Les enfants du AAA
Naturellement, il y a une contrepartie : le versement de loyers pour une longue période, qui permet à l’entreprise privée qui se substitue à l’Etat de s’y retrouver, avec un bénéfice. Il est bien évident que la marge dégagée sur de telles opérations ne sauraient être moins importantes que sur les opérations traditionnelles, ce qui pose un problème d’intérêt de l’Etat. Le Figaro rapporte que cela concerne des hôpitaux, des autoroutes, des prisons ou des lignes TGV.
Depuis la mise en place de l’ordonnance, pas moins d’une centaine de partenariats auraient été signés, qui représentent un investissement d’une dizaine de milliards d’euros, soit « 6 à 7% de la commande publique ». Pire, la France est le premier pays d’Europe pour ces expérimentations contractuelles puisque nous concentrons la bagatelle de 60% des contrats signés sur notre continent ! Mais l’exemple de l’hôpital de Corbeille-Essonnes démontre qu’ils ne sont pas la panacée.
La cavalerie, pour les investissements publics
Mais ce n’est pas tout. La chambre régionale des comptes estime que cela entraîne un surcoût colossal, puisqu’il reviendra à 1,2 milliards d’euros sur trente ans, alors qu’il aurait coûté seulement 757 millions si l’Etat l’avait financé en empruntant à 4,5%. Bref, il semblerait que ce que l’Etat gagne temporairement sur son niveau d’endettement est largement perdu sur les mensualités. La Cour des Comptes de Philippe Séguin avait parlé de « myopie coûteuse » en 2008.
Ce véritable scandale amène à poser à nouveau la question de la loi de 1973 et de celles qui lui ont succédée. Car non seulement, il devrait être possible pour l’Etat d’emprunter à la Banque de France les sommes nécessaires pour certains investissements, mais en outre, cela nous permettrait d’en réduire le coût puisque dans ce cadre-là, cela revient à emprunter à 0%, accentuant encore l’écart entre le coût pharaonique de ses PPP et le coût que pourraient avoir ces investissements.
Encore une fois, le gouvernement adopte de mauvaises solutions à de vrais problèmes de capacité de financement. Encore un nouvel exemple de la folie de cette construction européenne qui permet à la BCE de prêter 500 milliards aux banques mais ne permet pas qu’elle finance des investissements...
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