Concernant l’article de Lorraine Millot et Laureen Ortiz en date du lundi 27 Aout 2012 : « le riche avenir du mais toujours vert » :
Vous nous rapporter qu’au cœur du Nebraska aux USA, « le maïs apprend à pousser sans eau » par le bais des recherches de L’entreprise MONSANTO « qui teste ici plusieurs centaines de ses derniers hybrides de mais dont le drought-gard ou MON 87 460 qui est porteuse d’un gène qui l’aide à utiliser moins d’eau lorsqu’elle est en état de stress ».
Il est dommage que vous n’ayez pas compléter votre enquête en allant en Afrique du Sud rencontrer les paysans qui ont perdu durant l’hiver 2008/2009 une surface de 200 000 hectares plantés avec trois variétés transgéniques de maïs de MONSANTO , les plantes de maïs ayant poussé sans épis et n’ayant produit que des feuilles et des tiges.
Il est dommage que vous n’ayez pas compléter votre enquête en allant en Inde rencontrer certaines organisations paysannes qui ont également souffert des semences génétiquement modifiées. Elles qualifient ces mais transgéniques de MONSANTO de « Thermo-réactifs », ce qui veut dire qu’ils réagissent très mal vis-à-vis de la chaleur et ne produisent pas de grains.
Vous auriez pu alors rencontrer Vandana Shiva, Directrice de la « Fondation de la recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles » dont une des missions essentielles est de s’opposer au brevetage du vivant, à la bio-piraterie et à l'appropriation par les firmes agro-chimiques transnationales des ressources universelles, notamment les semences.
Elle vous aurait alors appris que les paysans ont crée au fil des millénaires des dizaines de milliers de variétés adaptées à « tous les changements climatiques » car les paysans n’ont pas attendu les multinationales pour utiliser des variétés résilientes. Prenons l’exemple du mais : c’était une plante C4, naturellement adaptée à la sécheresse, que les indiens Hopis semaient dans les déserts du sud-ouest des Etats-Unis et parfois même à 30/40 cm de profondeur dans le sable. Au lieu de proposer ces variétés résistantes, les multinationales des semences ont obligé les agriculteurs à acheter dès les années 60 des variétés de mais qui nécessitent 1500 litres d’eau pour produire 1 kg de grains secs. Et maintenant ces même multinationales veulent boucler la boucle en proposant des variétés génétiquement manipulées et brevetées pour résister à la sécheresse, tout en ayant confisqué les variétés traditionnelles et en plaçant des brevets dessus.
Vandana Shiva a récemment créer une liste de plusieurs centaines de variétés ou espèces traditionnelles résilientes de l’Inde qui viennent d’être brevetées par les multinationales qui ont ainsi fait acte de bio-piraterie.
Vandana Shiva vous aurait raconté comment ils se sont battus pendant 11 ans contre les brevets que le gouvernement américain et des entreprises américaines voulaient déposer sur le « neem », un des arbres dont sa grand-mère déjà connaissait les propriétés insecticides.
Elle vous aurait aussi raconté comment actuellement ils se battent pour « sauver » leur riz basmati de cette emprise. Plus de 1500 brevets ont déjà été déposés sur des espèces agricoles par les multinationales pour leurs « gènes de résistance au climat ».
Et elle vous aurait rappeler que depuis l'introduction du coton BT en Inde, 200 000 paysans indiens se sont suicidés en dix ans à cause de l'endettement incontournable pour acheter des semences transgéniques et pouvoir simplement planter.
Et vous auriez alors compris que ce que veulent les multinationales qui mettent en place ce système, c'est qu'il n'y ait plus aucune semence libre, c'est être propriétaires de toutes les semences disponibles pour obliger les paysans à les leur acheter. Et pour cela ils transforment les graines du vivant en les rendant stériles ou dégénérescentes ( voir scandales des semences F1) et rendent l’usage des semences traditionnelles illégal.
Vous semblez totalement ignorer que les multinationales de la semence intentent des procès aux agriculteurs américains mais aussi dans le monde entier et depuis peu en France ( cf. procès de l’association KOKOPELLI ) qui souhaitent semer les graines issues de leurs précédentes récoltes et contre tous ceux et toutes celles qui souhaitent préserver le droit de semer librement des semences potagères et céréalières, de variétés anciennes ou modernes, libres de droits et reproductibles.
Conclusion
Il me semble qu’il n’est plus possible d’écrire ce type de reportage ( ayant hélas ! toutes les caractéristiques d’un publi-reportage…) après la diffusion de films comme « le monde selon Monsanto » par Marie-Monique Robin qui nous explique les raisons et le déroulement d’une enquête qui met gravement en cause la multinationale hautement controversée, ou comme« Solutions Locales pour un désordre global » de Coline Serreau qui nous fait entendre les réflexions des paysans, des économistes qui inventent et expérimentent des alternatives à notre modèle de société embourbé dans des sols devenus morts et des eaux polluées par les pesticides déversés depuis 1960.
Nota : qui suis-je ?
Une citoyenne qui ayant décidé de cultiver un potager s’est rendue compte qu’elle ne trouvaient pas les variétés potagères qu’utilisait son père et qui a décidé un jour de mener l’enquête pour comprendre pourquoi.