On peut s’inquiéter de Jean-Luc Mélenchon et de ses intonations à la Chavez. Il faut s’inquiéter de Jean-Luc Mélenchon et de ses intonations à la Chavez.
On peut s’irriter de la violence verbale à répétition de Jean-Luc Mélenchon et même estimer qu’elle le dessert. Il faut s’irriter de la violence verbale à répétition de Jean-Luc Mélenchon qui, en effet, le dessert au plan électoral (voir les derniers et récents résultats du Front de Gauche, par exemple à la législative partielle de l’Oise — calamiteux).
Une remarque, essentielle me semble-t-il : une fois encore, une fois de plus, avocats et communicants ont voulu « crétiniser » les citoyens en tentant, en vain, de leur bourrer le mou. Car dans ses aveux, il y a eu deux périodes. D’abord le mensonge : rongé par le remords, Cahuzac a fini par avouer ; et les médias de raconter tant et plus cette sornette. Cahuzac, un personnage romantique. Il fallait oser ; ils ont osé !
Il aura fallu quarante-huit heures aux Français pour comprendre qu’il n’en était rien, qu’on les baratinait comme à l’accoutumée, que l’ex-ministre du Budget était allé rendre visite et compte au juge Van Ruynbeke parce que, stratégiquement il n’avait plus le choix, parce que le magistrat disposait de toutes les preuves, et savait tout, quasiment dans le moindre détail. Voilà tout.
2. Où l’on découvre que Cahuzac a longtemps vécu dans un milieu... d’extrême droite...
C’est un saisissant article du Monde, sans doute le plus retentissant de la semaine, mais passé (relativement) inaperçu : Jérôme Cahuzac, non pas adolescent, mais bel et bien adulte, baignait dans un entourage d’extrême droite.
Convenons au moins qu’un tel grand écart n’est pas courant, qu’on peut s’interroger sur un tel contresens idéologique : d’un entourage GUD, ce groupuscule étudiant à la droite du FN, au Parti Socialiste. On peut donc avoir des doutes, au moins des doutes, quant à la sincérité politique de Cahuzac.
3. Où l’on découvre que le conseiller politique de Marine Le Pen organisa la fuite fiscale de... Jérôme Cahuzac...
« Tous pourris », laisse entendre Jean-Luc Mélenchon. Et nous tous, médiateurs à la fois convenables et par définition modérés, de condamner cette hasardeuse — et dangereuse — généralisation. Mais en l’occurrence, dans le cas précis, au cours de la semaine qui vient de s’écouler, comment désavouer sans aucune gêne le chef du Front de gauche ? Car tout de même...
C’est le même personnage, un ex du GUD qui, aujourd’hui, influe sur Marine Le Pen et, hier, ouvrit le compte suisse de Jérôme Cahuzac. Rien à voir ? Deux « activités » différentes ? Mais dans l’esprit des Français — et pourquoi leur donner tort ? — c’est le même monde financiaro-politique dont il s’agit allant de l’extrême droite à la social-democratie, c’est la défense des mêmes intérêts par des individus interchangeables qui est en cause — on sait que les Le Pen eux aussi ont disposé de fonds (abondants) en Suisse. Et les citoyens, apprenant tout ça, n’auraient pas la nausée ?
Dans leur for intérieur, ils désavoueraient forcément Mélenchon, même ceux qui ne votent pas en sa faveur ? Que les tenants du cercle de la raison continuent de se rassurer entre eux en espérant que « ça passe »...
4. Où l’on découvre que CNN en fait des tonnes sur l’affaire... Augier.
Patientant dans un aéroport ce week-end, je regardais en boucle CNN, la grande chaine américaine d’infos en continu. Sujet d’ouverture des principaux JT ? Jean-Jacques Augier, trésorier de la campagne présidentielle de Francois Hollande, exerce des activités off-shore aux Îles Caïmans.
Pour les journalistes de CNN, aucun doute : voici les germes d’un scandale politique. Non pas que les pratiques d’Augier soient illégales, expliquent-ils ; elles ont toutes les formes de la légalité ; non pas que Hollande soit soupçonné d’avoir tiré quelque bénéfice que ce soit de ces montages, précisent-ils ; nul ne met en doute sa scrupuleuse honnêteté personnelle.
L’interrogation de nos confrères américains porte sur un autre point, crucial dans leur esprit : comment le président français, alors candidat, a-t-il pu être aussi imprudent, ne pas davantage se renseigner sur le business de son ami Augier alors qu’il s’apprêtait à lui confier une mission aussi importante ?
Négligence ? Naïveté ? Manque de professionnalisme ? Francois Hollande sait pertinemment que les Français, dans leur immense majorité, se posent les mêmes questions que les journalistes de CNN. Ça ne devrait pas le rassurer...
5. Où l’on découvre que le député UDI Jean-Christophe Lagarde aurait mieux fait de ne pas intervenir à l’Assemblée Nationale...
Non sans talent, il fut impitoyable envers le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et le ministre de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici. Porte-parole de l’opposition, le député de Drancy (Seine-Saint-Denis) fut plus allant et habile que les UMP Bernard Accoyer et Christian Jacob. Las...
Quelques heures après, ses administrés apprenaient qu’il était empêtré dans une affaire de fonds publics à l’utilisation contestée et contestable, que Lagarde, bientôt, a rendez-vous au tribunal, bref qu’il aurait mieux fait de passer son tour au Palais Bourbon.
Arrêtons-la l’énumération de cette série hebdomadaire de déconvenues politiques, républicaines et démocratiques. Elles donnent mal à la tête.
Ça ira mieux demain ? Rien n’est moins sûr.