Le G20 des principaux pays riches et émergents doit "transformer l'essai" lors du sommet de Cannes début novembre, en créant notamment une taxe sur les transactions financières, ont estimé samedi 24 septembre des organisations non gouvernementales.
Réclamée par les ONG depuis des années pour compenser les promesses non tenues des pays riches, la création d'une telle taxe a été évoquée par les ministres des Finances et de la Coopération du G20, réunis vendredi à Washington. Celle-ci pourrait servir au développement des pays pauvres.
La France, qui préside le G20, pousse à la création de cette taxe. Mais le ministre français des Finances François Baroin a reconnu qu'il n'y avait "pas de consensus aujourd'hui" pour l'instauration d'une telle mesure au niveau du G20, en raison des "réserves" américaines.
Une taxe soutenue par Bill Gates
Paris espère néanmoins parvenir à Cannes à un "accord de principe" permettant à un groupe de pays pionniers d'instaurer cette taxe - l'Union européenne, ou la zone euro si Londres devait opposer son veto.
Pour l'instant, la France revendique le soutien d'une poignée d'Etats (Allemagne, Espagne, Belgique, Autriche, Norvège) et de la Commission européenne. Cette stratégie a reçu un coup de pouce du milliardaire américain Bill Gates, auquel Paris a demandé un rapport sur les financements innovants du développement.
Jusqu'ici sceptique sur une taxe qui serait boycottée par les Etats-Unis, l'ex-patron de Microsoft juge désormais qu'une adoption par tous les pays ne doit pas être un préalable.
Selon son rapport d'étape présenté vendredi à Washington, la taxe "semble donc faisable même sans adoption universelle" et "peut générer des ressources substantielles" même si seul un groupe d'Etats la met en oeuvre.
"Des milliards de revenus"
Ce rapport "constitue une base de travail intéressante, mais les chefs d'Etat et de gouvernement qui se réuniront début novembre à Cannes devront transformer l'essai", affirme ONE, l'ONG créée par le chanteur irlandais Bono.
"Nous resterons vigilants pour que des sujets aussi fondamentaux que la régulation des prix des matières premières ou les financements innovants pour le développement ne soient pas réduits à la portion congrue", prévient le directeur de ONE France, Guillaume Grosso, regrettant l'absence de toute annonce concrète dans le communiqué final du G20 Développement.
Pour Oxfam, "la taxe sur les transactions financières est maintenant en route pour devenir sans plus tarder une réalité".
"Une telle taxe a le potentiel de générer des milliards de revenus pour lutter contre la pauvreté et les changements climatiques", a affirmé le porte-parole d'Oxfam aux réunions de Washington, Luc Lamprière. "Les pays du G20 ne peuvent plus nier l'énorme potentiel de cette solution ni prétendre qu'il s'agit d'une option irréaliste".
Le Nouvel Observateur - AFP