mort en s'immolant par le feu afin de protester contre la domination chinoise. Les faits se sont en général produits plutôt dans les provinces du Sichuan et du Gansu qu'au Tibet lui-même. La Chine affirme respecter la liberté de culte au Tibet et défend son occupation depuis 1950 en affirmant qu'elle a permis le développement de cette région.
Selon Human Rights Watch, les Tibétains arrêtés possédaient des passeports chinois valides leur permettant d'entrer et sortir du territoire. "Aucun règlement connu n'interdit aux Tibétains d'assister à ces séances d'enseignement, et ceux qui subissent une rééducation à leur retour n'ont été accusés d'aucun crime, comme la possession de documents illicites ou l'entrée clandestine sur le territoire chinois. (...) Rien n'indique pour l'instant que les quelque sept cents Chinois ethniques ayant assisté aux enseignements du dalaï lama à Bihar aient été arrêtés à leur retour en Chine, ce qui laisse penser que ceux qui l'ont été ont été sélectionnés en raison de leur ethnie."