Depuis plusieurs semaines, un journaliste d'El Pais, Francisco Peregil Pecellin, traque en Espagne les traces du "despilfarro", le gaspillage, un terme à retenir dans cette campagne électorale tant il revient fréquemment dans la bouche des électeurs. Constructions monumentales, infrastructures inutilisées : le journaliste recherche tout ce qui est trop grand, trop beau et a coûté trop cher pour ce pays en crise.
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L'aéroport "international" de Ciudad Real : 500 millions d'euros d'investissement pour un flop, et une fermeture au bout de trois ans. (Flickr/stephenhaworth)
L'aéroport de Ciudad Real par exemple. Inauguré en décembre 2008, moyennant 500 millions d'euros d'investissement, cet aéroport "international" devait désenclaver cette ville de 70 000 habitants, pourtant reliée en une heure de train à Madrid. Trois ans plus tard, l'aéroport a fermé ses portes. Début novembre, Vueling, la dernière compagnie qui y opérait, a décidé d'y cesser ses vols. L'initiative et les fonds venaient du privé, se défendent les politiques locaux. Ils ont toutefois laissé faire.
En Andalousie, le stade olympique de Séville (120 millions d'euros d'investissement), inauguré en 1999 en vue d'une candidature aux JO, affiche un maigre bilan sportif : une finale de la coupe de l'UEFA en 2003, une finale de la Coupe Davis en 2004 (et celle à venir en décembre), deux finales de la coupe du roi de football, aucun club en résidence.
Il a été rebaptisé le "poyaque". Il faut avoir entendu une fois dans sa vie l'accent andalou pour comprendre cette expression. Le "po ya que" est une variante locale de "pues ya que", "et bien puisque". "Et bien puisqu'on est ici, on pourrait le transformer en ceci. Et bien puisqu'il est là, on pourrait en faire cela."
A la fin des années 1990, alors que Bilbao inaugurait son musée Guggenheim, la Galice, à l'Ouest du pays, voulait elle aussi son emblème culturel : une cité de la culture au cœur des monts Gaias, aussi vaste que la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle elle-même. L'objectif était d'accueillir la bibliothèque et les archives de Saint-Jacques, un musée de l'histoire de Galice, un opéra digne du Lincoln Centre à New York, un bâtiment dédié aux nouvelles technologies... Des six édifices prévus, seuls quatre ont été construits, après un investissement de 400 millions d'euros. Et les événements, conférences et concerts organisés par la Cité de la culture sont loin d'attirer la foule.
Et vous ? Vous vivez en Espagne et avez constaté dans votre ville des exemples d'investissements démesurés ? Racontez-nous ce "despilfarro", en nous précisant le nom de la ville, le type exact de construction, les dates d'inauguration et pourquoi l'infrastructure est peu ou pas utilisée. Vous pouvez aussi nous envoyer vos photos à photoslemonde@gmail.com.
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M. G.