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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 14:11

 

LE MONDE | 13.04.2012 à 14h34

Par Frédéric Lemaître

 
 

Quand Angela Merkel est arrivée au pouvoir, en 2005, ils n'existaient pas encore. Sept ans plus tard, ils pourraient s'imposer comme la quatrième, voire la troisième force politique allemande. Avec leur nom venu d'ailleurs, les Pirates ont, pendant plusieurs années, fait figure d'objet politique non identifié. Là où ils se présentaient aux élections locales, revendiquant essentiellement le téléchargement libre et gratuit sur Internet, leurs scores ne dépassaient qu'exceptionnellement 2 %. Trop peu pour que la branche allemande d'une organisation née en Suède en 2006 soit véritablement prise au sérieux.

Mais tout a basculé le 18 septembre 2011. Profitant d'une campagne ratée des Verts et de l'effondrement du Parti libéral (FDP) lors de l'élection du maire de Berlin, les Pirates obtiennent 8,9 % des voix et font leur entrée au Parlement de cette ville qui a le statut d'Etat-région. Une première dans l'histoire du pays. Plus que Klaus Wowereit, le maire SPD réélu, ces jeunes gens aux cheveux souvent hirsutes, immanquablement vêtus d'un tee-shirt noir avec, sous le bras, l'indispensable ordinateur portable, sont les véritables vainqueurs de ce scrutin local.

Depuis la confirmation de leur popularité dans la Sarre où, le 25 mars, les Pirates ont obtenu 7,4 % des voix, le doute n'est plus permis. Les Pirates, qui s'apprêtent à siéger également dans les Parlements régionaux du Schleswig-Holstein et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à l'issue des élections locales les 6 et 13 mai, s'installent dans le paysage politique national. A dix-huit mois des élections générales prévues pour l'automne 2013, certains sondages les créditent de 12 % des voix, à peine moins que les Verts.

Depuis six mois, ces enfants d'Internet, qui n'avaient que les mots "transparence" et "participation des citoyens" à la bouche, travaillent d'arrache-pied pour paraître crédibles même si, pour le moment, leur popularité s'explique en partie par leur amateurisme revendiqué. D'où le sentiment qu'ils donnent parfois de céder à une tentation populiste. Fort de plus de 22 500 adhérents (dont la moitié depuis septembre 2011), le réseau se mue peu à peu en parti, tout en évitant de tomber dans les mêmes travers que les partis traditionnels.

Des tensions apparaissent déjà entre les purs et durs, fiers de leur amateurisme et de l'absence de leaders médiatiques, et quelques élus qui voient les limites de ladite transparence, les inconvénients du "basisme" de l'organisation, qui leur interdit de s'exprimer "en tant que responsables" et regrettent de n'avoir rien à dire sur des thèmes comme la politique fiscale ou l'intégration européenne.

"A la différence des partis politiques extrémistes qui apparaissent en Europe, les Pirates expriment un ras-le-bol du coeur même de la société allemande, frustré par le débat politique", analyse Stefan Seidendorf, politologue à l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg. De fait, les sondages montrent que les Pirates séduisent surtout les abstentionnistes et les jeunes, mais attirent également les électeurs écologistes déçus par l'embourgeoisement de leur parti et des libéraux désespérés par la quasi-disparition du Parti libéral.

Leur leader en Rhénanie-du-Nord-Westphalie n'est pas un jeune geek féru d'informatique, mais un quinquagénaire spécialiste des questions de communication. Signe sans doute du relatif optimisme de la société allemande, où le taux de chômage (environ 6,5 %) est au plus bas depuis vingt ans, la formation politique qui monte ne s'adresse donc pas aux exclus mais aux diplômés et aux urbains. Un de ses points faibles : les femmes, nettement sous-représentées parmi les candidats du parti aux élections locales. Outre le téléchargement gratuit sur Internet, les Pirates plaident, au nom de la transparence, pour une démocratie directe.

Ils sont le seul parti allemand où le statut de délégué n'existe pas et où chaque adhérent peut assister au congrès et postuler à une fonction dirigeante. Bien sûr, la plupart de leurs réunions ne sont que virtuelles. Les Pirates préconisent, par ailleurs, un revenu minimum d'existence et la gratuité des transports en commun à l'échelon local. Cela les classe plutôt à gauche de l'échiquier, mais, au nom de la liberté individuelle, ils s'opposent à toute politique des revenus redistributive et se méfient de l'Etat.

D'ores et déjà, les Pirates ont une influence sur la politique allemande. Les Verts, en perte de vitesse depuis quelques mois, s'en veulent de n'avoir pas vu grandir ce mouvement porteur d'espoirs et de valeurs qu'eux-mêmes incarnaient il y a trente ans. Tous les partis réfléchissent à mieux utiliser Internet pour communiquer avec leurs adhérents et le reste de la société. Surtout, la percée des Pirates au niveau national, en affaiblissant principalement les Verts, rend de plus en plus aléatoire une alternance de gauche en 2013.

Si les élections avaient lieu aujourd'hui, le SPD et les Verts obtiendraient, ensemble, environ 40 % des voix. A peine plus que la CDU de Mme Merkel (37 %). Résultat : l'hypothèse d'un troisième gouvernement Merkel, avec comme allié soit le Parti social-démocrate soit les Verts se renforce. Pour le moment, nul n'envisage de gouverner avec les Pirates. Eux-mêmes reconnaissent ne pas être encore mûrs pour le pouvoir. Mais nul ne les attaque non plus de front. Comme s'il était dangereux d'insulter l'avenir.


lemaître@lemonde.fr

Correspondant à Berlin

Frédéric Lemaître

 

 

 

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