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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 18:33

LEMONDE | 27.01.12 | 16h47   •  Mis à jour le 28.01.12 | 09h10

 
 

 

Certaines ONG redoutent que cette méthode soit la porte ouverte à l'introduction dans la chaîne alimentaire de molécules qui n'ont pas été préalablement soumises à des tests toxiques.

Certaines ONG redoutent que cette méthode soit la porte ouverte à l'introduction dans la chaîne alimentaire de molécules qui n'ont pas été préalablement soumises à des tests toxiques.AFP


L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est, de nouveau, sous le feu des critiques. La branche européenne de l'organisation non gouvernementale Pesticide Action Network (PAN) a rendu publics, le 23 janvier, des courriels internes de l'agence suggérant qu'un important groupe de travail avait été intégralement constitué par une unique toxicologue, membre du comité scientifique de l'EFSA, mais aussi étroitement liée à l'industrie. Selon nos informations, cette scientifique a en outre été employée par Philip Morris jusqu'au début des années 2000, et il est avéré que certains de ses travaux ont minimisé les risques liés à la cigarette. Cette affaire s'ajoute à des critiques récurrentes sur l'indépendance de l'agence basée à Parme, en Italie comme celles survenues, en novembre 2011, sur l'approbation de la pomme de terre transgénique Amflora.

L'histoire commence à l'été 2008. Sans répondre à une saisine de la Commission européenne, l'EFSA décide de rendre un avis sur la pertinence et la fiabilité d'une méthode d'évaluation de la toxicité des molécules qui se retrouvent dans la chaîne alimentaire (résidus de pesticides, d'emballages, d'additifs, etc.). Développée et promue depuis le milieu des années 1990 par les industriels réunis au sein de l'International Life Sciences Institute (ILSI), cette approche - dite du "seuil de préoccupation toxicologique" (TTC, pour Threshold of Toxicological Concern) - suscite la méfiance des ONG. D'autant que l'ILSI pâtit d'une réputation sulfureuse. Elle rassemble la plupart des géants de l'agro-alimentaire, de la chimie, des cosmétiques et de la pharmacie, et est souvent suspectée de faire du lobbying en faveur de ses membres, plutôt que de chercher, comme elle l'annonce, à "fournir la science qui améliore la santé publique et le bien-être"...

Certaines ONG, comme PAN-Europe, redoutent ainsi que cette méthode, si elle est approuvée par l'EFSA, soit la porte ouverte à l'introduction dans la chaîne alimentaire de molécules qui n'ont pas été préalablement soumises à des tests toxicologiques. Ces tests ne deviendraient en effet nécessaires qu'au-dessus d'un "seuil de préoccupation", défini par les ressemblances chimiques de chaque composé. Le dossier est ainsi, pour les industriels, de la première importance.

Or en juillet 2011, le comité scientifique de l'EFSA a rendu un avis préliminaire positif, estimant l'approche TTC "utile" et "pertinente". L'agence doit rendre une opinion définitive sur la question en février. Ce premier avis du comité scientifique de l'EFSA se fondait sur les travaux préparatoires d'un groupe de travail ad hoc, constitué en juillet 2008. "Nous voulions savoir comment avait été constitué ce groupe d'experts", explique Hans Muilerman, l'un des responsables de PAN-Europe.

"Les courriels que l'EFSA a dû nous fournir, ajoute M. Muilerman, montrent que les treize membres du groupe ont essentiellement été choisis par une seule personne : Susan Barlow." Cette dernière, nommée présidente du groupe en question, est également membre du comité scientifique de l'EFSA. L'analyse de la littérature scientifique effectuée par PAN-Europe montre que dix des treize experts choisis par Mme Barlow ont eux-mêmes contribué au développement ou à la promotion de l'approche TTC, souvent en étant associés à l'ILSI. Quant aux déclarations d'intérêts des treize experts, elles montrent que huit d'entre eux entretiennent des relations formelles avec l'ILSI, tandis que six sont sous contrat avec des industriels dont les intérêts sont potentiellement liés à la régulation des composés chimiques.

A l'EFSA, on fait valoir que c'est le comité scientifique de l'agence qui prononce un avis, non le groupe de travail. Cependant, Mme Barlow est à la fois membre du comité scientifique de l'EFSA et employée comme consultante par l'ILSI. Pour le compte de cette organisation, elle a notamment rédigé un rapport sur... l'approche TTC.

"Susan Barlow a rédigé en 2005 une monographie sur l'approche TTC pour le compte de l'ILSI, mais ce n'était pas une prise de position ou une recommandation, mais la synthèse des connaissances sur un sujet complexe en le rendant accessible à une large audience, répond-on à l'EFSA. Mme Barlow l'a précisé dans sa déclaration d'intérêt annuelle et l'EFSA n'a pas considéré ce travail comme constituant un conflit d'intérêts."

Consultante privée, Mme Barlow, qui n'a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde, n'a pas d'affiliation institutionnelle (université, organisme de recherche, etc.). Elle est experte auprès de l'EFSA, de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de l'agence de sécurité sanitaire britannique et de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Sa dernière déclaration d'intérêt mentionne aussi des travaux de consultants pour une somme d'entreprises ou d'associations industrielles (ILSI, PepsiCo, Pfizer, Rio Tinto, Plastics Europe, etc.).

Une autre collaboration, qui ne figure pas sur sa déclaration d'intérêts car trop ancienne, interroge son éthique scientifique. A la fin des années 1990, Mme Barlow a été recrutée par Philip Morris pour corédiger une synthèse de la littérature médicale sur les facteurs de risques du syndrome de mort subite du nourrisson. Cette synthèse a été publiée en 2001 dans la revue Paediatric and Perinatal Epidemiology. Mais quelques années plus tard, après avoir consulté des documents internes de Philip Morris rendus publics par décision de justice, les chercheurs Elisa Tong, Lucinda England et Stanton Glantz (université de Californie à San Francisco) ont découvert qu'avant d'être soumis à la revue l'article cosigné par Mme Barlow avait subi des amendements explicitement demandés par des cadres de Philip Morris.

Ces changements visaient à conclure que le lien causal entre mort subite du nourrisson et tabagisme passif n'était pas fermement établi - en contradiction avec la littérature scientifique. L'analyse rétrospective de l'article cosigné par Mme Barlow a été publiée en mars 2005 dans Pediatrics. Au sein du groupe de travail mis en place par la toxicologue, un autre chercheur a été en lien étroit avec l'industrie du tabac. Enfin, Corrado Galli, professeur à l'université de Milan, a dû démissionner au printemps 2011, après la découverte qu'il n'avait pas mentionné certains liens avec l'industrie. "Une procédure de rupture de confiance a été ouverte, explique-t-on à l'EFSA. M. Galli a démissionné de toutes ses fonctions à l'EFSA. C'est aussi la preuve que nos procédures fonctionnent."

Stéphane Foucart


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