Marianne - Chronique
Ainsi donc, pour Corine Lepage, présidente d’honneur et fondatrice du Criigen (Comité d’information indépendante et de recherche sur le génie génétique) et le directeur scientifique de son association, Gilles-Erice Seralini, auteur d’une étude très controversée sur la toxicité de l’OGM Monsanto NK 603, il y aurait de bons et de mauvais journalistes.
Ceux qui abondent dans leur sens et qui méritent d’être loués publiquement, et ceux qu’ils poursuivent devant la justice au motif qu’ils portent un regard critique sur leurs publications. Ça ne vous rappelle rien ? Ou plutôt si, les méthodes de Jean-Marie Le Pen, grand défenseur de la liberté d’expression de la presse, comme chacun le sait, qui n’hésitait pas à nommer à la tribune de ses meetings les journalistes qui lui avaient déplu !
Mardi 14 janvier, Corinne Lepage présidait une conférence de presse au parlement européen à Strasbourg. Ordre du jour : faire le point sur les suites de la fameuse étude qui a permis d’exhiber de malheureux rats atteints d’horribles tumeurs, et annoncer des plaintes en diffamation contre Claude Allègre et Marianne en la personne de l’auteur de cette chronique.
Nous aurions qualifié l’étude de fraude. En réalité, Corinne Lepage et Gilles-Eric Seralini me reprochent d’avoir rapporté les propos de scientifiques américains publiés dans le magazine Forbes ( titré « Scientists Smell A Rat In Fraudulent Genetic Engineering Study »).
Quel crime ! Comme si, pour un journaliste, rapporter des propos équivalait à les reprendre à son compte ! A ce compte là, toute interview deviendrait impossible, sous peine de risquer des poursuites dès qu’un propos rapporté contrarierait les intérêts de ceux qu’ils visent. Autrement dit, l’exercice de la mission des journalistes, informer, rapporter ce qu’ils voient et qu’ils entendent, autrement dit permettre le débat et la vie démocratique, deviendrait impossible. Est-ce cela que souhaite le Criigen ?
Les pourfendeurs des OGM au nom de la santé publique et de la lutte contre un mode de production agricole veulent-ils imposer une société où ceux qui ne pensent pas comme eux doivent être éliminés ? Lors de la même conférence de presse, Joël Spirou, président du Criigen, a loué le travail d’un autre journaliste, Benjamin Sourice. Or comment se présente-t-il sur Rue89, site qui relaie son blog engagé : « Suite à mes études, je me suis engagé aux cotés d'associations (Collectif Combat Monsanto lié au documentaire le Monde selon Monsanto et Amis de la Terre pour animer le Journal de la Baleine) avant de me lancer dans le journalisme à compte d'auteur. » La démonstration est faite.
Au-delà d’un règlement de compte personnel, Corinne Lepage et Gilles Eric Séralini ne pardonnent pas à Marianne d’avoir publié, quelques jours après la révélation de leur étude, un appel d’une quarantaine de scientifiques de renom venus du monde entier critiquant vertement le travail du chercheur. Toutes les critiques formulées par les Agences sanitaires de tous les pays du monde, y compris l’agence russe, s’y trouvaient déjà rassemblées.
Poursuivre Marianne, c’est non seulement chercher à imposer le silence à ses journalistes, mais aussi tenter de faire taire tout ceux qui peuvent aujourd’hui s’exprimer dans ses colonnes. Une telle plainte venant d’association qui se bat pour la transparence et le droit à l’information des citoyens, c’est un peu étrange.