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Barnabé Binctin (Reporterre)
mercredi 11 juin 2014
La Commission d’enquête parlementaire sur les coûts de la filière nucléaire a rendu ses travaux hier. Conclusion : largement sous-évalué, le coût du nucléaire augmente alors que celui du démantèlement ou du stockage ne sont pas connus.
Créée en décembre 2013 à la demande du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, la Commission d’enquête sur les coûts de la filière nucléaire (1) a remis mardi 10 juin ses conclusions au président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone.
Le voici en téléchargement :
C’est pour l’heure, mercredi après-midi, une exclusivité Reporterre, puisque l’Assemblée nationale ne l’a pas encore édité sur son site
Après six mois d’enquête qui auront permis d’entendre cent-dix interlocuteurs et de visiter les centrales de Fessenheim et Tricastin, le chantier de l’EPR de Flamanville ou encore l’usine de retraitement de La Hague, c’est un rapport riche de plus de deux cents pages et de seize recommandations que le président de la Commission d’enquête, le député PS François Brottes, et le rapporteur, le député EELV Denis Baupin, ont présenté.
- Au micro, François Brottes, à sa droite Claude Bartolone et Denis Baupin. -
« La commission d’enquête n’a pas pour rôle de prendre position ’pour’ ou ’contre’ le nucléaire », selon le premier, mais bien « d’aider à la transparence et à la décision des responsables politiques » pour le second. Leurs présentations respectives révèlent cependant des analyses très différentes.
François Brottes pointe du doigt trois enseignements principaux : la sécurité de l’approvisionnement en uranium - « Nous sommes loin de la pénurie : les réserves d’uranium sont abondantes et diversifiées à l’échelle du globe » - ; le poids des « coûts cachés » du nucléaire ; et un prix à la production, aujourd’hui évalué à 62 euros le mégawatt/heure, qui met « l’énergie nucléaire en tête de liste des coûts de production de l’électricité les plus intéressants en France ».
Denis Baupin, de son côté, insiste sur l’évolution à la hausse des coûts de production du nucléaire : « Une augmentation de 21 % en trois ans, selon la Cour des Comptes, c’est beaucoup ». Une tendance à la hausse qui devrait se poursuivre, alors même que ces évaluations ne prennent pas en compte « l’explosion du coût de l’EPR ».
- Le déatil du coût du "grand carénage" selon EDF (2) -
Des frais de maintenance très lourds
Le député fustige l’absence de maintenance du parc nucléaire entre les années 1970 et 2000, qui met désormais ce même parc face à des besoins d’investissement très importants – c’est le « mur d’investissement » – pour compenser le retard pris sur les travaux de maintenance, mais aussi intégrer les mesures complémentaires issues des ECS (Evaluations complémentaires de sûreté, entreprises suite à Fukushima) et renforcer la sûreté des installations sur les sites nucléaires.
La Cour des Comptes a évalué le montant de tous ces investissements : cent dix milliards d’euros. Et Denis Baupin de préciser que ce chiffre ne prend pas en compte une prolongation au-delà des quarante ans de durée de fonctionnement des réacteurs : « Si on décide de prolonger, alors il faudra intégrer d’autres investissements, de l’ordre de cinquante millions d’euros par an, par réacteur. Vous pouvez calculer le coût global des investissements que représente la poursuite en l’état du parc nucléaire français… ».
Tous les chiffres ne sont pas, par ailleurs, connus. L’enquête a fait jaillir la difficulté d’accès à l’information sur certains points. « L’ASN ne se prononce pas sur les coûts des mesures qu’elle préconise », explique Denis Baupin, qui en appelle sur ce point à la création d’une structure d’expertise indépendante permettant à l’Etat de planifier ces choix d’investissement au vu des enjeux de sûreté.
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