Ces manifestations assourdissantes n'avaient sans doute pas été aussi importantes depuis 2008, lors de la crise gouvernementale qui avait entaché le début du mandat de la présidente de centre gauche, un an après son élection, comme le rapporte le quotidien La Nacion. Elles rappellent surtout, de manière tapageuse, la crise économique de 2001 qu'avait dû traverser le pays. A l'époque, la multiplication des "cacerolazos" avait abouti, entre autres, à la démission du président de la république, Fernando de la Rua.
TOUS "NEGRO", TOUS CONTRE "K"
Jeudi, onze ans après, les "cacerolazos" ont massivement retenti dans les rues de Buenos Aires, la capitale, mais aussi dans d'autres villes du pays comme Mendoza, Rosario, La Plata, Cordoba, Santa Fe y Bariloche. Sur les pancartes des manifestants, on pouvait lire des revendications aussi diverses que "Non à l'inflation !", "Pour la liberté et la défense de la Constitution nationale", "Pour la sécurité", relate le quotidien Clarin.
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Si les journaux argentins parlent de manifestants majoritairement issus de la classe moyenne, les participants à ce "cacerolazo" massif avaient des profils très variés, décrit le journal de gauche Pagina12 . "Hommes, femmes, jeunes, vieux, vêtus de costumes impeccables ou de bermudas, les manifestants n'avaient que peu de choses en commun, si ce n'est celui de ne pas être 'negro', (d'une classe populaire), et de protester contre 'K' (Kirchner)", rapporte le journal.
Un autre point commun unissait les manifestants : la crainte d'une éventuelle volonté de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle de la part de Cristina Kirchner. Cette peur, qui ne repose sur aucune déclaration officielle de la présidente, est née d'un texte de 40 000 caractères. Intitulé "La différence", ce document a été publié en août 2012 par un mouvement d'intellectuels pro-gouvernemental appelé Carta Abierta et plaide ouvertement pour une réforme de la constitution argentine pour établir une "barrière anti-néolibérale".
KIRCHNER, "VA REJOINDRE TON MARI"
Une initiative qui, sans évoquer officiellement la possibilité d'un troisième mandat (actuellement interdit par la Constitution) de CFK, a exacerbé la lassitude de certains argentins vis-à-vis des "K", au pouvoir depuis bientôt 10 ans. Elue en 2007, puis réélue en 2011 pour un mandant de quatre ans, Cristina Kirchner a succédé à son mari Nestor Kirchner, qui était lui-même président de la république depuis 2003.
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Lancé il y a une vingtaine de jours, essentiellement sur les réseaux sociaux, le "cacerolazo" de ce 13 septembre a mis en lumière l'animosité d'une partie de la population du pays envers Cristina Kirchner. Sur Twitter, vendredi matin, l'un des mots clés les plus utilisés par les Argentins sur le réseau social était #AndaconNestor . Ce refrain lancé par les internautes, signifiant "Va rejoindre Nestor", invite la présidente à retrouver son défunt mari.
Alors que les casseroles résonnaient dans le pays, la présidente n'a pas semblé s'inquiéter d'une telle mobilisation. "Je ne m'affole pas. Qu'ils restent tranquilles !", a déclaré Cristina Kirchner lors d'une cérémonie officielle à San Juan, au nord du pays, devant un public ouvertement favorable à sa réélection en 2015 pour un troisième mandat. Signe que l'angoisse d'un éventuel renouvellement du mandat de Cristina Kirchner est bien présente, une pétition a été lancée ce vendredi par le Front progressiste (FAP), contre la "re-réélection" de la présidente, rapporte le journal ElDiaro24. Le parti recherche un million de signatures d'ici au 30 octobre.