Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 16:35

Gérard Filoche sur Marianne2

La crise grecque est loin d’être terminée. Il est néanmoins possible de tirer un bilan provisoire sous forme de 6 leçons. La troïka s’est acharnée à extorquer encore 385 millions aux Grecs avant de donner 130 milliards aux banques… au nom des Grecs. C’est une honte à vomir.



  1. La troïka (FMI, Union européenne, Banque centrale européenne) n’hésite pas à plonger la population grecque dans le chaos social pour tenter de sauver la finance
 
Sonia Mitralia, membre du comité grec contre la dette a prononcé le 24 janvier un discours devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg.

Elle déclarait notamment :

« Les salaires et les retraites sont amputés de 50 % et même dans certains cas, de 70 %.

La malnutrition fait des ravages parmi les enfants de l’école primaire, la faim fait son apparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des dizaines, de milliers de SDF misérables, affamés et en haillons.

Le chômage atteint désormais 20 % de la population et 45 % des jeunes (49,5 % pour les jeunes femmes).

Les services publics sont liquidés ou privatisés avec comme conséquence que les lits d’hôpitaux sont réduits (par décision gouvernementale de 40 %, qu’il faut payer très cher même pour accoucher, qu’il n’y a plus dans les hôpitaux publics de pansements ou de médicaments de base comme des aspirines.

L’Etat grec n’est toujours pas capable, en janvier 2012, de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé.


Des dizaines de milliers de citoyens grecs handicapés, infirmes ou souffrants de maladies rares se voient condamnés à une mort certaine et à brève échéance après que l’Etat grec leur a coupé les subsides et les médicaments.

Le nombre de tentatives de suicide s’accroît à une vitesse hallucinante, comme d’ailleurs des séropositifs et des toxicomanes abandonnés désormais à leur sort par les autorités… »
 
Cela ne suffit pas à la Troïka qui exige une nouvelle saignée de la population grecque : baisse du salaire minimum, baisse des retraites, nouveaux licenciements dans le secteur public. Sarkozy, affirmait à l’issue du dernier Conseil des ministres franco-allemand : « Les Grecs ont pris des engagements, ils doivent les respecter scrupuleusement, il n’y a pas le choix, le temps presse, c’est une affaire de jours, maintenant il faut conclure ». Cet homme-là est décidément d’une grande humanité.
 
Les termes de « plans d’austérité » ou de « plans de rigueur » sont inadéquats. Ils suggèrent une forme d’ascèse librement acceptée, un passage qui serait difficile mais nécessaire. Cela n’a rien à voir avec la réalité. Ces plans sont des plans de destruction sociale.
 
Nous sommes ramenés plus d’un siècle en arrière lorsque les libéraux ne cachaient pas qu’ils croyaient que seule la faim pouvait pousser les salariés à travailler. Aujourd’hui, c’est le peuple grec qui subit la loi de la finance dans toute sa barbarie. Demain, ce sera le tour du Portugal, de l’Irlande, de l’Espagne, de l’Italie, de la Belgique, de la France…

 

  1. Les plans de destruction sociale de la troïka enfoncent la Grèce et l’Union européenne dans la récession
 
La Grèce subira en 2012 sa cinquième année de récession consécutive. En 2011, son PIB a diminué de près de 6 %. L’année 2012 sera encore pire.
 
Cette récession n’est pas due à la fatalité mais aux plans de destruction sociale successifs imposés à la Grèce. Ces plans massacrent la consommation intérieure. Le chômage dépasse les 22 % de la population et atteint 45 % chez les jeunes. La récession entraîne une baisse des recettes publiques (impôts, cotisations sociales) et donc une augmentation du déficit public malgré les coupes opérées dans les dépenses. Pire, le ratio dette/PIBB utilisé par l’Union européenne comme par les marchés financier augmente encore plus rapidement puisque la dette publique augmente et que le PIB diminue.
 
La combinaison des plans de destruction sociale imposés à la Grèce à des plans, moins barbares, mais de même nature, imposés aux autres pays européens généralise la récession à toute l’Union européenne et aggrave la récession subie par chaque pays qui voit, ainsi, sa demande extérieure diminuer. Même l’Allemagne est maintenant touchée par la récession.
 
