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Editorial. Barack Obama a saisi le moment. Un mois après la tuerie de Sandy Hook, il a présenté, mercredi 16 janvier, le plan de contrôle des armes à feu le plus ambitieux que les Etats-Unis aient connu depuis 1968 et les assassinats de Robert Kennedy et de Martin Luther King.
On peut regretter qu'il ait fallu qu'une tragédie fauche vingt enfants de 6 et 7 ans en pleine école primaire pour que les Américains se mobilisent. Et qu'il ait fallu attendre que les échéances électorales soient passées pour que la Maison Blanche se saisisse de ce que M. Obama a lui-même appelé une "épidémie" de violence.
Mais la fusillade du 14 décembre à Newtown (Connecticut) – la douzième en douze mois à faire plus de trois morts – a poussé les démocrates à reconsidérer un sujet devenu tabou depuis dix ans, sous l'effet du patient travail de terrain de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes à feu : l'interdiction des fusils d'assaut et des chargeurs de haute capacité qui permettent de viser trente personnes sans avoir besoin de recharger.
La NRA n'a jamais reculé devant aucun argument, aussi absurde et obscène soit-il, pour justifier la vente libre de ces armes de guerre au nom de la défense du droit des chasseurs ! Elle enrobe son discours de références tout aussi fumeuses à la Constitution et à l'histoire d'un pays qui porte haut et fort les droits de l'individu face à la menace de tyrannie que présente le gouvernement – d'où le deuxième amendement de la Loi fondamentale, datant de 1791, et garantissant le droit des Américains à porter une arme. A l'époque, il s'agissait d'armes à un coup, rechargeables par le canon...
M. Obama a présenté 23 mesures de "bon sens" (la remise en question du deuxième amendement n'en fait évidemment pas partie). Il souhaite améliorer la prise en charge des problèmes psychiatriques et le partage des informations entre les Etats pour éviter que les armes ne tombent entre les mains de criminels ou de malades mentaux.
Il propose de donner des fonds aux écoles pour recruter des gardes armés ou des psychologues. Il demande que toutes les ventes d'armes soient enregistrées (seules 40 % seulement le sont actuellement). Et que les fusils d'assaut soit interdits, avec les chargeurs de haute capacité.
Pour cela, M. Obama ne peut pas agir de manière unilatérale. Il a besoin du Congrès : il doit convaincre ses amis démocrates de s'engager sur un sujet qui leur fait peur. En 1994, Bill Clinton, un autre démocrate, a estimé qu'il avait perdu sa majorité en partie à cause de l'interdiction des armes semi-automatiques. Les démocrates craignent aujourd'hui que le contrôle du Sénat, la seule Chambre où ils ont la majorité, soit en jeu en 2014.
Mais leurs présidentiables, notamment le vice-président Joe Biden, qui visent le scrutin de 2016, n'en ont pas moins pris des positions en pointe sur le sujet. Un signe encourageant. Il y aurait vraiment du changement en Amérique si, au lieu de faire perdre les élections, le contrôle des armes à feu permettait de les gagner.