/http%3A%2F%2Fs2.lemde.fr%2Fimage%2F2012%2F08%2F24%2F534x338.96484375%2F1751244_6_179e_egyptian-anti-muslim-brotherhood-protesters_f1300a7f292836294bd83a5a5c8a7996.jpg)
Quelques centaines d'Egyptiens sont descendus vendredi 24 août dans les rues du Caire pour manifester contre le président Mohamed Morsi lors du premier rassemblement de ce type, moins de deux mois après l'arrivée au pouvoir du candidat des Frères musulmans.
Des échauffourées ont opposé les manifestants à des partisans de Mohamed Morsi. Sur la place Tahrir, épicentre de la révolution qui a abouti au renversement d'Hosni Moubarak en février 2011, de jeunes membres des deux camps se sont affrontés à l'aide de pierres, de bouteilles et de bâtons. Des bagarres se sont poursuivies dans les ruelles environnantes.
Les violences ont éclaté place Tahrir lorsque des témoins ont entendu des coups de feu. Selon l'agence de presse officielle Mena citant le ministère de la santé, cinq personnes ont été blessées sur cette place. L'agence cite aussi le témoignage d'un médecin présent place Tahrir affirmant avoir soigné quatre personnes, dont trois blessées par balle.
"NE VOUS FAITES PAS AVOIR PAR LES FRÈRES"
La ville portuaire d'Ismaïlia, à 120 km à l'est du Caire, a également été le théâtre d'échauffourées, selon un témoin. Les rassemblements organisés par les opposants de Mohamed Morsi dans d'autres quartiers de la capitale égyptienne se sont en revanche déroulés dans le calme, le nombre de manifestants ne dépassant pas quelques centaines, au total, en début d'après-midi.
Les manifestants ont accusé le chef de l'Etat, qui n'appartient officiellement plus à la confrérie islamiste depuis son investiture le 30 juin, de chercher, à son tour, à monopoliser le pouvoir. Le successeur de Hosni Moubarak a abrogé le 12 août une "déclaration constitutionnelle" prise par les militaires avant son élection et qui rognait les prérogatives présidentielles.
"Réveillez-vous, peuple égyptien !", scandait Mahmoud, âgé d'une cinquantaine d'années, aux 200 personnes réunies sur la place Tahrir. "Ne vous faites pas avoir par les Frères." "L'Egypte est pour tous les Egyptiens, pas pour une seule organisation", a-t-il ajouté, debout sur une moto, alors que la circulation continuait autour de lui.
Quelques dizaines de personnes se sont aussi rassemblées devant le ministère de la défense aux abords desquels des affrontements avaient opposé des manifestants et l'armée, il y a quelques mois, lorsque les généraux du Conseil suprême des forces armées (CSFA) assuraient la transition.
ENQUÊTE SUR LES FRÈRES
La police a prévenu qu'elle protégerait les manifestants pacifiques mais réprimerait toute violation de loi, alors que des rumeurs propagées par la presse et les médias sociaux laissaient craindre des attaques contre des locaux des Frères musulmans, ce que les organisateurs ont nié.
Les meneurs, qui souhaitaient marcher vers le palais présidentiel et qui renvoient dos à dos l'armée et les Frères musulmans, demandent aussi l'ouverture d'une enquête sur le financement de l'organisation islamiste. La confrérie se trouve sur le devant de la scène politique depuis la "révolution du Nil" de 2011 après avoir été réprimée pendant les trente années du régime Moubarak.
Le quotidien libéral Al Masry al Youm a qualifié à la "une" de son numéro de vendredi les manifestations, prévues de longue date, de "premier test pour Morsi".
Plusieurs organisations libérales, généralement opposées aux Frères musulmans, ont pris leurs distances à l'égard de la manifestation, comme le Mouvement du 6-Avril, l'un des fers de lance de la révolution. "Ceux qui veulent renverser les Frères devraient le faire par les urnes", écrit sur Facebook Ahmed Said, dirigeant des Egyptiens libres, un parti libéral ne participant pas non plus à la manifestation.
Accusé notamment par l'opposition libérale de chercher à bâillonner les médias, Mohamed Morsi a donné un gage d'ouverture jeudi en décidant une loi qui a, de fait, annulé la détention préventive d'Islam Afifi. Ce dernier, rédacteur en chef du quotidien Al Dostour, est accusé d'insultes contre le président.