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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 12:27

LEMONDE | 19.01.12 | 12h08   •  Mis à jour le 19.01.12 | 12h17

 
 

 

Le coup est rude pour ces salariés qui se sont battus bec et ongles.

Le coup est rude pour ces salariés qui se sont battus bec et ongles. AFP/JEAN-PHILIPPE KSIAZEK


Lyon Envoyée spéciale - Mauvais calendrier pour Nicolas Sarkozy. Le président de la République comptait défendre le "Made in France" jeudi 19 janvier dans l'usine Seb à Pont-Evêque (Isère) alors que, la veille, journée marquée par le sommet social à l'Elysée, les salariés de la dernière usine du fabricant de lingerie Lejaby dans l'Hexagone avaient appris la fermeture du site d'Yssingeaux (Haute-Loire). Déjà délocalisée à 93 %, la production de l'entreprise sera désormais intégralement sous-traitée en Tunisie.

Le tribunal de commerce de Lyon a certes choisi mercredi 18 janvier l'offre de reprise la "mieux-disante" sur le plan social, proposée par Alain Prost – ancien PDG de La Perla et ex-directeur général de Chantelle – et ses associés pour un euro symbolique. Mais sur les 450 salariés de l'entreprise, seuls 195conserveront leur emploi, les 255 autres seront licenciés. Les 93 salariés de l'atelier d'assemblage d'Yssingeaux, dont 90 femmes, seront prioritairement réembauchés sur l'ultime site de Rillieux-la-Pape (Rhône).

Associé au sous-traitant historique de Lejaby, Isalys, basé à Sfax (Tunisie), M. Prost compte investir 7 millions d'euros et repositionner la marque sur le haut de gamme. Il a aussi promis 500 000 euros pour aider les salariés sur le carreau. L'autre proposition en lice, jugée moins solide financièrement, portée par le patron de la PME de lingerie Canat, ne conservait que 170 emplois, mais 50 dans l'usine de Haute-Loire.

FATALITÉ

Le coup est rude pour ces salariés qui se sont battus bec et ongles. En vain. La désindustrialisation dans le textile en France semble une nouvelle fois une fatalité. Très tôt, ce secteur, et notamment la lingerie, a pris de plein fouet les effets de la mondialisation. La production des dessous de marques françaises est désormais presqu'entièrement sous-traitée en Tunisie, au Maroc ou en Chine.
La semaine a été éprouvante. Jeudi matin, les salariés d'Yssingeaux envisageaient d'occuper l'usine et une dizaine d'ouvrières parlaient d'une grève de la faim. La veille, une soixantaine avaient défilé au Puy-en-Velay devant la permanence du maire Laurent Wauquiez, également ministre de l'enseignement supérieur.

Mardi, avant l'audience au tribunal, les ouvriers avaient fait appel au symbole. C'est dans la cour des Voraces, sur les coteaux de la Croix-Rousse à Lyon – haut lieu de la résistance des canuts et des insurrections républicaines du XIXe siècle – qu'ils s'étaient réunis. Pour faire "une dernière photo de famille" sur ces hauts escaliers et exprimer toute leur colère. Venus à bord de deux autocars, les employés d'Yssingeaux représentaient le gros des troupes. La plupart avaient passé une nuit blanche, à occuper leur usine.

Il faisait un froid à pierre fendre, mais les ouvrières avaient pris la pose, sur les marches, avec un masque blanc sur le visage. Des lettres accrochées à l'escalier formaient une grande frise "Lejaby, Palmers m'a tué". D'immenses posters de jolies filles sexy vêtues de leurs seuls sous-vêtements n'arrivaient pas à réchauffer les cœurs. Ni les pieds gelés des manifestantes.

Avec son caractère trempé, Nicole Mendez (CFDT) avait lancé au mégaphone, dans la cour des Voraces : "“Voraces”, comme les fonds d'investissement qui nous ont rachetés par le biais de Palmers !" En trois ans, ils ont déjà "dégraissé" les emplois, de 650 à 450. Elle avait fustigé l'"incompétence" de Palmers, qui "a entraîné une réduction de moitié du chiffre d'affaires, de 80 à 40 millions d'euros" de Lejaby.

Un sentiment de colère dominait. "Ce qui nous arrive est injuste, méprisant", disait Bernadette, ouvrière à Yssingeaux à quatre ans de la retraite. "On nous a laissé trop peu de chances, c'est l'enterrement de Lejaby". "L'avenir n'est pas brillant", renchérissait Monique, "avec selon les offres, 57 ou 60 % d'employés non repris". L'inquiétude était partagée : "Déjà nos enfants ne trouvent pas de boulot, si maintenant c'est au tour des parents…. Dans ce métier, à plus de cinquante ans, on est un dinosaure", ajoutait Anne-Marie.

LOURD PASSIF SOCIAL

Le passif de Lejaby en termes de casse sociale est déjà bien lourd. Entre2002 et 2008, l'actionnaire américain Warnaco avait fermé quatre usines et licencié 250 salariés, avant que Palmers ne supprime à son tour en 2010 trois autres sites de production – Bourg-en-Bresse et Bellegarde-sur-Valserine (Ain) et Le Teil (Ardèche) – et supprime 193 emplois. Ces mesures ont contribué à la débâcle. Le dépôt de bilan a été prononcé le 27 octobre 2011 et la liquidation le 22 décembre.

"On peut se demander si Palmers n'a pas utilisé la cessation de paiements pour échapper au paiement de certains engagements, comme les sommes restant dues au titre du PSE de 2010", note Janine Caillot (CGT). Pour elle, ce "gâchis humain, social et économique" est imputable "aux choix condamnables de gestion" de l'actionnaire qui n'a pas "financé sa filiale Lejaby". Elle se demande si cette volonté est liée au fait que "le groupe Palmers soit mis en vente, en dehors de Lejaby".

Des regrets, chacun en ressasse à la pelle. Pour Gilles Véron, l'expert du cabinet Syndex choisi par le Comité central d'entreprise (CCE), "le dépôt de bilan a été mal préparé, trop brutal. L'administrateur judiciaire a dû chercher des repreneurs dans la précipitation" M.Véron se désole surtout qu'un délai si court n'ait pas permis de faire une offre de reprise par les salariés. Il aurait aimé pouvoir initier un projet de reprise avec un fonds d'investissement socialement responsable. Un vœu pieu. Le CCE envisage de poursuivre Palmers soit aux prud'hommes soit au civil, "pour les mettre devant leurs responsabilités".

Nicole Vulser


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