Nous allons de surprise en surprise. Le peu d'État fonctionnel que nous avions se vide de sens, et se vide tout court. Nombreux députés des « grands » partis, sachant qu'ils ne seront plus jamais réélus, retirent, d'après les rumeurs de saison, leurs dernières billes du système, se faisant ainsi les initiateurs d'amendements issus du monde des affaires, dépeçant le cadavre de ce qui reste du pays, moyennant finance, un service alors très payant, assez analogue de celui présumé des lobbys à Bruxelles, jeu d'ailleurs assez connu mais rarement évoqué par les grands médias.
En revanche, pour ce qui tient de leur initiative du lundi soir, les deux députés, Charalambopoulos (Pasok – P.S.) et Varvitsiotis (N.D. - droite), auraient prétendu qu'ils n'étaient pour rien, et « que l'ordre venait d'en haut, de très haut même ». En effet, lundi soir, et sous forme d'amendement « photographique » (comme on désigne chez nous, ces dispositions « prépayées » dont fait preuve parfois notre illustre Pouvoir législatif), l'État « offre » à l'Église orthodoxe grecque et implicitement aux entreprises allemandes... collaboratrices, une superficie de 2.350 hectares sur le Massif du Pentélique, à proximité d'Athènes, dont 350 hectares, sur lesquels, les prestataires venus d'Allemagne, installeront des capteurs photovoltaïques, (si nos informations sont exactes, ils s'agit de la Kopf Solarschiff GmbH, située à Sultz, au sud-ouest de Stuttgart).
L'installation des photovoltaïques d'une capacité s'élevant à 300 MW, est censée modifier l'usage des parcelles, faisant de ce parc naturel protégé, une zone à usage plutôt industriel. En effet, c'est une occasion de première ordre pour l'Église pour ce qui relève du maintient et de l'extension de sa mainmise sur des terres appartenant à l'État grec, et par la même occasion, en piétinant à la fois la Constitution qui interdit tout changement d'usage sur les espaces protégés, comme cette montagne dont sont issus les marbres du Parthénon. Cette protection, est décrétée par le J.O. (grec) 755/1988, ainsi que par le J.O. Δ/35/2010, qui oblige à replanter, là où précisément sur cette même montagne, des incendies ont causé tant de dégâts.
Ainsi, et pour prétendre faire œuvre « d'écologie » déjà, le projet de l'Église orthodoxe grecque et de ses prestataires allemands, (selon nos informations et sous réserve, appartenant au grand projet Helios de 10 gigawatt, électrifiant l'Allemagne avec le soleil, la terre, et la souveraineté des autres pays... apparemment), prévoit de planter effectivement, les 2000 hectares, tout en modifiant l'usage, sur l'ensemble de la zone. Notons que selon les positions de élus locaux de la région, sur une partie de cette superficie, on a déjà replanté.
Ces élus locaux ont alors constitué un comité de lutte, car ils s'y opposent fermement (à ce projet). « Tout doit se faire très vite de notre côté aussi, car demain jeudi, les « députés » passeront au vote, la presse et les télés n'en parlent presque pas, un scandale dans le scandale », affirment-ils, très préoccupés. C'est un ami, Grigoris, habitant ces quartiers situés au nord de agglomération d'Athènes, et proche des élus locaux et du monde associatif, qui a voulu m'inviter hier. Ainsi, j'ai accompagné ces élus dans une partie de leurs démarches durant la matinée, car je ne les connaissais pas personnellement. Il faut dire d'abord et en quelque sorte, que ces élus aussi, ont fait partie de « l'ancien monde », principalement alors issus du « métacosmos » du Pasok et de la N.D., mais plus vraiment, à présent. Et tout comme le grand « reste » de la classe moyenne dont ils demeurent les représentants, ils... resteront de plus en plus en marge du pays réel des Troïkans, qui les exclut désormais du pouvoir décisionnel, des petites et des grandes richesses du pays, de leurs prérogatives même.
Ils ont certainement commis des « erreurs », en tordant les règles de l'urbanisme par exemple, ici ou là, mais ce n'est pas pour cela qu'ils sont « punis » en ce moment. Et surtout, ce n'est pas pour cette raison que les administrateurs du pays, depuis Bruxelles, Berlin, Paris ou Washington, organisent cette mise à sac généralisée. Sans doute par contre, sur le fond de l'affaire, les élus locaux ont raison. Ils se sont assurés hier déjà, du soutien des partis de gauche, SYRIZA et KKE, lesquels espèrent obliger le Parlement à organiser un vote, finalement nominatif des députés.