LEMONDE.FR avec AFP | 12.12.11 | 12h18 • Mis à jour le 12.12.11 | 13h07
La fin de la toute-puissance du parti Baas est l'une des principales revendications de la contestation syrienne, avec la libération des prisonniers politiques et la levée de l'état d'urgence obtenue en avril.AP/Amr Nabil
Les Syriens se rendaient aux urnes, lundi 12 décembre, afin d'élire leurs représentants dans les municipalités, et ce malgré les violences qui secouent le pays depuis neuf mois. Il s'agit du premier scrutin organisé depuis le début du mouvement de contestation sans précédent du régime du président Bachar Al-Assad, le 15 mars.
Le ministre de l'information syrien, Adnane Mahmoud, a affirmé que la tenue lundi des municipales montrait la détermination des autorités à mener des réformes politiques. "Ces élections se déroulent à leur date prévue conformément au programme de réformes. Cela prouve la détermination des dirigeants et du peuple syriens à avancer dans l'application du programme de réformes", a déclaré le ministre. "Ces élections surviennent alors que certains ont misé vainement sur leur arrêt, à travers des actes terroristes perpétrés par des groupes armés et en terrifiant les citoyens", a-t-il poursuivi.
Plus de 14 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures, heure locale (7 heures, heure française) et doivent fermer à 22 heures, heure locale (21 heures, heure française). Il y a plus de 42 000 candidats pour 17 000 postes. Dans un bureau de Damas, l'affluence était faible en début de matinée, seuls 61 électeurs ayant glissé leurs bulletins dans l'urne en un peu plus de deux heures, selon un responsable sur place.
"J'ai voté, car nous voulons contribuer aux réformes en élisant les meilleurs", a dit Zeina, 35 ans, en sortant d'un bureau de vote place des Omeyyades à Damas. Ahmad, un chauffeur de taxi, a estimé que "tous doivent participer au vote pour répondre à ceux qui appellent à la grève". Il faisait référence aux militants en faveur de la démocratie animant les manifestants contre le régime sur place, qui ont lancé une campagne de désobéissance civile entamée dimanche par une grève générale suivie par une partie de la population.
TOUTE-PUISSANCE
Ces municipales ont été organisées en vertu de la nouvelle loi électorale adoptée pour "renforcer le principe de la décentralisation", selon les autorités. Un opposant sous couvert de l'anonymat s'est dit "étonné que des élections se déroulent dans ces circonstances. Les villes en soulèvement n'ont rien à voir avec ces élections". Le scrutin se déroule, selon lui, "dans des régions qui ne se sont pas encore soulevées contre le régime", c'est-à-dire Alep, certains quartiers de Damas, les villes de Soueida et Quneitra (sud), Tartous (nord-ouest) et certains quartiers de Lattaquié et Banias.
Le mouvement de contestation a été lancé pour réclamer des réformes démocratiques, mais, face à la détermination du régime à le mater, les manifestants ont ensuite exigé le départ de M. Al-Assad.
Ce dernier avait promis à maintes reprises des réformes susceptibles de mettre fin à l'hégémonie de son parti, le Baas, et a même promulgué, le 4 août, un décret autorisant le multipartisme, mais les forces de sécurité et l'armée ont continué à réprimer la contestation, causant plus de 4 000 morts depuis mars, selon l'ONU.
La fin de la toute-puissance du parti Baas est l'une des principales revendications de la contestation, avec la libération des prisonniers politiques et la levée de l'état d'urgence, obtenue en avril.
Alors que les municipales se déroulaient dans plusieurs régions, des affrontements opposaient des déserteurs à des forces de sécurité dans deux hauts lieux de la contestation Idleb (nord-ouest) et Deraa (sud), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Un civil a, en outre, été tué et cinq blessés par les tirs des forces du régime lors d'une opération de perquisition à Idleb, a précisé l'OSDH dans un communiqué.