Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Par democratie-reelle-nimes
Ce vendredi matin, sur RTL, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a répondu à ceux qui, dans ses propre rangs, l’accusent de faire de l’austérité :
« La France ne pratique pas l’austérité. Il faut aller voir en Espagne ce qu’est l’austérité, il faut aller voir au Portugal ce qu’est l’austérité ».
Des mots qu’on avait déjà trouvé dans la bouche de son prédécesseur François Fillon, sur TF1, en août 2011 :
« Ce que nous faisons n’a rien à voir avec ce que font d’autres pays européens, je pense à l’Italie, à l’Espagne, au Portugal, à l’Irlande, sans parler de la Grèce. “
Fillon répondait aux critiques de la gauche. Ayrault répondait aussi aux critiques de la gauche, et plus précisément à trois de ses ministres Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Cécile Duflot, qui ont ces jours derniers ont élevé la voix, avant de se faire sermonner en Conseil des ministres.
Mais l’UMP aussi, aujourd’hui, commence à dénoncer l’austérité. En la définissant, elle, comme un prélèvement excessif d’impôt, une ‘hyperfiscalité’ qui ‘étouffe l’économie’.
On le voit, chacun a sa définition de l’austérité, ce mot utilisé initialement par Raymond Barre pour vanter son programme de lutte contre l’inflation. Pour la droite, l’austérité, ce sont des hausses d’impôts ; pour la gauche, c’est la réduction ou le plafonnement des dépenses publiques. En réalité, c’est souvent une combinaison des deux.
Qu’en disent les économistes ? Le mot austérité n’existe pas dans leur vocabulaire. Eux parle de politique ‘récessive’ (c’est à dire nuisible à la croissance) ou, si l’on est en période de ralentissement, de ‘procyclique’ (de telles politiques vont dans le sens du cycle, et donc l’aggravent).
Pour de très nombreux économistes, en période de crise, augmenter les impôts et réduire les dépenses n’est pas très malin. Cela crée des problèmes sociaux sans résoudre vraiment le problème du déficit : ce dernier disparaît plus facilement si l’on fait redémarrer la croissance, au lieu de la freiner. Il vaut bien mieux adopter sinon une politique de relance (‘contra-cyclique’) du moins une politique neutre.
Le ralentissement économique entraîne des dépenses supplémentaires (sociales) et des recettes moindres (car les bénéfices, les revenus, la consommation ne se portent pas bien), ce qui aggrave les déficits publics. Trois réponses sont alors possibles :
La première voie est risquée, la deuxième est raisonnable, la troisième est idiote. Mais c’est la voie qu’ont emprunté, jusque là, les pays de la zone Euro, s’accrochant à leurs objectifs de déficits comme à des grigris.
En septembre, l’économiste Daniel Cohen résumait ainsi la situation dans les Echos :
‘Ce seuil de déficit à 3 % de PIB est beaucoup trop procyclique : quand tout va bien, il est facile à atteindre, quand tout va mal, il est impossible’,
Et il alertait :
‘Nous sommes en train de créer de toutes pièces une crise artificielle. Il est grand temps de désarmer ce piège dans lequel nous allons tous tomber collectivement en 2013.’
Plus de six mois plus tard, le piège est toujours grand ouvert, et nous pataugeons dedans.
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