Interview Jean-Philippe Magnen, vice-président écologiste de Pays-de-la-Loire, répond au président de la région et regrette que la «méthode de dialogue de Jean-Marc Ayrault ne s'applique pas» au cas du projet d'aéroport controversé.
Porte-parole d’Europe Ecologie–Les Verts (EE-LV), Jean-Philippe Magnen (photo DR) conteste les propos du président PS de la région Pays-de-la-Loire, Jacques Auxiette qui, dans Libération de ce jour, estime que «plus aucune action en justice ne peut remettre en cause la réalisation du projet» d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Egalement vice-président de la région Pays-de-la-Loire, Magnen regrette que «la méthode de dialogue de Jean-Marc Ayrault [...] ne s’applique pas au cas de Notre-Dame-des-Landes».

C’est clair: il y a encore au moins deux recours juridiques en cours, et des potentiels à venir. Il reste tout d’abord une procédure devant le Conseil d’Etat contre le refus du Premier ministre d’abroger la déclaration d’utilité publique de 2008. Depuis cette date, les circonstances autour du projet ont changé – le prix du pétrole a augmenté, le secteur aérien est en plus grande difficulté - et le droit, lui aussi, a été modifié – Grenelle de l’Environnement, nouvelle loi sur l’eau et loi de modernisation de l’agriculture de 2010. Des habitants risquant l’expropriation ont également déposé des recours devant le tribunal administratif de Nantes.
Enfin, la commission des pétitions du Parlement européen a été saisie il y a quelques jours. Cette dernière est certes non juridictionnelle, mais elle pourrait déboucher sur une saisine de la Cour de justice européenne qui pourrait, elle, conduire à une condamnation de la France pour non-respect de la directive-cadre européenne sur l’eau.
Elle n’est pas de notre fait. La répression n’est pas la solution. Les moyens sont disproportionnés. Rien ne justifiait un déploiement de forces de l’ordre de cette ampleur. Il faut sans plus attendre stopper les violences. Et ensuite, nous avons tous intérêt à sortir de cette situation par le haut. Cela pourrait passer par la nomination d’une personne indépendante qui puisse réunir toutes les parties autour de la table et trouver une solution.
Notre opposition n’est pas sur une question de personnes. Si Martine Aubry ou Manuel Valls étaient Premier ministre, nous serions opposés de la même manière à ce projet. Nous posons la question: a-t-on besoin, dans une période de crise comme aujourd’hui, d’une infrastructure comme celle de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec un impact environnemental aussi important? Et puis qu’on arrête de nous traiter d’irresponsables ou de décroissants... Nous avons fait des propositions concrètes en matière de croissance économique via la transition énergétique ou la fiscalité écologique. Nous regrettons simplement que la méthode de dialogue de Jean-Marc Ayrault que nous approuvons sur d’autres sujets comme l’emploi et le social ne s’applique pas au cas de Notre-Dame-des-Landes.
On n’empêchera jamais les plus radicaux de nous mettre en porte-à-faux mais qu’on ne fasse pas croire que le site est occupé par des extrémistes spécialistes de la guérilla, pour le coup, plus rurale qu’urbaine... Ces gens-là ne sont plus présents ou très minoritaires et, dans le cas présent, n’avaient rien provoqué.
Nous ne sommes pas sur un strapontin à attendre qu’on nous fasse tomber. Nous avons un désaccord acté dans notre programme de gouvernement. Ce n’est pas de notre fait si les choses se sont accélérées. Mais la méthode n’est pas la bonne et nous le disons clairement. En ce sens, c’est un partenariat exigeant au sein d’une coalition gouvernementale où chacun a sa légitimité et sa place, et surtout où les écologistes n’ont pas l’intention de «manger leur chapeau» ou d'«avoir une muselière».
En tout cas, je n’ai jamais vu autant de comités locaux et de groupes locaux se monter. Cela dépasse le cadre régional et prend une ampleur nationale. Le parallèle avec le Larzac peut se faire même si le contexte politique est différent. La mobilisation est en train de faire basculer l’opinion dans le bon sens.