C’est le cas, en particulier, des pays les plus fragiles de la zone euro.

Le Portugal subira en 2012 la pire récession (de l’ordre de 5 %) depuis la sinistre récession de 1975. Dès juin 2011, le nouveau Premier ministre de droite, Pedro Coelho, annonçait deux « années terribles » de récession et de chômage alors que le chômage (officiel) dépasse déjà les 13 % de la population active.

C’est aussi le cas de l’Espagne. « Le premier trimestre va être très dur, très dur » affirmait, le jeudi 2 février, le ministre de l’Economie à la radio Onda Cero. Le FMI prévoit une contraction du PIB espagnol de 1,7 % en 2012. Le déficit public de 2011 devrait s’élever à 8 % au lieu des 6 % prévus. L’Institut nations de statistiques (INE) souligne la situation des familles au bord de la dérive sociale. Dans 1,6 millions de foyers espagnols, tous les membres sont au chômage. 1/3 des 5,27 millions de chômeurs ne bénéficie d’aucune aide sociale de l’Etat. 22,85 % de la population (chiffre officiel) est au chômage et 51,4 % des moins de 25 ans.
 
Les économies des pays de l’Union européenne entrent en récession, les unes après les autres. Avec à chaque fois, la même origine : les plans de destruction sociale mis en œuvre dans l’ensemble de l’Union européenne.
 
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang manque de s’étouffer en évoquant le « puits sans fond » de la dette publique grecque. Il oublie toutefois de préciser que ce sont les « remèdes » de l’UE et du FMI qui ont creusé ce trou depuis 2010.
 
Il suffit d’ailleurs de constater l’évolution des dettes publiques des pays européens les plus fragiles pour constater l’effet désastreux des plans de destruction sociale imposés par la troïka.

En 2010, la dette publique de la Grèce s’élevait à 140 % de son PIB, celle du Portugal à 91 % de son PIB, celle de l’Irlande à 96 % et celle de l’Espagne à 60 %.

Aujourd’hui, la dette publique de la Grèce atteint 162 % de son PIB, celle du Portugal 110 %, celle de l’Irlande 105 % et celle de l’Espagne 66 %.
 
Christine Lagarde, elle-même, prend conscience du danger et prévient que « les 17 pays de le l’euro ne doivent pas entreprendre des réductions drastiques de dépenses au même rythme et de même ampleur ». Ce qui n’empêche pas la Troïka, dont le FMI est l’un des participants de poids, d’exiger une nouvelle saignée de la Grèce.

 

  1. Les banques se gavent aux dépens des populations européennes
 
Le nouveau plan d’aide à la Grèce, prévu par la troïka, doit renforcer le capital des banques grecques d’un montant de 40 milliards d’euros pour compenser les pertes de 50 à 70 % de la valeur des titres grecs qu’elles possèdent. Ce sera à l’ensemble du peuple grec de payer rembourser ses 40 milliards d’euros et à subir le nouveau plan de destruction sociale, en contrepartie du prêt consenti par l’UE et le FMI.

La Banque centrale européenne (BCE) a, en décembre 2001, fourni 489 milliards de liquidité aux banques européennes sous forme de crédit à 3 ans au taux très bas de 1 %. Elle s’apprête à recommencer la même opération (pour un montant sans doute plus important encore) en janvier 2012. Ces banques ont utilisé une partie de ces fonds pour acheter des titres italiens ou espagnols lors des dernières émissions de dette publique de l’Italie et de l’Espagne. Ces titres leur permettront d’empocher, chaque année, des taux d’intérêt de 5 à 7 %.
 
Pendant combien de temps les peuples européens accepteront-ils d’être saignés à blanc pour enrichir les banques qui empruntent à 1 % à la BCE pour prêter à 5 à 7 % aux Etats européens ?
 
Ce n’est pas supportable plus longtemps : la BCE doit acquérir directement les titres des dettes publiques nouvellement émis à un taux de 1 % ou de 0,75 % comme elle prévoit de le faire pour les banques européennes.

