Omar Aziz, célèbre activiste pacifiste syrien de 64 ans, est mort en détention le 16 février 2013, a -t-on appris quelques jours plus tard par l'intermédiaire de sa famille. Il est décédé à l'hôpital militaire de Harasta, dans la banlieue de Damas, des suites d'une longue captivité au centre de détention des services de renseignement de l'armée de l'air, à Mazzé, où il était détenu depuis son arrestation le 20 novembre 2012 dans une cellule de 16 mètres carrés avec 85 autres personnes.
Omar Aziz souffrait d'hypertension et avait perdu, selon ses proches, plus de 15 kilos. Peu avant sa mort, il a été transféré à la prison centrale d'Adra. Sa famille n'a jamais été informée de son état, ni même de son décès. Ce sont d'autres détenus qui lui ont fait parvenir la nouvelle.
Economiste de formation (à l'université de Grenoble) et versé dans les nouvelles technologies, Omar Aziz avait quitté l'Arabie saoudite, où il vivait, peu après le début de la révolution syrienne, en mars 2011. Il est l'un des architectes des comités locaux de coordination, qui ont grandement contribué à entretenir la révolte, lui donner des mots d'ordre et ont veillé le plus longtemps possible à ce que la lutte reste pacifique et non-confessionnelle.
" MIEUX QUE LA COMMUNE DE PARIS "
Il a fondé le premier comité local dans le quartier de Barzeh, une forme d'organisation " par le bas " qui a essaimé par la suite dans tout le pays. Il s'était inspiré des idées de Rosa Luxemburg sur " l'auto-gouvernement des masses ". Il avait formalisé sa vision humaniste et presque anarchiste dans un long article. " Nous avons fait mieux que la Commune de Paris, qui a résisté 70 jours. Cela fait un an et demi et nous tenons toujours ", avait-il déclaré peu avant son arrestation.
Peu connu hors de Syrie, il avait gagné le surnom affectueux d'Abou Kamel. Malgré les destructions et les combats, il parcourait inlassablement les quartiers dévastés pour y amener de l'aide humanitaire aux familles déplacées et à celles comptant un mort, un blessé ou un disparu. Il était issu d'une grande famille de la bourgeoisie intellectuelle damascène. Sa mère, Bourane Tarazi, a été la première femme avocate en Syrie.
Elle avait écrit un livre, Damas dans la tourmente, publié en 1998 à Beyrouth, sur ses années de lutte pour l'émancipation sous le mandat français puis après l'indépendance. Omar Aziz était le genre d'hommes dont la Syrie aura absolument besoin pour se reconstruire après le conflit en cours.