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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 21:00

 

LE MONDE | 07.04.2012 à 11h51 • Mis à jour le 07.04.2012 à 16h44

Par Anne-Sophie Mercier

 
 

 

Réponses des candidats à la présidentielle au questionnaire du "Monde" sur l'environnement.

 

Note : l'infographie publiée dans Le Monde daté du dimanche 8 et du lundi 9 avril 2012 comporte deux erreurs, à propos des questions sur la culture des OGM et de l'usage des pesticides. Nous présentons toutes nos excuses à nos lecteurs pour ces erreurs (corrigées sur la version numérique ci-dessus) et assurons de l'exactitude des autres informations.

Dans une campagne dominée par la question économique et sociale, l'écologie aura été une grande absente des débats, à l'exception de la sortie du nucléaire, débat central de l'automne 2011, qui ne parait plus guère intéresser les candidats. Mais la campagne présidentielle n'aura jamais été que le révélateur d'un phénomène mesuré depuis 2009 : l'écologie est de moins en moins au centre des préoccupations des Français.

Un exemple de ce désintérêt, que mesurent nombre de baromètres ? Selon un sondage de l'IFOP, réalisé en avril, pour Atlantico.fr, 27 % seulement des Français jugent que la protection de l'environnement est "tout à fait prioritaire". Contre 71 % pour le chômage. La faiblesse des intentions de vote en faveur d'Eva Joly, candidate écologiste, dans une campagne présidentielle où les écologistes n'ont jamais obtenu de gros scores, s'explique aussi en partie par ce relatif désintérêt.

Nicolas Sarkozy, qui avait commencé son quinquennat en fanfare en lançant le Grenelle de l'environnement, et un "super ministère" de l'écologie, auquel on avait ajouté les transports, le termine en retournant aux fondamentaux de la droite sur l'ensemble de ces dossiers.

Les déclarations selon lesquelles, l'écologie "ça commence à bien faire", les accusations de sectarisme envers les écologistes, sont autant de signaux envoyés à l'électorat paysan, tandis qu'une proposition de loi UMP votée en février faisait reconnaître le rôle des chasseurs dans la gestion de la biodiversité. Quant au ministère de l'écologie, il n'a plus de titulaire depuis que Nathalie Kosciusko-Morizet a été nommée porte-parole du candidat le 18 février. Un symbole.

"DES OUTILS POUR SORTIR DE LA CRISE"

L'intervention de François Hollande au Congrès de France Nature Environnement, le 28 janvier, a permis de mesurer l'intérêt du candidat socialiste pour l'environnement. "L'écologie et l'environnement sont des outils pour sortir de la crise", avait estimé M. Hollande, plaidant pour la préservation de la biodiversité, une fiscalité verte, l'interdiction des OGM en plein champ et une baisse continue des pesticides. Si le candidat socialiste a fait ce jour-là de l'écologie un "outil", il n'en a pas fait pour autant un thème prioritaire de sa campagne et de son opposition à Nicolas Sarkozy, en dépit du partenariat stratégique noué avec les écologistes et concrétisé par la signature d'un accord de mandature avec ces derniers en novembre 2011.

François Bayrou, présent à ce même congrès, s'en était tenu à des généralités, évoquant "l'harmonie qui doit exister entre les êtres humains et le milieu dans lequel ils vivent", sans guère avancer de proposition concrète, en dehors de la survie des abeilles, promue "objectif politique". Le Front national, sans surprise, n'a pas davantage fait de l'écologie un point fort de son projet, s'en tenant à des préoccupations sur la santé alimentaire, l'interdiction des OGM et la nécessité de faire décroître l'utilisation des pesticides.

LA GAUCHE DU PS A VERDI SON DISCOURS

La surprise de la campagne vient de la gauche du PS, qui a verdi son discours. Si le Parti communiste reste très attaché au nucléaire, Jean-Luc Mélenchon est parvenu à convaincre son allié de proposer, au nom du Front de Gauche, un référendum sur le sujet. Si Lutte ouvrière a refusé de répondre au questionnaire du Monde, il ne s'agit nullement d'un désintérêt pour l'écologie. "Dans cette économie capitaliste mue par le seul profit, aucune mesure prise isolément ne résoudra les problèmes de pollution ou ne préservera les ressources", écrit Mme Arthaud.

Bref, pour LO, il faut sortir du capitalisme pour faire de l'écologie socialement juste. Le cas du NPA est également intéressant. Non seulement il prône une sortie du nucléaire en une décennie, mais il se montre plus intransigeant que les autres sur la réduction de l'usage des pesticides et sur le respect de la trame verte lors du lancement de tout projet d'infrastructure.

Un article de la revue Vingtième siècle, signé par Philippe Buton, professeur à l'université de Reims et spécialiste du mouvement communiste, le rappelle : l'extrême gauche n'a intégré que très tardivement la question écologique à sa réflexion. Même si la LCR consacre un chapitre entier au sujet dans son programme dès 1977, Philippe Buton explique que "tout se passe comme si la Ligue donnait des gages à l'air du temps tout en méprisant ces revendications". Quant à LO, elle qualifie très longtemps l'écologie politique de "réactionnaire". Une rhétorique qui tend à régresser au sein de ces deux formations.

 

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