 

  1. Les plans d’aide à la Grèce sont des plans d’aide aux créanciers de la Grèce : les banques, les assurances et les fonds spéculatifs
 
Les Grecs ne voient pas un centime d’euro des « plans d’aide » appelés par antiphrase « plans d’aide à la Grèce ». Les sommes versées par le FMI et l’UE vont directement dans les poches des créanciers de la Grèce, en particulier les banques et les assurances grecques mais surtout allemandes françaises, britanniques.
 
Les plans d’aide à la Grèce sont donc des plans d’aide aux créanciers de la Grèce : les banques, les assurances et les fonds spéculatifs. On comprend aisément pourquoi ils ne portent pas leur véritable nom.
 
Pour ceux qui douteraient de cette réalité, ils n’auraient qu’à se référer aux dernières déclarations de Sarkozy et Merkel. Ils ont souhaité que les sommes versées par l’UE et le FMI (par tranches successives) soient bloquées sur un compte séquestre « pour être sûr que cet argent sera durablement disponible pour assurer les paiements du service de la dette du pays ». Et éviter, sans doute, que quelques dizaines de milliers d’euros ne s’égarent pour aller financer des cantines ou des médicaments pour les hôpitaux grecs.

 

  1. L’article 63 du traité de l’Union européenne permet aux « hedge funds » de spéculer sur la dette grecque
 
 
Article 63 du Traité européen qui est une reprise de l’Acte unique de 1986 interdit que soit instauré le moindre contrôle des capitaux à l’entrée ou à la sortie de l’Union européenne.
 
C’est cet article qui permet, aujourd’hui, aux « hedge funds » anglo-saxons de spéculer sur les dettes publiques des pays de l’Union européenne en se souciant comme d’une guigne des conséquences de leur spéculation pour la population de ces pays et sur l’avenir de la zone euro.

 

  1. Rien n’empêche la Grèce de faire défaut, au contraire
 
Il est stupéfiant de constater l’arrogance des dirigeants européens qui affirment « perdre patience » face aux « atermoiements » des Grecs qui n’acceptent pas sans quelques réticences la ruine de leur pays.
 
C’est le monde à l’envers. Il suffirait que la Grèce affirme qu’elle va faire défaut de sa dette publique pour que l’on assiste aussitôt au spectacle des dirigeants européens et des banques européennes perdant brutalement leur superbe et acceptant, en toute humilité, de négocier la restructuration de la dette publique grecque, oubliant au passage toutes leurs prétentions à imposer leurs ignobles plans de destruction sociale.

Qui aurait, en effet, le plus à perdre à un défaut de la dette publique grecque ?

La Grèce ? Certainement pas.

Que pourrait-il, en effet, lui arriver de pire que ce qu’elle subit en se refusant à faire défaut ?
 
La Grèce ne pourrait pas faire face à l’échéance de 14,5 milliards d’euros en mars 2012 ?

Menace dérisoire. Si la Grèce faisait défaut de sa dette, c’est-à-dire annulait sa dette publique, elle n’aurait pas à se préoccuper de ces 14,5 milliards d’euros qui n’ont qu’une fonction, rembourser les créanciers de la dette publique grecque du montant des titres de cette dette qui arriveront à échéance en mars. En faisant défaut de sa dette, la Grèce effacerait toutes ses dettes dont celles qui arrivent à échéance en mars.
 
La Grèce risquerait de faire faillite ?

Cest une supercherie. Un épouvantail agité par les dirigeants européens et la quasi-totalité des médias.

Un Etat relève du droit international et a le droit souverain de faire défaut de sa dette c’est-à-dire de ne plus la rembourser et de ne plus payer les intérêts qui lui sont liés.

La faillite relève du droit privé et ne s’applique pas à un Etat. Nul n’a le droit de vendre un Etat par appartement pour l’obliger à rembourser sa dette s’il décide de faire défaut.

