Globalement, l’étude fait ainsi apparaître que la masse de patrimoine brut détenu par les ménages a doublé en euros constants de 1997 à 2009, du fait essentiellement du boom de l’immobilier. Mais la hausse a été vertigineuse pour les très hauts revenus tandis qu’une baisse a été enregistrée pour les plus bas. D’où un formidable creusement de ces inégalités.
« En 2009, écrit l’Insee, les 10 % de ménages les mieux dotés possèdent en moyenne 35 fois plus de patrimoine que les 50 % de ménages les moins dotés, contre 30 fois plus en 1997. » L’Insee ajoute : « Cet accroissement des disparités est le résultat d’une polarisation entre les ménages propriétaires, qui ont bénéficié de l’envolée des prix de l’immobilier, et les ménages locataires. Entre 1997 et 2009, les inégalités de niveau de vie ont augmenté mais pas dans les mêmes proportions que les inégalités de patrimoine : le niveau de vie moyen des 10 % de personnes les plus aisées a progressé de 29 % (en euros constants), tandis que celui des personnes modestes, comme celui des personnes des déciles intermédiaires, a progressé de l’ordre de 20 %. »
Pour étayer sa démonstration, l’Insee publie un graphique impressionnant que voici :
Comme l’explique l’Insee, on constate sur ce graphique que les 10 % des ménages les plus riches ont vu « leur patrimoine immobilier contribuer à une hausse moyenne de 55 % de leur patrimoine entre 1998 et 2010 », en euros constants, tandis que leur patrimoine financier a contribué à une hausse moyenne de 13 % et les autres composantes de leur patrimoine de 24 %. Et au total, « leur patrimoine brut a augmenté en moyenne de 92 % en euros constants sur cette période ».
Ces chiffres donnent le tournis. Au total, en près de douze ans, les 10 % les plus riches ont donc vu leur patrimoine presque doubler en euros constants. Et plus généralement, les 50 % des Français parmi les plus riches ont enregistré des évolutions presque aussi favorables.
Mais en revanche, le graphique établit avec précision que pour les 30 % les plus pauvres, leur patrimoine en euros constants a stagné ou même pour la plupart d’entre eux a baissé. Le constat de l'Insee est le suivant : « La masse détenue par les 30 % de ménages les moins bien dotés a augmenté à un rythme légèrement inférieur à l’inflation en douze ans. En effet, ces ménages ne possèdent pratiquement pas d’actif immobilier, et n’ont par conséquent pas bénéficié de l’envol des prix de l’immobilier sur les 12 dernières années. Par ailleurs, leur patrimoine est essentiellement constitué d’actifs financiers détenus sur des compte-chèques ou des livrets d’épargne réglementés, dont le rendement suit l’inflation. Ainsi, en euros constants, la masse de patrimoine qu’ils détiennent s’est tassée sur la période. »
L'Insee ajoute : « La composante financière a également contribué au creusement des inégalités de patrimoine, mais dans une moindre mesure. Ainsi, en 12 ans, le patrimoine financier détenu par les 10 % des ménages les mieux dotés en patrimoine a crû en euros constants de 72 %, contre seulement 21 % pour celui détenu par les 10 % des ménages les moins bien dotés. »
CQFD ! Les riches sont devenus encore plus riches. Et les pauvres encore plus pauvres. Terrible radiographie d’une époque !