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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Noël Mamère : "J'ai décidé de quitter EELV" - "Nous avons abandonné notre fonction de lanceur d'idées pour devenir un parti comme les autres, obsédé par ses jeux d'appareil"

 

lemonde.fr

 

Noël Mamère : "J'ai décidé de quitter EELV"

Le Monde.fr | 25.09.2013 à 07h09 • Mis à jour le 25.09.2013 à 16h41 | Propos recueillis par Raphaëlle Besse Desmoulieres 

 
 
Quinze ans après être entré chez Les Verts, le député de Gironde, Noël Mamère, a décidé de rendre sa carte.

Il le dit lui-même : "C'est une page qui se tourne." Quinze ans après être entré chez Les Verts, le député de Gironde, Noël Mamère, a décidé de rendre sa carte. Les conditions dans lesquelles Pascal Durand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, s'apprête à quitter la tête du parti auront été la goutte d'eau pour celui qui a réuni 5,25 % des voix à la présidentielle de 2002.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter Europe Ecologie-Les Verts ?

J'ai décidé de quitter EELV parce que je ne reconnais pas le parti que j'ai représenté à la présidentielle en 2002. Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d'élus. J'ai l'impression d'un sur-place qui nuit au rôle que nous pouvons jouer dans la société. Cela ne m'empêchera pas de conduire une liste aux municipales à Bègles, je n'ai pas besoin de l'étiquette. C'est une page qui se tourne. Je pars sans regret, sans émotion particulière. C'est le résultat d'un constat et d'une analyse.

Comment interprétez-vous la décision de Pascal Durand de ne pas se représenter à la tête d'EELV ?

Pascal Durand est une variable d'ajustement. On le nomme en 2012 parce qu'il est compatible entre Europe Ecologie et Les Verts. La preuve est faite aujourd'hui que la greffe n'a pas pris. La manière dont il a été traité est humiliante. Ça me choque et je n'aime pas ces méthodes. Pascal n'était qu'un patron par procuration.

Les vrais patrons sont ceux qu'on appelle "la firme" : Cécile Duflot et ses amis. Même si Cécile Duflot est une bonne ministre, elle n'a pas lâché la direction des Verts. Mais ces derniers ne se sont pas créés pour être soumis au bon vouloir d'un clan. C'est le contraire de ce que défendent les écologistes.

Lire les réactions Mamère quitte EELV : Cohn-Bendit "comprend", Mélenchon dit "bienvenue au club"

Vous souhaitez rester dans le groupe écologiste à l'Assemblée nationale. N'est-ce pas contradictoire ?

Pas du tout. Dans le groupe, il n'y a pas que des gens inscrits à EELV, comme Paul Molac qui est à Régions et peuples solidaires. A moins qu'on ne me le demande, je ne vois pas pourquoi je quitterais le groupe.

Vous aviez indiqué que si vous étiez réélu à Bègles, vous démissionneriez de votre mandat de député. C'est toujours d'actualité ?

Si je suis réélu à la mairie de Bègles, mon intention est de me mettre en accord avec ce que j'ai dit. C'est la première fois que je vois l'Assemblée nationale voter une loi qui s'appliquera trois ans plus tard. La loi sur la limitation du cumul des mandats est d'ailleurs inaboutie puisqu'aujourd'hui un maire peut beaucoup plus cumuler qu'un député-maire. Fin 2014, je ne serai plus cumulard : je me sens plus utile dans ma ville de Bègles qu'à l'Assemblée.

Vous avez annoncé que vous ne voterez pas le budget pour 2014. Cela veut dire que vous allez voter contre ou vous abstenir ?

Je voterai contre parce que je considère que le compte n'y est pas, notamment sur la transition énergétique. La conférence environnementale n'était qu'un trompe-l'œil. Le gouvernement propose une contribution climat-énergie qui réunira péniblement la somme de 4 milliards d'euros en 2016. Comment voulez-vous que les entreprises aient une perspective de mise en place de modification de leur mode de production si vous ne leur proposez pas un plan de route jusqu'au moins 2020 ?

Je ne crois pas non plus à la TVA à 5 % uniquement cantonnée à la rénovation énergétique des bâtiments alors qu'il aurait fallu qu'elle s'applique à l'ensemble du bâtiment. Aucune des niches fiscales nuisibles à l'environnement et à la santé concernant les transports, l'agriculture, le diesel, les agrocarburants ou les pesticides – pourtant d'un montant de 6 milliards d'euros–, n'ont été remises en cause. Et nos amis disent que c'est formidable ?

Pour vous, les écologistes seraient plus utiles en dehors de la majorité qu'à l'intérieur ?

Aujourd'hui, je ne vois pas très bien leur utilité dans la majorité. Les écologistes passent leur temps à accepter ce qui ne correspond pas au projet qu'ils sont censés porter. Vous trouverez toujours des arguments pour dire qu'on fait avancer les choses mais c'est à la marge.

Nous avons aussi notre part de responsabilité. Nous nous sommes arc-boutés sur le diesel. Sans doute était-ce un piège : nous n'avons pas su expliquer de manière pédagogique que ce carburant représente 32 000 morts par an et que cela coûte beaucoup plus cher à la société de poursuivre dans cette direction que d'augmenter le prix du diesel d'un centime par an pendant dix ans pour rattraper celui de l'essence comme le propose la Fondation Hulot.

À quelques mois des municipales et des européennes, la séquence n'est pas des plus réussies pour EELV...

J'ai le sentiment d'assister à une immense régression. Nous avons abandonné notre fonction de lanceur d'idées pour devenir un parti comme les autres, obsédé par ses jeux d'appareil. Nous risquons d'en payer le prix aux prochaines élections. A se soumettre et à chercher des arrangements, il ne faudra pas s'étonner si notre électorat nous couvre de goudron et de plumes.

Raphaëlle Besse Desmoulieres 
Journaliste au Monde

 


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