Par Blandine Parchemal
Monsieur le recteur de l’Université de Montréal,
Si votre gestion de la grève étudiante avait déjà été jusqu’ici désastreuse, je ne trouve pas les mots pour décrire votre gestion de la journée d’hier.
Certes, nous avions déjà pu gouter aux nombreux courriels refusant d’accorder une légitimité à notre grève et employant abondamment le terme de boycott pour qualifier cette dernière,
Certes, nous avions pu voir votre peu de respect pour l’institution universitaire et son autonomie lorsque que vous qualifiez celle-ci de centre commercial,
Certes, nous avions déjà pu voir votre peu de considération pour la démocratie étudiante et les votes de grève adoptés en Assemblées Générales lorsqu’une injonction a été commandée malgré ces derniers,
Certes, nous avions déjà pu voir par cette décision unilatérale votre peu de respect du principe de collégialité et de l’ensemble de ceux qui constituent l’âme de l’université, à savoir les étudiants, les professeurs, chargés de cours et personnels administratifs,
Mais nous n’aurions pu imaginer que vous irez aussi loin.
Nous n’aurions pu imaginer que des gardes de sécurité nous filmeraient dans les couloirs, nous montreraient du doigt, nous menaceraient et obligeraient nos professeurs à donner leurs cours et ce, sous peine d’amendes salées,
Nous n’aurions pu imaginer que des corps de policiers se promèneraient dans notre université comme s’il s’agissait d’un lieu à hauts risques, comme si nous étions de dangereux criminels alors que nous sommes de simples étudiants cherchant à faire respecter des décisions prises collectivement et démocratiquement,
Nous n’aurions pu imaginer que des étudiants seraient séquestrés pendant plus de trois heures dans une salle de classe, ce lieu même où l’on est sensé nous apprendre à développer notre esprit critique, nous apprendre à être libre,
Nous n’aurions pu imaginer que notre université ne serait plus une université mais bel et bien une prison où arrestations, gardes à vues et séquestrations sont de mises,
Nous n’aurions pu imaginer vivre des moments aussi traumatisants au sein de ce lieu où nous sommes censés nous épanouir intellectuellement et nous éveiller. Or, en sortant de l’université aujourd’hui, je me suis sentie sans aucune envie, complètement vide, soit l’inverse de ce que devrait susciter en nous une telle institution.
Pour toutes ces raisons,
Je demande, sans prime de départ, votre démission cher recteur.
Blandine Parchemal