C’est justement parce que la Grèce ne fait pas défaut qu’elle est traitée comme une entreprise privée, que ses services publics sont vendus à l’encan et que ses créanciers peuvent lui imposer des plans de destruction sociale à répétition.

Si la Grèce faisait faillite, elle serait cent fois mieux traitée et pourrait chasser de son sol les hommes et les femmes en noir de la troïka avec, dans leurs attaché-case, leurs plans de destruction sociale de la Grèce.
 
La Grèce risquerait de ne plus avoir accès aux marchés financiers ?

C’est une menace ridicule. Aujourd’hui, la Grèce ne pourrait pas se refinancer sur ses marchés à moins de 35 %. Les marchés financiers lui sont donc interdits.

Mais si elle dénonçait une dette de 390 milliards d’euros, elle aurait tout le temps de relancer son économie, comme l’ont fait la Russie après 1998 et l’Argentine après 2001, puis de revenir sur les marchés financiers, si tel était son choix, mais avec des taux de 1 ou 2 %. Pour la finance, en effet, l’argent n’a pas d’odeur et elle sera toujours prête à faire crédit à un pays en plein développement et avec une dette publique considérablement allégée.
 
La Grèce serait obligée de quitter la zone euro si elle annulait sa dette publique ?

Mais où Sarkozy a-t-il lu cela, lui qui le premier a brandi cette menace ?

Il n’y a rien qui permette de le faire dans les traités européens où ce cas de figure avait été résolument écarté par les pays signataires.

Comment, lui toujours si prompt à réclamer le respect des traités quand cela l’arrange, pourrait-il s’asseoir aussi délibérément sur le traité européen ?

Un défaut de la Grèce aurait, au contraire, des répercussions désastreuses pour les banques et les oligarques européens

Les taux des dettes publiques italiennes et espagnoles augmenteraient brutalement.

L’Italie et l’Espagne serait dans l’obligation, soit à faire défaut, soit à faire appel au FMI et à l’UE. Mais le FMI et l’UE n’ont pas les moyens de faire face à une crise des dettes publiques espagnole et italienne. La dette publique grecque s’élève à 390 milliards d’euros, les dettes espagnoles et italiennes cumulées à 2 850 milliards d’euros !
 
La crise grecque ferait tâche d’huile et la plupart des pays européens se verraient dans l’obligation d’annuler une bonne partie de leurs dettes.
 
Il suffit de se rappeler de la panique qui avait saisi Sarkozy et Merkel lorsque Papandréou avait brandi la menace (hélas passagère) d’un référendum grec pour comprendre à quel point ces Tartarins sont vulnérables.
 
Le milliardaire américain Paul Getty l’avait compris il y a déjà quelques temps : « Si vous devez mille dollars à votre banquier, il vous tient. Si vous lui devez un million de dollars, c’est vous qui le tenez ». Et c’est des centaines de milliards d’euros que la Grèce doit à ses créanciers.
 
Si Papandréou avait eu le courage de défendre les intérêts du peuple grec plutôt que ceux des banques et de la finance, il aurait pu obliger l’Union européenne et le FMI à régler très rapidement, dès 2010, le problème de la dette grecque en négociant l’annulation de la plus grande partie de la dette. Il aurait pour cela suffi qu’ils menacent les Merkel et autre Sarkozy d’une annulation unilatérale de la dette grecque. Il aurait alors inversé le rapport de forces et obligé la Finance à négocier, le dos au mur. Il aurait, par la même occasion, évité qu’une égratignure (la Grèce représente 3 % du PIB de la zone euro) ne se transforme en danger de gangrène pour l’ensemble de la zone euro.
 
Il est urgent pour le Parti socialiste grec (le Pasok) de changer de politique et de défendre les intérêts du salariat grec plutôt que ceux de la Finance. Cette Finance que François désignait, à juste titre, dans son discours du Bourget comme notre ennemi.

Les 22 députés socialistes qui se sont opposés au vote du nouveau plan de destruction sociale de la Grèce montrent la voie du redressement pour le Parti socialiste grec.
 
Jean-Jacques Chavigné

 

Jeudi 16 Février 2012
Gérard Filoche
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22