Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Pas ou peu de nouvelles de ce mouvement en France à priori. Mais au fait, avait-il réellement commencé ? Les temps forts n'ont jamais dépassé 10 000 personnes, pas de quoi parler de révolution. Et pourtant, tout le monde l'attend cette révolution, alors que se passe t'-il ? Pourquoi la mayonnaise n'a-t-elle pas pris ? Est-ce que tout cela a été vain ? La date du 15 mai 2011 est souvent présentée comme le démarrage de la contestation, en Espagne sans aucun doute mais en France, est-ce si simple ?
Réponse a une crise mondialisée, la grogne se voulait globale pour être efficace et entendue. Les mécanismes qui opèrent aujourd'hui, comme l'austérité, le recours au crédit, la croissance des échanges commerciaux sont bien huilés et émanent d'institutions mondialement organisées et légitimées (FMI, Banque Mondiale, UE, États-Unis, OMC...). Les indignés était nés de la volonté de ne plus assister impuissants à la continuité des travaux de ces technocrates qui n'écoutent que ceux qui s'appuyaient sur leurs mêmes postulats. Absentes des tables de négociations, la société civile se réveillait, bien décidée à faire entendre sa voix. Seulement, pour peser dans le rapport de force, il fallait d'abord suivre les règles du camp dominant en opposant par exemple un parti politique, un leader ou une armée. Impossible de rentrer dans de tels cadres pour les indignés de la première heure puisqu'on ne faisait que rejouer la pièce qui tourne depuis trop longtemps sur la scène internationale avec comme acteurs principaux : ONG, associations, partis dissidents et les institutions évoquées plus haut. C'est ainsi qu'a commencé le casse tête des leaders du mouvement car oui, il y en a. En réalité il s'agit plutôt d'un groupe moteur dont les membres sont mouvants en fonction de leurs disponibilités mais surtout selon leurs aptitudes à appréhender le sujet du moment. Les meilleurs talents s'expriment ainsi au moment opportun et s'éclipsent dés lors qu'ils n'ont plus de valeurs à ajouter et cela, naturellement. Ce groupe a tenté de dessiner un plan pouvant être adopté par tous les révoltés en prêtant attention aux différences culturelles : mission impossible. Tant bien que mal, les protestations ont eu lieu et se sont même propagées outre Atlantique.
De la part des médias mais aussi des indignés eux même, il y a eu confusion. On avait bien différencié le printemps arabe du mouvement plus occidental, les contextes et enjeux ne se recoupant qu'a des niveaux très fondamentaux. Nous avons cru qu'entre Espagne, Grèce, France, USA... du fait de notre ancrage fort dans la même société post-industrielle, qu'il nous était possible de mener le combat d'un même front mais c'est là que nous avons fait erreur. A la racine même du mouvement, dans sa plus profonde signification, nous nous sommes plantés ! Comment pouvait-on croire que nous allions fédérer un pays de gueulards comme la France, avec le lourd passé de lutte syndicale et politique qui caractérise notre pays ? Il n'y pas si longtemps, Grèce et Espagne étaient encore des dictatures et les groupes d'opposition structurés qui avaient plutôt intérêt à se planquer. En France nous avons eu le temps de faire et défaire ces groupes, de les institutionnaliser même, pour finalement les rendre inutiles dés lors qu'ils s'aventurent à endosser un des rôles plus nobles que celui de figurants. Aux Etats-Unis, pays de la liberté d'entreprise mais avant tout de la liberté tout court, comment pouvait-on remettre en question un système qui a priori, laisse les gens le plus libre possible et donc directement responsables de leurs sorts ?
Pour autant, les populations de chaque pays ont profité de cette vague à leurs manières. L'Espagne, orpheline de contre pouvoir de poids, s'est dotée de la forme revendicative la plus citoyenne qui n'ai jamais existé dans des pays comparables. Le mouvement ne faiblit pas, au contraire il nous montre toute sa vigueur ces derniers jours. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont dans les rues, soutenues par les pompiers et même les policiers. En Grèce, dans le pays du chacun pour soi ou il est de bon ton d'évincer le système même si cela passe par quelques désagréments pour son voisin ou ses concitoyens, tout change. On y redécouvre la solidarité. La société qui s'installe par l'action des citoyens est bien plus socialiste que ce qui à pu exister jusqu'alors. On citera par exemple cet hôpital qui à fonctionné plus d'un mois gratuitement alors qu'il devait être fermé par manque de financement. Plus spectaculaire, la distribution des invendus alimentaires des producteurs au départ illégal, désormais organisé par les mairies. Aux USA, un peuple lobotomisé de consommation débile à la Mickey et McDo voit les noms de Naomi Klein et Michael Moore apparaître sur ses écrans de télé. Grâce à Occupy Wall Street, ils ont réussit à sortir de leur léthargie critique pour engager la réflexion. Locomotive d'une société aveuglement égoïste, ce pays prend enfin conscience à grande échelle de sa réalité et de ses impacts. Enfin, en France, là où seulement quelques petits groupes se sont réunis dans des grandes villes, les bouleversements sont plus discrets. Pour beaucoup déjà impliqués, ceux qui participent au mouvement ont commencé par s'entendre et se comprendre. Front de gauche, Attac, NPA, Verts, syndicalistes... tous se sont écoutés pour faire face à l'urgence. Marquée par les échecs du passé, la récupération était une dérive à éviter à tout prix, ce qui n'a pas manqué de compliquer les rapprochements et d'entretenir la cacophonie.
La France a donc cela de particulier que sa vie politique et plus précisément, la démocratie sont chargées d'histoire. C'est en fait une force puisqu'elle a permit un foisonnement d'espaces de réflexions. Mieux encore, les alternatives ne manquent pas. Depuis quelques années, des figures comme Pierre Rabhi, des organisations comme la NEF, Terre de liens ou encore le réseau AMAP développent une vraie société parallèle. A l'occasion des rassemblements, les indignés se sont échangés leurs savoir, ont étoffé leur réseaux et passent désormais à l'action, c'est la vrai réussite de ce mouvement. Sur Internet aussi, les échanges fructifient et apportent de véritables solutions. Entre potagers collectifs, cantines populaires, zones de gratuités, éducation populaire et monnaies locales, la France n'a rien à envier aux Espagnols, au contraire. La réponse à la problématique du mouvement est finalement aussi simple qu'un slogan de campagne : Relocalisation. Les réponses efficaces correspondent à des problèmes locaux et incluent les personnes directement touchées et à même de changer leur parcelle d'influence. Comme disait si bien Gandhi, soyons le changement que nous voulons voir dans le monde. Les outils sont à notre disposition, y'a plus qu'à !