Le Monde.fr | 24.05.2012 à 12h23 • Mis à jour le 24.05.2012 à 12h23
![Né en signe de protestation contre la hausse des frais universitaires, le mouvement étudiant québecois tend à s'élargir. Au coeur du débat, désormais, la "loi 78", qui restreint la liberté de manifester. | AP/Graham Hughes Né en signe de protestation contre la hausse des frais universitaires, le mouvement étudiant québecois tend à s'élargir. Au coeur du débat, désormais, la "loi 78", qui restreint la liberté de manifester.](https://image.over-blog.com/hoqQCK8lr3BGxSaI8buuu9t6ICg=/filters:no_upscale()/http%3A%2F%2Fs2.lemde.fr%2Fimage%2F2012%2F05%2F21%2F540x270%2F1704463_3_5d8e_ne-en-signe-de-protestation-contre-la-hausse_7fa698f918e3905858e99fddb4da7c25.jpg)
Au Québec, le "printemps érable", éclos il y a quatre mois avec les premières protestations étudiantes contre la hausse des frais universitaires (+ 82 % étalés sur sept ans), tourne à l'affrontement larvé. A tel point, note Le Temps, que Montréal "ne dort plus", secouée par une crise sociale d'une ampleur jamais vue jusqu'ici.
Mardi, à l'occasion du centième jour de ce qui s'apparente à une "grève sans fin", plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé en rangs serrés dans les rues de la ville, relatent le Globe and Mail et La Presse. Leur mot d'ordre : "100 jours de grève, 100 jours de mépris, 100 jours de résistance".
Globalement pacifique jusqu'à présent, cette résistance tend pourtant à s'élargir et à se durcir. Ainsi, près de quatre cents personnes ont été interpellées tôt jeudi en raison de débordements en marge d'une nouvelle manifestation nocturne, la 30e depuis la naissance du mouvement.
"ABUS DE POUVOIR"
Désormais, la contestation populaire ne vise plus seulement la hausse des frais universitaires, mais aussi et surtout la "loi 78" - surnommée "loi matraque" par ses détracteurs. Celle-ci, adoptée en fin de semaine dernière à l'initiative du gouvernement libéral de Jean Charest, restreint le droit de manifester.
Fustigée sans réserve par la rue, laquelle semble s'engager sur la voie cahoteuse de la désobéissance civile, cette mesure d'exception est également éreintée par les médias : Le Devoir y voit un "abus de pouvoir" et une "tentation autoritaire", "corollaire de la peur engendrée par la faiblesse des autorités en place", tandis que La Presse dénonce une disposition "malavisée et contre-productive".
Au-delà de ce nœud gordien, qui déchaîne les passions, comment interpréter ce bras de fer ? S'agit-il d'un épiphénomène du mouvement des "indignés" ou, comme d'aucuns le suggèrent, un "face-à-face de générations" ? Pour La Presse, en tout cas, l'attitude de "Rambo politique" adoptée par le gouvernement ne peut conduire qu'à une aggravation de la situation. D'où l'impérieux appel lancé par le quotidien à un "retour au calme", "devoir national" pour chacune des parties au conflit.