Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
«Trop, c'est trop!». Mercredi, le porte-parole du PS, David Assouline, a haussé le ton suite à la multiplication des actes de vandalisme contre des locaux du parti ces derniers jours. La liste est impressionnante. A Brest, Besançon, Tulle, Bordeaux, Limoges… Depuis le 16 octobre, une quinzaine de fédérations, de sections ou de permanences socialistes ont été dégradées. Les murs des locaux ont été systématiquement recouverts de tags hostiles au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, défendu de longue date par le premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Les actes de vandalisme anti-PS depuis trois semaines:
Afficher Les actes de vandalisme contre les permanences PS sur une carte plus grande
(Cliquez sur les repères pour plus d'informations sur les dégradations)
A Paris, par exemple, quatre façades ont été successivement dégradées depuis le 22 octobre. Sur le mur de la permanence de la députée socialiste du XXe arrondissement, cette inscription: «La ZAD est partout». ZAD comme la «zone d'aménagement différée» où doit être construit l'aéroport, rebaptisée «zone à défendre» par ses détracteurs. L'acronyme est devenu une signature pour les 150 opposants au projet qui occupent illégalement l'espace de 2000 hectares dédié à l'aéroport et en sont régulièrement expulsés par les forces de l'ordre. Pour la plupart d'entre eux, des jeunes radicaux, issus des mouvements anarchistes libertaires, qui disposent d'importants relais sur Internet.
Certains soutiens au mouvement n'hésitent d'ailleurs pas à publier sur le web le récit de leurs «sorties punitives» contre le PS. Comme celle qui a visé la permanence de Besançon, dans la nuit du 30 au 31 octobre: «Au total, trois tags ont été inscrits sur le local: «ZAD vaincra», «Stop AyraultPorc» et un «A» (symbole anarchiste, ndlr). En plus de cela, nous avons également fracassé trois vitres de la permanence à l'aide de trois gros parpaings: pour l'une, le pavé est parti si vite qu'il a traversé la vitre et laissé un gros trou au milieu. Les deux autres ont été littéralement explosées», raconte un activiste sur un blog.
Les responsables de la ZAD, qui se décrit comme un mouvement non-violent, cautionnent-ils ces actes de vandalisme? «Nous ne les téléguidons pas, mais nous ne les condamnons pas non plus», résume Gaël, porte-parole du collectif. «Au moment où les expulsions ont démarré à Notre-Dame-des-Landes, à la mi-octobre, nous avons lancé un appel à des actions de solidarité. Cela peut être un paysan qui décide de tracter en notre faveur sur son marché. D'autres peuvent considérer que le PS est responsable et taguer leurs locaux… Mais la vraie violence, c'est celle qui consiste à transformer des hectares de forêt en aéroport et à détruire des maisons», ajoute le jeune homme, qui se décrit comme «anti-capitaliste» et «anti-autoritaire».
Au PS, l'agacement monte contre ces «actions concertées». «Aucune pseudo-cause ne peut justifier de tels actes de vandalisme politique», juge David Assouline. «Il doit y avoir maintenant une réaction énergique pour arrêter là cette dérive qui constitue une atteinte insupportable à la démocratie». Le PS a systématiquement déposé plainte auprès de la police ou de la gendarmerie. A Paris, où les dégradations se sont étendues jusqu'aux murs des stations de métro «Solférino» et «Assemblée nationale», l'enquête à été confiée au service de l'investigation transversale (SIT) de la préfecture de police. Aucun suspect n'a été arrêté pour le moment.
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Cécile Duflot était hostile à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes (Loire-Atlantique), lorsqu'elle était secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts (EELV). Devenue ministre, elle ne dévie pas de sa ligne et s'offre même le luxe de mettre les pieds dans le plat. «Il y a un désaccord sur ce projet-là, qui est un désaccord ancien. (…) Mon désaccord sur ce point est connu par le premier ministre», a-t-elle dit mercredi sur RTL. «Je ne crois pas que sur des projets aussi compliqués la répression et le manque de dialogue, ce qui est le cas, soient la bonne méthode», a-t-elle ajouté à propos des expulsions des opposants au projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Un peu plus tard, avant le Conseil, alors que les ministres attendaient l'arrivée de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault dans le salon Murat de l'Élysée, Cécile Duflot a même eu droit aux félicitations de quelques collègues. «Tu as été très bien ce matin sur RTL», lui ont-ils dit. Les membres du gouvernement ont-ils conscience que ce projet local est aussi celui de l'ex-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault? Mesurent-ils les tensions qu'il suscite chez les alliés écolos quand Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d'Europe Écologie-Les Verts et élu nantais, affirme que cet aéroport est «la verrue dans le pied» du premier ministre? Manifestement pas.
Ce dossier, après celui du traité européen, est pourtant en train de créer une nouvelle ligne de fracture entre Matignon et les Verts. Entre l'exécutif et les ONG aussi. Les écolos sont vent debout contre les expulsions des opposants au projet, qui ont débuté mardi et se poursuivaient mercredi. «Le gouvernement a dépassé les limites. (…) On est en droit de s'interroger sur la poursuite de notre soutien à un gouvernement qui utilise la force comme ses prédécesseurs», estimait mardi l'élu EELV Noël Mamère. Le secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts, Pascal Durand, dénonce aussi le projet, sans toutefois remettre en cause la participation de son parti au gouvernement: «Le président et le premier ministre ont dit qu'il fallait réduire l'émission des gaz à effet de serre, protéger la biodiversité et préserver les terres agricoles. L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est l'exact opposé de leur promesse. Nous sommes en total désaccord.» Le patron d'EELV poursuit: «Jean-Marc Ayrault a déjà un problème avec l'aile gauche du PS et il va ouvrir un front avec ses alliés écologistes.» De fait, le modéré François de Rugy, qui copréside le groupe EELV à l'Assemblée peine à comprendre «une forme d'entêtement difficilement justifiable aux yeux des élus et de l'opinion». «Il n'est pas concevable que ce projet ne soit pas revisité», dit-il, d'autant qu' «il s'agirait du seul projet à survivre à la rigueur budgétaire».
Pour le moment, Matignon observe mais ne bouge pas. Mercredi, lors des questions au gouvernement, Jean-Marc Ayrault s'est bien gardé de répondre au député écologiste Sergio Coronado qui dénonçait «la zone militarisée» qu'est devenu le site et affirmait que «le changement, cela ne peut pas être la répression». C'est le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, qui lui a répondu. Matignon tente toutefois d'organiser la riposte en coulisse. Les expulsions? «Nous respectons strictement l'accord passé, après la présidentielle, avec les élus Verts et les associations. Ce ne sont pas les agriculteurs, les locataires et les propriétaires qui sont expulsés du site mais 150 à 200 squatteurs, des autonomes, des contestataires qui font de Notre-Dame-des-Landes le point de convergence des luttes», confie un proche conseiller d'Ayrault.
La fronde des écolos? «Pendant la présidentielle, ils ont mis sur le même niveau leurs positions sur le nucléaire et celles sur la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes tant et si bien que cet aéroport est devenu un symbole», poursuit ce même conseiller. À ses yeux, cet aéroport n'est pas celui de Jean-Marc Ayrault, «mais celui d'élus de droite et de gauche, qui siègent dans deux régions, quatre départements et une vingtaine de communes».