«Ils ne peuvent pas nous stopper», «Le parc est à nous»… Les scènes de liesse hier soir à Zuccotti Park, pardon «place de la Liberté» comme l’ont rebaptisée les Occupy Wall Street, tranchaient magnifiquement avec les moments de détresse quelques heures plus tôt quand la police de New York était venue les déloger en pleine nuit.
Il est une heure du matin à Manhattan quand les quelque 200 campeurs ayant décidé de passer leur 59e nuit de protestation à deux pas de la capitale de la finance mondiale sont assaillis par la maréchaussée. «On vient nettoyer la place. Prenez vos affaires ou on vous embarque», prévient, c’est bien aimable, le chef des pandores.
Las, les bien nommés Indignés n’en ont cure. «Le parc est à nous», crient-ils en cœur. Malheureusement non. Zuccotti Park appartient en réalité à Brookfield properties, qui gère le gratte-ciel adjacent, où travaillent chaque jour plusieurs milliers d’avocats et de financiers. En échange de l’autorisation de la mairie pour construire ce building, dont la location des 54 étages s’avère très lucrative, les proprios durent «offrir à la communauté» la place de la Liberté.
N’étant pas un parc public, Zuccotti n’est soumis à aucun couvre-feu (comme c’est le cas pour Central Park par exemple), la place est donc ouverte au public 24 heures sur 24. Un vide juridique dans lequel s’engouffrent les OWS le 17 septembre lorsqu’ils décident d’occuper les lieux.
C’est ce jour là que la guerre avec la mairie du millionnaire Michael Bloomberg a donc débuté. Impossible d’interdire l’accès à ces indésirables chevelus, assez organisés pour avoir étudier le droit des parcs de New York? Voilà qui passait mal à la mairie.
Pire, voilà que les beatniks se mettent sans autorisation, à planter leurs tipis et leurs tentes sous le nez des touristes, poussant même le culot jusqu’à présenter leurs cabanes comme des tabernacles religieux en pleine fête juive de Souccot.
Mais Bloomberg n’est pas homme à se laisser mener par le bout du nez. Lundi soir donc, en pleine nuit, et après avoir soigneusement collecté plusieurs rapports envoyés par les propriétaires des lieux ainsi que par les pompiers et la police (dont il paye les salaires), il décide de faire vider les lieux pour nettoyer.
Malheureusement pour lui, et contrairement à ce que pense le Wall Street Journal, OWS n’est pas composé uniquement d’agitateurs boutonneux et de baba-cool cradocs (n’y voyez là aucune attaque de ma part contre les babacool cradocs). Parmi eux, il y a aussi quelques avocats plutôt rompus à ce genre de combats. Ils ne leur faudra pas longtemps avant d’obtenir du juge la réouverture du parc au public, comme l’exige le règlement des lieux.
Par contre, les tentes elles resteront dehors, tout comme les sacs de couchage, les gros cartons, les bâches… Ils n’étaient donc qu’une trentaine à passer la nuit sur place sous la pluie et dans le froid. Une «sacrée victoire» pour la presse conservatrice, un «traitement inhumain» pour les associations qui soutiennent le mouvement… Mais que l'on se rassure, les élections approchent. Pas sûr que Bloomberg soit le vrai gagnant dans cette affaire…
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