Aurore Lenoir a détaillé les raisons de son combat pour l’arrêt définitif du projet. « Plusieurs problèmes sont soulevés par la ferme des 1.000 veaux. Les veaux qui vont être enfermés n’auront pas une superficie correspondant à leurs besoins biologiques comme on l’observe en pâturage. Tout cela provoque du stress. Le deuxième problème contre-nature, c’est l’alimentation : les bovins mangent de l’herbe, là ça va être uniquement des compléments alimentaires et des antibiotiques à cause de l’installation contre nature et de la prolifération des épidémies dans un environnement confiné. Le 3e problème est d’ordre de santé publique : le cheptel bovin est très exposé aux problèmes d’ordre respiratoire, dans un élevage extensif ces virus sont moyennement virulents, mais dans le cadre d’un élevage intensif, cela prolifère à vitesse Grand V et une grande partie du troupeau peut se retrouver atteinte morbidement ou mortellement. La seule réponse que l’on peut donner c’est d’administrer des antibiotiques qui vont se retrouver dans la viande, et donc dans le corps des consommateurs… ».
Cortège bariolé
Vers 14 h 50, le cortège bariolé, constitué de nombreux militants des quatre coins de France et de plusieurs cars ou minibus (Lyon, Dijon, Paris, Limousin)- certains grimés, d’autres costumés en vache - s’est ébranlé et a défilé dans les rues de La Courtine avant d’observer un arrêt devant le siège de la communauté de communes accusée de financer les travaux « via les crédits du Ministère de la Défense ». Entre deux rayons de soleil, les slogans fleuris ont été répétés à l’envi. Ils s’adressaient à une grande chaîne de magasins (unique client) : « Mousquetaire, ton projet, on l’enterre » ou visaient à défendre la vie et l’environnement : « oui, oui, oui, à la vie, justice pour les animaux ! ». Sur les pancartes, les slogans étaient parfois nettement moins poétiques accusant notamment la FDSEA.
De retour devant l’ancienne gare de la Courtine, les manifestants se sont dispersés avant de se retrouver devant le centre d’engraissement situé à l’extérieur du village. Une centaine d’entre eux se sont rassemblés sur le chemin d’accès du site. Les abords étaient très surveillés, une centaine de gendarmes et de CRS, certains venus de loin, avait été mobilisé pour l’occasion. Il n’y a pas eu de heurts, sans doute aussi parce que le porteur du projet, la SAS Alliance Millevaches, avait interdit à certains éleveurs locaux de venir en découdre comme il en avait été sérieusement question. Chose que nous a confirmée le maire de Sornac (Corrèze), venu en voisin. « Nous ne voulons pas l’affrontement » a répété ce dernier.
Le matin même une dizaine de militants de la Coordination rurale de la Corrèze et de la Haute-Vienne avaient été aussi aperçus à proximité du site. Ils auraient suivi la manifestation avec l’intention de débattre mais la rencontre ne s’est pas faite : « ils nous attendaient mais ils n’avaient pas le bon planning » a souligné Aurore Lenoir qui avait déjà obtenu en 2014 avec le collectif Narg l’abandon du projet d’abattoir de Guéret : « on s’est rendu compte en tractant, que la population locale est contre ce projet de ferme et notamment les bouchers qui savent les problèmes sanitaires que ce centre provoquera ». Les manifestants ont donc promis de revenir vite tout en exigeant « le débat public qu’on nous refuse » avec les porteurs du projet.