La centaine d'«indignés» qui campe toujours au square Victoria à Montréal entend rester. En assemblée tard lundi soir, le groupe a voté en faveur d'une grande manifestation pour une «occupation responsable» de la place.
Ils déclinent ainsi l'invitation du maire Gérald Tremblay, qui a affirmé lundi soir qu'ils pouvaient maintenant «partir la tête haute».
La Presse a assisté aux délibérations qui se sont déroulées sous terre, tard lundi soir, dans la station de métro square Victoria. Soixante-dix personnes se sont montrées enthousiastes à l'idée de poursuivre Occupons Montréal.
«Nous n'avons pas l'intention de partir. Nous avons l'intention de réviser le message: d'expliquer que l'on veut rester et occuper responsablement», a expliqué Alain Berger, l'un des occupants.
Pour souligner à grands traits sont désir de rester, Occupons Montréal prépare un grand rassemblement ce samedi après-midi, au square Victoria. C'est sous un tonnerre d'applaudissements que cette proposition a été acceptée.
Alain Berger souligne aussi que le point de presse organisé par quelques membres du groupe plus tôt ce lundi ne «représentait pas l'opinion de la majorité». Des indignés de la première heure ont quitté le campement afin de poursuivre leurs actions militantes à l'extérieur.
Plusieursdénoncent les problèmes de gestion d'Occupons Montréal, aux prises avec des problèmes d'itinérance et de toxicomanie.
Cette prise de position publique a déplu à plusieurs occupants. En assemblée hier soir, un groupe a tenté de faire accepter une proposition pour limiter les contacts des participants avec la presse, en vain.
D'autres admettent ouvertement que l'occupation mène à des accrochages préoccupants, mais gardent l'espoir de tout concilier: le militantisme, les tâches sur le site et la gestion de la sécurité. «On veut démontrer que l'on peut gérer notre communauté, ici, mais on ne peut pas le faire seuls, affirme Paul Bode, un des occupants. On ne veut pas juste l'aide de la Ville. On veut l'aide de tout le monde.»
Les indignés ont été expulsés par les autorités de la Ville de Québec. La Ville de Québec a mis à exécution sa menace d'expulser les indignés de la place de l'Université-du-Québec. Le campement a été démantelé dès 6 h, mardi matin, par des employés municipaux.
Un périmètre de sécurité avait été établi autour du site pour empêcher les gens d'y accéder. Des dizaines de policiers escortaient les employés municipaux qui ont complété le démantèlement des tentes vers 7 h 15.
Seulement quelques personnes étaient présentes, tôt mardi, lors de l'intervention des autorités municipales. Les indignés ont accepté de quitter les lieux sans résister.
L'un des manifestants, Guy Wera, a critiqué l'attitude du maire Régis Labeaume en affirmant qu'il allait continuer de porter le message du mouvement. « On s'attendait à ce qu'il arrive quelque chose. Nous, on est là pour parler de démocratie, on est là pour montrer au peuple comment notre démocratie ne marche pas et qu'on a des dictateurs élus. Le comportement du maire est un comportement de dictateur. »
Le porte-parole de la Ville de Québec, Jacques Perron, a rappelé que les manifestants devaient quitter les lieux uniquement pour des raisons de sécurité. « La position de la Ville est claire. Une fois que les installations vont avoir été démontées, les gens pourront revenir sur la place publique. On n'est pas contre la liberté d'expression. Les gens pourront revenir manifester et prendre la parole. Cependant, la Ville ne tolérera plus aucune installation, ça, c'est clair. »
Le maire de Québec, Régis Labeaume, avait lancé lundi soir un ultimatum aux indignés pour qu'ils quittent les lieux, affirmant que sa patience avait atteint sa limite.
Les indignés occupaient la place de l'Université-du-Québec depuis le 22 octobre.