Après une journée de mobilisation organisée pour marquer ses deux mois d'existence, et qualifiée "d'historique" aux Etats-Unis, Occupy Wall Street se dit déterminé à construire un mouvement "encore plus large". Avec le soutien des syndicats et des étudiants, les "Indignés" américains ont affirmé avoir rassemblé jeudi jusqu'à 30.000 personnes dans la seule ville de new York lors d'une marche sur la partie piétonne du pont de Brooklyn. "Nous sommes nombreux à nous être couchés avec le sentiment d'avoir vécu le meilleur jour du mouvement", a indiqué un porte-parole du mouvement protestataire, Ed Needham. "Mais nous continuons de penser ce n'est que le début d'un nouveau chapitre".
Il est vrai que le mouvement, parti du square Zuccotti à New York, non loin du coeur de la finance mondiale (d'où son nom) s'est étendu depuis septembre à de nombreuses villes américaines. Suivi à l'origine par quelques dizaines de personnes, il a réussi à fédérer des milliers de manifestants à New York même et dans d'autres grands centres, suscitant l'attention croissante des médias américains, sous les yeux d'une police souvent fébrile et parfois violente. Mais il est désormais confronté à une crise de croissance. Sa popularité même accroît les risques de récupération. "Une des choses à noter, c'est qu'une partie importante des gens étaient des syndicalistes, privés ou municipaux. Ils avaient leurs pancartes et leurs leaders, ce n'était pas vraiment les manifestants qui ont campé sur le square Zuccotti", a ainsi commenté le maire de New York, Michael Bloomberg, revenant sur les manifestations de jeudi.
"Difficile de dire ce qui va se passer"
Parallèlement, quelques jours après le démantèlement de leur campement du parc Zuccotti, les organisateurs du mouvement sont confrontés à des difficultés logistiques qui pourraient décourager les sympathisants et jeter une ombre sur la poursuite du mouvement. Sur le parc situé dans le sud de Manhattan, ils ne sont plus qu'une poignée de manifestants à braver les températures automnales pour maintenir le mouvement anti-Wall Street à flot. Et face à la baisse de la mobilisation, les autorités new yorkaises, qui avaient ordonné l'évacuation du parc en invoquant des raisons d'hygiène et de sécurité, se prennent à espérer une fin rapide du mouvement.
"Il y a des problèmes dans le pays", a déclaré Michael Bloomberg dans son émission radiophonique hebdomadaire. "Vous pouvez faire entendre votre voix, ce qui, je pense, a été fait. Maintenant il est temps de repartir et de construire l'économie et de créer les emplois dont les gens ont besoin".
"C'est difficile de dire ce qui va se passer maintenant", reconnaît un des protestataires, John Carhart, 28 ans, venu du New Jersey. Les organisateurs espèrent trouver un espace d'ici la fin de l'année "pour que les gens puissent avoir un endroit pour déposer leurs affaires et une place pour dormir au chaud", dit-il. Pour l'heure, les anciens campeurs du parc Zuccotti ont trouvé refuge dans quelques églises ou chez des militants new-yorkais. Caiti Lattimer, qui dit accueillir des "Indignés" chez elle, estime toutefois que l'arrivée des vacances de Noël pourrait porter un coup à la mobilisation. "Les gens vont revenir chez eux pour Noël. Mais il y aura toujours des gens qui (...) resteront", estime-t-elle.