Près d'un million, c'est le nombre de régularisations de carrière réalisées par la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) en 2011. Derrière ce terme, se cachent des erreurs, oublis d'un employeur... qui peuvent vous coûter un trimestre. Or comme pour obtenir sa pension de retraite complète, une personne née après 1956 doit en cotiser 166 (42 ans et demi), autant ne pas en perdre. Seule solution : vérifier régulièrement son relevé de situation individuelle.
C'est particulièrement vrai si votre entreprise a fait faillite ou si vous avez eu plusieurs employeurs pendant une même année. D'autres cas sont propices aux oublis, à commencer par les jobs d'été qui peuvent compter pour votre retraite. Pour rappel, il suffit d'avoir cotisé deux cents fois le smic horaire pour valider un trimestre. Si dans votre jeunesse vous avez travaillé l'été et gagné l'équivalent de 1 886 euros brut, vous avez engrangé au moins un trimestre. "Le chômage indemnisé (un trimestre pour 50 jours d'indemnisation) fait aussi partie des périodes régulièrement mal renseignées dans les relevés de carrière de nos clients", explique Marc Darnault, associé gérant d'Optimaretraite. Vérifiez enfin votre service national : une année sous les drapeaux permet de valider jusqu'à cinq trimestres.
A l'approche de la retraite, il est tentant de chercher à optimiser son départ, mais cela peut être contre-productif. Un bon exemple est le rachat de trimestres. Sur le papier il a tout pour plaire : il permet d'obtenir plus rapidement le taux plein et donc de partir à la retraite sans décote. Mieux, les sommes déboursées sont déductibles de votre impôt sur le revenu. Sauf qu'en pratique, c'est beaucoup plus compliqué. Première étape : calculer si le rachat sera rentable, ce qui n'est pas forcément le cas. Le gain de pension doit permettre de récupérer le montant de son investissement dans un délai raisonnable. Ensuite, il faut le faire au plus près de son départ à la retraite, afin de pas subir de changement législatif. Lors de la dernière réforme de 2010 et du report de l'âge de la retraite, certaines personnes se sont ainsi retrouvées à avoir racheté des trimestres pour rien, puisqu'elles ont dû travailler plus longtemps. D'ailleurs, ces dernières ont jusqu'à fin novembre 2013 pour se les faire rembourser.
Liquider ses droits n'est pas non plus à prendre à la légère. Mieux vaut s'y prendre quatre à six mois à l'avance. Le traitement des dossiers peut être long et vous risquez de vous trouver aux premiers jours de votre retraite sans ressources. Ensuite, sachez que les règles de la retraite changent l'année de la liquidation. Tout d'abord, cette année-là n'entre pas dans les vingt-cinq années qui servent à calculer votre salaire annuel moyen, sur lequel sera évaluée votre pension. Dommage, car elle a toutes les chances d'être un bon cru. L'idéal : prendre sa retraite le 1er janvier pour que la dernière année de travail compte. Autre subtilité : l'année de la liquidation, le nombre de trimestres validés est limité au nombre de trimestres civils travaillés. Il ne faut donc pas s'arrêter en cours de trimestre, sous peine qu'il ne soit pas pris en compte.
Même après le départ en retraite, des erreurs sont possibles. La plus fréquente concerne le cumul emploi-retraite. Un dispositif prisé : 500 000 Français l'utilisent. Sauf que là encore, mieux vaut bien calculer son coup. "Avec le cumul emploi-retraite, vous allez payer davantage d'impôt. Pour que ce dispositif soit intéressant, il faut travailler au moins plus d'un an. L'option de la surcote peut donc être plus avantageuse", explique M. Darnault.
Enfin, sachez que lors du décès de votre conjoint, c'est à vous de faire la demande du versement de la pension de réversion. Sinon vous ne recevrez rien. Si la CNAV vous informe que vous ne pouvez pas y prétendre (il faut avoir au moins 55 ans et ne pas dépasser un plafond de ressources), ne faites pas l'erreur de vous arrêter là, car vous pourrez tout de même toucher la réversion des régimes complémentaires.