LEMONDE.FR | 07.11.11 | 13h00
Moins de trois mois après avoir présenté un plan d'économies de 11 milliards d'euros pour 2012, François Fillon a de nouveau joué lundi 7 novembre le rôle de celui qui annonce les mauvaises nouvelles. Une partition qu'il affectionne.
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Le mot de "faillite" n'est "plus un mot abstrait" car "notre souveraineté financière, économique et sociale" exige "des efforts collectifs et prolongés et même quelques sacrifices", a souligné M. Fillon en ouverture de sa conférence de presse sur la présentation du plan d'austérité.
Ce plan prévoit notamment que le report de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans soit avancé d'un an pour prendre effet en 2017 et non en 2018. Il prévoit également le relèvement du taux réduit de TVA de 5,5 % à un taux intermédiaire de 7 % "sur tous les produits et les services à l'exception des produits de première nécessité notamment l'alimentation" ; une majoration de 5 % de l'impôt sur les sociétés pour les grands groupes ; une poursuite de la réduction niches fiscales... Objectif : "économiser 100 milliards d'euros pour parvenir à 0 déficit en 2016".
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En soulignant que le mot de "faillite" n'est "plus un mot abstrait", M. Fillon rappelle, en creux, que son analyse du début du quinquennat était pertinente. Convaincu que la réduction des déficits passe avant tout, selon lui, par une baisse des dépenses, M. Fillon se disait dès septembre 2007 "à la tête d'un Etat en faillite".
UNE PIQUE AU PS
Depuis, le chef du gouvernement cultive cette ligne rigoriste, incarnant au sein de l'exécutif le garant d'une gestion rigoureuse des finances publiques, alors que le chef de l'Etat se pose de son côté en "président protecteur" cherchant un chemin médian entre rigueur et la poursuite des déficits.
En novembre 2007, Nicolas Sarkozy avait d'ailleurs assuré que la France n'était pas en faillite :
(Montage vidéo réalisé par Salam93)
(POUR VOIR LA VIDEO, APPUYER SUR "Ctrl" (clavier) ET CLIQUER SUR "Salam93" (ci-dessus)
"Le temps est venu d'ajuster les efforts de la France. Avec le président de la République, nous n'avons qu'un seul objectif, celui de protéger les Français contre les graves difficultés que rencontrent aujourd'hui plusieurs pays européens", a déclaré le premier ministre. "Notre pays ne doit pas être condamné un jour à mener une politique imposée par d'autres. Je veux dire aux Français que l'effort budgétaire et financier d'aujourd'hui est un choix que nous faisons pour la Nation et pour les générations à venir", a insisté le chef du gouvernement.
M. Fillon a également critiqué les socialistes, sans les nommer directement. "Pour réussir à revenir à l'équilibre des finances publiques en 2016, nous n'y arriverons pas seulement en faisant une augmentation des impôts, comme le propose l'opposition", a-t-il lancé.
"Ce n'est pas une rupture que nous proposons mais une accélération des réformes" mises en place depuis 2007, a-t-il ajouté. Le premier ministre a également affirmé que la crise actuelle n'est pas seulement imputable à la crise survenue en 2008, mais à trente années de laxisme dans la maîtrise des déficits publics.
Alexandre Lemarié