Qu'attendent-ils donc tous, ces tribuns du monde entier qui sans cesse, à l' heure des crises , des conflits ou des temps médiatiques ont harangué les foules, les spectateurs et le bon peuple pour chanter les vertus de la démocratie et des Droits des peuples ?
Qu'attendent-ils donc, à l'heure où partout dans le monde, la démocratie, idéal ou projet de gouvernement, quitte le champ des théories et des discours pour investir la rue, pour habiter le peuple ? Les jeunes du monde arabe ont bouté les dictateurs hors de leur pays, les indignatos d'aujourd'hui ,d'Athènes, de Madrid, de Rome et les indignés de demain, du monde entier, ont entamé leur croisade pour le bien du peuple et les Français ont plébiscité les vertus de la démocratie participative.
Qu'attendent-ils donc nos gouvernants pour imprimer leurs pas sur le chemin de l'histoire, de cette histoire qui laisse deviner un moment unique, celui de la fin d'une époque, la fin d'un cycle diront les experts, celle de « la dictature d'une minorité au nom de la majorité ». Une minorité qui a pu mettre en faillite des États, faisant mentir les cours d'économie de bon nombre d'étudiants, qui a dû reconnaître ses responsabilités dans deux crises financières aux conséquences encore imprévisibles, une minorité tournée sur elle-même, plutôt campée sur ses acquis que tournée vers le renouveau.
Et, pourtant, le renouveau est bien là, son heure est arrivée avec la nouvelle année, cette année 2011, qui d'abord avec son lot de catastrophes écologiques a induit une modification radicale des orientations des gouvernants sur certains choix énergétiques , notamment nucléaires. C'est ensuite les bouleversements au moyen Orient qui redessinent la géopolitique de la région et conduisent à une révision des relations et des positionnements politiques des pays du monde et c'est finalement – mais est-ce fini ? - , les mouvements populaires, ici ou là, réclamant plus de bien être pour le peuple ou fustigeant le système capitaliste mondial qui obligent à voir la réalité du monde d'aujourd'hui, un monde dont on peut dire qu'il est en pleine mutation, sans que cela soit un vain mot !
Qu'attendent-ils donc ces détenteurs du Kratos pour rendre hommage au Demos et nourrir par leur participation les transformations qui s'opèrent au sein de nos démocraties, oubliant le leurre exprimé par cette répartie :
« Mon Dieu, madame la duchesse, la démocratie est
le nom que nous donnons au peuple toutes les fois que
nous avons besoin de lui… »*
Qu'attendent-ils donc ?
Michèle Lioux pour Ciesma
Copyright mauritanidees
Octobre 2011
* Durand [Vice-président du Sénat, futur président de la République],
dans L’Habit vert de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet (1912),
Acte I, scène XII