Le Québec est réputé pour son modèle social unique en Amérique du nord. Les libertés individuelles y sont plus larges que dans la France post-sarkozyste. Les débats politiques se déroulent principalement entre un Parti Québecois social-démocrate et un Parti Libéral du Québec oscillant entre le centre et le centre-droit. Le clivage se situant bien sûr également sur la question de l'indépendance et du fédéralisme. Pourtant les libéraux au pouvoir se sont quelque peu radicalisés (tout est relatif, on est encore loin de l'UMP, dont l'équivalent serait les populistes de la CAQ) ces dernières années et surtout ces dernières semaines face au succès des manifestations. Le gouvernement a en effet pris une mesure de répression forte : la loi 78.
Celle-ci encadre plus sévèrement les manifestations et empêche les rassemblement non déclarés de plus de 50 personnes. A l'origine le gouvernement libéral souhaitait une mesure plus forte : l'obligation de signaler aux autorités tout attroupement ou manifestation de plus de...10 individus. Et prévoit des amendes très fortes en cas de non respect d'une disposition. S'il me semble des plus normal de déclarer une manifestation avant qu'elle se déroule pour pouvoir gérer les contraintes engendrées, le fait de voter une loi pour la circonstance est douteux. Le contenu même de celle-ci est par ailleurs mis en doute par les juristes. Et surtout, du fait des sanctions dures en cas d'infraction, les étudiants, dont les organisations restent soudées, ne l'appliquent pas... Les défilés eux, sont des plus créatifs et généralement festifs.
Autre élément, les violences policières, pourtant rares depuis des années, sont revenues au Québec : des universités sont envahies par la police, des arrestations massives ont lieu (parfois plus de 700 en une seule nuit) des violences, que le gouvernement refuse de condamner, sont commises par les forces du maintien de l'ordre. Certains agents, depuis la nuit de samedi dernier cachent en toute illégalité leur matricules pour agir, depuis qu'une de leurs collègues s'est fait filmer en train de gazer des manifestants pacifiques. De son côté d'ailleurs nombreux sont les agents épuisés par des semaines de mouvement social, le plus long de l'histoire estudiantine québecoises.
Un nouveau Québec apparait, plus dur, moins angélique. Reste à savoir dans quelle direction il ira...