Comme les mairies UMP de Saint-Quentin, de Chartres, ou de Nice, la ville de Châteauroux (Indre), dont le sénateur-maire, Jean-François Mayet, est UMP lui aussi, a décidé de se débarrasser des syndicats qui occupent un immeuble municipal. Fort du feu vert de la justice, ce vendredi après-midi, elle a fait couper l’eau de leurs locaux.
FO, en centre ville, a également vu son électricité coupée. La CGT et la CFDT, dans la salle Louise-Michel, s’attendaient également à être plongées dans le noir dans la soirée. Anticipant une mise sous séquestre de leurs locaux, les syndicalistes s’employaient à mettre à l’abri, en dehors des locaux, les imprimantes, ordinateurs et drapeaux, pour éviter leur saisie.
774 000 euros d’arriérés de loyers
La bataille dure depuis 2003, raconte Manuel Félix, secrétaire départemental CGT pour l’éducation :
« Depuis la fin XIXe siècle, il y avait à Châteauroux une Bourse du travail. Et il a toujours été considéré comme normal que la collectivité accueille les syndicats, qui sont des organismes d’utilité publique. Mais ce maire n’a pas prolongé cette convention et une procédure judiciaire a été engagée. »
Les syndicats castelroussins (oui, on dit comme cela) CGT, CFDT et FO ont gagné devant la cour d’appel de Bourges puis perdu en cassation et devant celle d’Orléans, qui leur a enjoint de payer 774 000 euros d’arriérés de loyers.
Gilles Averous, directeur de cabinet du maire, nie toute coordination avec les autres maires UMP :
« Nous considérons que les Castelroussins n’ont pas vocation à payer, seuls, pour des syndicats à vocation départementale. Nous avons fait des propositions de compromis qui ont été rejetées. »
Appel à Michel Sapin, député de l’Indre
La mairie leur a proposé d’effectuer 130 000 euros de travaux dans la Maison Louise-Michel et de verser 26 000 euros par an, au titre des seules charges, une proposition qu’ils ont rejetée. Les syndicats n’ont pas non plus accepté de reprendre le local pour un euro symbolique.
Les huissiers sont donc entrés en scène jeudi. Mais les syndicats n’ont pas dit leur dernier mot, et espèrent maintenant une loi pour les protéger contre ce qu’ils dénoncent comme de basses manœuvres antisyndicales.
Ils en appellent particulièrement au ministre du Travail Michel Sapin, qui a par ailleurs été élu député de l’Indre, département dont le chef lieu est Châteauroux.