Source ; www.courrierinternational.com
- Courrier international
- | Sabine Grandadam
- 5 janvier 2015
Les experts médico-légaux de l'université d'Innsbruck (Autriche) se montrent circonspects. Jusqu'à présent, ils n'ont pu identifier par un test ADN qu'un seul fragment d'os calciné appartenant à l'un des 43 étudiants disparus à Iguala, dans le sud du Mexique. Ils ont pu attribuer ce fragment à l'étudiant Alexander Mora Venancio, élève de l'école normale d'Ayotzinapa [Etat du Guerrero] disparu avec ses camarades le 26 septembre 2014 à Iguala, après des affrontements avec la police.
Les autorités mexicaines ont confié à l'université autrichienne les restes supposément humains qui ont été extraits d'un dépôt d'ordures à Cocula, non loin d'Iguala. Les corps des étudiants auraient été jetés dans ce dépôt et brûlés pendant près de deux jours par les membres du gang Guerreros Unidos, avec la complicité de policiers municipaux, selon l'enquête du ministère de la Justice.
"L'identification de ces restes est l'une des missions les plus difficiles que nous ayons eu à accomplir", a expliqué à Innsbruck le directeur de l'équipe de chercheurs, Walther Parson, cité par le site Infobae. Les fragments sont extrêmement abîmés, rendant les tests ADN conventionnels compliqués et nécessitant le recours à d'autres tests. Les experts ne peuvent pas s'avancer sur le temps qu'il leur faudra pour parvenir à de nouvelles conclusions.
La piste des crématoriums de l'armée
L'affaire des étudiants disparus a fait chanceler le pouvoir mexicain à tel point que le président Peña Nieto a promis de continuer à faire toute la lumière sur l'affaire, même après que le ministère de la Justice a donné sa version des faits en novembre.
Le 3 janvier, dix policiers municipaux d'Iguala ont été arrêtés dans le cadre de l'enquête, annonce le quotidien mexicain Milenio. Ces nouvelles arrestations portent à 58 le nombre de policiers municipaux détenus à Iguala et dans la localité voisine de Cocula pour leur collusion supposée avec les membres du gang criminel local Guerreros Unidos. Ce gang, ajoute Milenio, est en guerre ouverte avec un autre groupe mafieux, dénommé Los Rojos, pour le contrôle du trafic de drogue, de l'extorsion de fonds et du racket.
Parallèlement aux recherches des experts d'Innsbruck, des scientifiques de deux universités de Mexico enquêtent sur une nouvelle hypothèse : les corps des étudiants auraient "probablement", avancent-ils, été brûlés dans des crématoriums appartenant à l'armée et/ou à des entreprises privées, rapporte La Jornada. Ces chercheurs estiment avoir des indices sérieux de "l'implication possible de l'armée dans la disparition forcée des élèves de l'école normale", ajoute le quotidien. Ces dernières semaines, plusieurs étudiants rescapés et témoins des événements du 26 septembre ont affirmé avoir vu des policiers fédéraux et des militaires à proximité des lieux de l'affrontement. Les universitaires enquêtent sur les commandes de combustible des crématoriums de l'armée entre le 26 et le 28 septembre 2014, compte tenu du volume important de combustible que nécessite une crémation. L'armée a refusé de fournir ces données.
>> Comprendre la disparition des étudiants mexicains en une vidéo :
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