Source : www.mediapart.fr
Il coûterait deux fois moins cher de rénover l’actuel aéroport de Nantes plutôt que de construire celui de Notre-Dame-des-Landes, selon une étude commandée par les opposants au projet. L'étude accuse l’État d'avoir biaisé ses propres calculs dans un précédent rapport de la DGAC pour vanter la construction d'un nouvel aéroport.
Quelle place occupe l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dans le plan d’économie de 50 milliards d’euros du gouvernement ? Impossible de le savoir puisque l’exécutif conserve le silence le plus complet sur ses intentions concernant le projet d’aérogare dans la périphérie nantaise. Sur le terrain de la zone d’aménagement différé (Zad), les travaux n’ont toujours pas démarré. Le préfet qui avait conduit l’expulsion avortée des occupants, en octobre 2012, a été remplacé.
Par ailleurs, les collectivités territoriales du syndicat mixte de l’aéroport ont suspendu leurs paiements au concessionnaire Aéroport du grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci. La justice n’a pas encore rendu son verdict sur les recours dont elle a été saisie concernant la préservation de l’eau et des espèces protégées. Un jugement pourrait être rendu cet automne, ce qui mettrait fin à la période de trêve annoncée par Jean-Marc Ayrault après la manifestation du 22 février.
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Retrouver ici notre dossier sur Notre-Dame-des-Landes
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En attendant, le collectif des élus opposés au nouvel aéroport, le Cédépa, publie, mercredi 25 juin, une étude qui sonne comme une nouvelle charge contre le projet d’équipement, mais aussi contre la manière dont l’administration a géré le dossier (en voir ci-dessous les principaux extraits).
Il coûterait deux fois moins cher de rénover l’actuel aéroport de Nantes plutôt que de construire celui de Notre-Dame-des-Landes, selon les estimations des architectes qu’ils ont consultés. À l’horizon de 9 millions de passagers (contre 4 millions en 2013 à Nantes-Atlantique), développer l’actuel aéroport coûterait 475 millions d’euros contre 992 millions pour construire un nouveau site de cette capacité. « Il est possible et plus économique de développer et réaménager l’aéroport existant que d’en construire un nouveau », concluent les auteurs du rapport.
Le coût total de Notre-Dame-des-Landes (pour 4,5 millions de passagers) est estimé à 667,8 millions d’euros par Vinci, dont 295 millions (soit 44 %) sont financés par l’État et les collectivités locales. Or selon l’étude du Cédépa, réaménager et étendre l’actuelle aérogare pour lui permettre d’accueillir 5 millions de passagers coûterait 42,4 millions d’euros – dont seulement 5,6 millions pour le bâti. Pour un transit de 7 millions de passagers, la facture atteindrait 31,5 millions d’euros. Pour 9 millions de passagers, il en coûterait 54,8 millions d’euros.
Le développement de Nantes-Atlantique permettrait à terme une économie de 167 millions d’euros, selon leurs calculs. En optimisant les dépenses, l’économie pourrait grimper jusqu’à 349 millions d’euros. Une somme non négligeable en cette période de disette budgétaire.
Ces chiffres contredisent en partie l’étude que la direction générale de l’aviation civile (DGAC) a publiée en novembre 2013, pour se plier à la demande de la commission de dialogue nommée fin 2012. Selon ses estimations, une extension de l’actuelle aérogare nantaise pour qu’elle puisse accueillir 9 millions de passagers coûterait 825 millions d’euros. Les experts missionnés par le Cédépa contestent ce chiffre, qu’ils estiment très surestimé, et affirment avoir découvert de « nombreux raccourcis, lacunes et erreurs dans les scénarios » exposés par les services de l’État. Des besoins ont été surdimensionnés : ainsi, le rapport de la DGAC propose de reconstruire le chenil de l’aéroport pour 600 000 euros !
Les choix d’implantation des infrastructures, dans le scénario de l’État, imposent la démolition et la reconstruction de la quasi-totalité des bâtiments (caserne de pompiers, hangar d’entretien, hangar de fret, dépôt de carburant, service météo…), alors que des alternatives existent. L’aire de stationnement des avions et le poste de contrôle sûreté sont surdimensionnés. Au total, près de 75 % du montant des travaux peuvent être évités ou optimisés, selon eux. Avec ce rapport, les opposants espèrent relancer le débat sur le coût budgétaire du contesté projet d'aéroport.
Source : www.mediapart.fr